"Io Posso", projet d'éducation © Vatican Media

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« La pandémie et le défi de l’éducation » au temps de la Covid

Document de l’Académie pontificale pour la Vie

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LA PANDÉMIE ET LE DÉFI DE L’ÉDUCATION

Enfants et adolescents au temps de la Covid19

Une «pandémie parallèle»

L’impact de la pandémie de Covid-19 sur la vie des mineurs – enfants et adolescents – rend nécessaire de se concentrer sur ce qui a été appelé une «pandémie parallèle»[1]. Bien que les manifestations cliniques soient limitées, partout dans le monde, le stress psycho-social produit sur les enfants et les jeunes par les circonstances de la pandémie a provoqué des malaises et des pathologies, avec des conséquences extrêmement diversifiées selon l’âge, les conditions sociales et environnementales.

Cette «pandémie parallèle», qui touche ces générations au moment où se développent en elles ces énergies qui sont destinées à alimenter leur imaginaire à l’égard de l’avenir, ne manquera pas d’avoir un effet profond sur la psychologie des enfants, et notamment des adolescents. La désorientation qui en suit ne peut manquer d’attirer l’attention des adultes. Nous observons que cette question, bien qu’évoquée à maintes reprises, semble encore loin d’être formulée comme un thème central de leur développement. Les caractéristiques les plus pressantes du débat actuel ne suggèrent pas une détermination suffisante pour assumer cette responsabilité. Les enfants et les jeunes, dans la limite de leurs possibilités, laissent pressentir – malgré tout – une grande attente et une confiance implicite dans notre capacité, en tant qu’adultes, à interpréter l’impasse actuelle avec la résilience et la créativité nécessaires pour en tirer les leçons. Toutes nos habitudes de vie ne doivent pas nécessairement «redevenir ce qu’elles étaient auparavant». Afin que les bonnes habitudes puissent reprendre, il faut certainement «en finir» avec celles qui nous ont rendus trop insouciants à l’égard du bien commun et de la vulnérabilité individuelle.

Par cette Note, l’Académie Pontificale pour la Vie, dans son exercice concret de protection et de promotion de la vie, souhaite mettre à profit ce qui a été vécu ces derniers mois, en reconnaissant les ressources positives qui ont émergé durant cette période de pandémie et en mettant en évidence certains domaines particulièrement fragiles et problématiques, afin d’affronter l’avenir proche avec l’espérance qui revient aux jeunes générations.

1. Les ressources des enfants et des adolescents au temps de la Covid

Les enfants et les jeunes, précisément en cette période sans précédent, si intrusive et traumatisante même pour les adultes, font preuve d’une grande capacité à être sensibilisés et impliqués dans la compréhension et l’interprétation de la pandémie et de ses effets. Chez les enfants les plus jeunes, au moment même où une plus grande compréhension de la réalité se développe, la sensibilité aux questions et aux réponses concernant la douleur, la maladie et le traitement augmente. Cette sensibilité est une première étape importante dans le développement d’une conscience morale. On ne peut pas supposer que les enfants, même très jeunes, n’ont pas le sens de l’empathie et la capacité de comprendre la douleur des autres : ils la perçoivent comme une expérience moralement pertinente. Il s’agit d’une qualité humaine qui émerge toujours et nous surprend toujours. En effet, bien que dépourvue d’expérience et de réflexivité adéquates, la conscience est vivante depuis le début. Dès les premières années de notre vie, nous avons donc une intuition profonde du poids du bien et du mal comme thème incontournable du sens de la vie. Aussi mystérieuse soit-elle – et souvent même énigmatique – cette sensibilité à la qualité morale de la vie nous enveloppe entièrement dès notre enfance. Face à la mort, les plus jeunes enfants sont capables d’exprimer une intuition surprenante de sa dimension de passage mystérieux et de proximité ininterrompue. L’idée même de Dieu renvoie spontanément à une confiance ultime, attentive et sensible. Une intuition originelle de l’Amour, une reconnaissance confiante du Père[2], dont les enfants sont également capables.

Au cours de ces mois tragiques, nous avons pu voir la résilience[3] qui caractérise les jeunes générations, car elles ont continué à se projeter dans l’avenir malgré des événements déstabilisants, des conditions difficiles et parfois même de graves traumatismes. Elles ont su déployer une résistance aux événements graves de la vie en réagissant à travers leurs ressources intérieures et un soutien extérieur. Les enfants et les adolescents sont capables de résilience : la détresse psychologique et les réactions résilientes peuvent également coexister chez les enfants et les adolescents. C’est pourquoi il ne faut pas les laisser seuls : il est nécessaire d’activer des parcours de réélaboration du traumatisme, en reconnaissant un sens et une signification à cette expérience humaine partagée, qui a été rendue difficile en raison d’événements traumatiques collectifs. L’exercice d’un dialogue empathique et d’une élaboration narrative adéquats sont des aides indispensables à l’attention et à la participation : tant dans les formes de coopération familiale qu’entre les parents et les communautés locales. Ainsi que dans la diffusion et la distribution plus vaste de dialogue et de rencontres qui donnent un sens, une direction et une orientation aux expériences vécues.

Ce moment de réélaboration est également l’occasion de communiquer aux mineurs qu’il faut avoir confiance dans la science. Face à des maladies comme la Covid19, l’intelligence humaine trouve des réponses, selon les statuts propres à la recherche scientifique. Les jeunes générations, élevées dans un monde hautement technologisé et scientifiquement expliqué, peuvent être aidées à reconnaître dans la science un processus d’échecs et de victoires à travers lequel il est possible de s’approcher des solutions. En même temps, à l’heure où émerge un dangereux négationnisme de la valeur de la recherche scientifique, la pandémie se présente comme une grande opportunité pour réaffirmer la valeur et la hauteur de l’être humain et du don de ses capacités intellectuelles. La réalisation des vaccins efficaces a également été le résultat du partage de compétences scientifiques transnationales et d’importantes ressources financières, aussi bien publiques que privées, afin que soit assurée la gratuité de la vaccination. Il s’agit là d’éléments typiques du monde globalisé, que nous avons la responsabilité de présenter comme des mérites et des opportunités.

2. Quatre défis sérieux et urgents

La poursuite de la pandémie au niveau mondial exige, dans un avenir proche, une prise de responsabilité claire et partagée vis-à-vis des jeunes générations. Voici quatre domaines dans lesquels une attention particulière est nécessaire.

2.1 Ouvrir le plus possible les écoles

La communauté scientifique a pris la décision de fermer les écoles, de manières différentes et à différents moments dans le monde, en motivant cette décision par la nécessité d’éviter la propagation de la contagion au sein des communautés. L’expérience des épidémies précédentes a montré l’efficacité de cette mesure afin de contrôler l’infection et aplanir la courbe de la contagion. En revanche, on ne peut manquer de souligner la gravité d’une telle mesure, qui ne doit à l’avenir être considérée que comme un dernier recours à adopter dans des cas extrêmes et seulement après avoir expérimenté d’autres mesures de contrôle de l’épidémie, telles qu’une disposition différente des locaux, des moyens de transport et de l’organisation de la vie scolaire dans son ensemble, ainsi que de son emploi du temps.

En effet, là où les mesures d’endiguement ont contraint les élèves à la pratique habituelle – et souvent titubante – de l’enseignement en distanciel, l’appauvrissement de l’apprentissage intellectuel et la privation de relations formatrices sont devenus une évidence partagée. Certes, ce constat ne nous empêche pas d’apprécier l’utilisation des moyens technologiques dont nous disposons, afin de ne pas perdre tout simplement l’enseignement et le contact. Nous devons être, en effet, reconnaissants pour les ressources du Net et espérer qu’elles seront ainsi renforcées dans certaines régions du monde où l’utilisation des connexions virtuelles est encore trop faible. Mais il est parfaitement clair que ces dernières ne sont pas suffisantes. Il ne faut pas non plus exclure la possibilité qu’un tel dénuement extrême ait pu stimuler une résilience plus créative et ingénieuse : dans de nombreux pays, aujourd’hui encore, la limitation drastique des possibilités d’éducation est contrebalancée par l’obstination émouvante de très jeunes élèves qui font des kilomètres à pied pour se rendre à l’école, et celle d’enseignants itinérants qui atteignent de petits groupes d’élèves dans leurs villages à travers les moyens les plus disparates.

Ce qui est cependant évident pour les éducateurs, les cliniciens, les parents et les personnels de la santé, c’est l’accumulation de frustrations et d’une certaine désorientation, surtout chez les adolescents, qui a été particulièrement aggravée par des contextes antérieurs de pauvreté et de détresse sociale. Le manque d’interaction multidimensionnelle dans la relation éducative et sociale a un impact négatif sur le sentiment que nous avons de la qualité de notre vie, sur les motivations liées à la formation de la personne et sur la prise en charge de la responsabilité sociale. Nous ne pouvons manquer de souligner que la fréquentation quotidienne de l’école n’est pas seulement un outil éducatif. Pour tous, mais surtout à l’âge de l’adolescence, il s’agit également d’une «école de la vie», de relations, d’amitiés et d’éducation émotionnelle. La fermeture des écoles a également interrompu les relations sociales, voire elle les a gravement mutilées.

Il est important de souligner un certain nombre de conséquences négatives qui suscitent encore aujourd’hui de vives inquiétudes :

1) Dans les pays au sud de notre planète, le taux d’abandon scolaire dû à la fermeture des écoles a augmenté de façon alarmante. Selon les dernières estimations, au moins 10 millions d’enfants dans le monde ne feront jamais retour à l’école[4]. Beaucoup d’entre eux sont rattrapés par les problèmes sociaux qui les obligent à travailler et à être ainsi exploités.

2) Le risque d’une régression majeure des compétences/réussites scolaires a augmenté. La fermeture des écoles a, en effet, limité l’accès à l’éducation et a accentué les inégalités à cet égard, en raison de la «fracture numérique»[5] liée aux pratiques d’apprentissage en distanciel, à la capacité réduite des parents à aider leurs enfants dans leurs devoirs à la maison et aux inégalités en termes de types de logement.

3) .L’apport calorique quotidien[6] s’est réduit pour tous ces enfants qui vivent dans des zones où le système scolaire prévoit également la fourniture d’un repas, ce qui avait ainsi permis jusqu’à présent de combler les différentes situations de handicap économique, qui ont par ailleurs subi une augmentation en raison de la crise économique générée par la pandémie. Et qui plus est, dans les pays développés, la fermeture des écoles s’est en outre associée à des styles de vie moins sains, en termes de régime alimentaire et d’activité physique réduite. Une prise de poids à court terme[7], même modeste, peut avoir des conséquences à long terme sur la santé (et notamment une incidence accrue du diabète et des maladies cardiovasculaires). L’arrêt des activités sportives a eu un impact négatif tant sur le plan physique que sur le plan mental et relationnel.

4) L’impact sur la santé psycho-physique, mentale et sociale des enfants et des adolescents, et sur l’interaction sociale générée par la fermeture des écoles a engendré des troubles anxieux, des dépressions et du stress[8]. En outre, la fermeture des centres sportifs et toutes les autres limitations imposées par la distanciation sociale ont entraîné une réduction de l’activité physique – recommandée par l’OMS à raison d’au moins 60 minutes par jour pour les 5-17 ans[9] – avec des conséquences en termes de prise de poids, mais également sur la santé mentale. Une réduction des activités à l’air libre pour les enfants est également associée à une carence en vitamine D, ainsi qu’à une aggravation de la myopie[10]. Par ailleurs, les statistiques démontrent que l’activité physique restreinte pendant la pandémie de COVID-19 a été plus importante chez les enfants dont les familles ont été confrontées à des difficultés économiques ou soumises à un stress psychologique accru[11].

5) La fermeture des écoles a amplifié la dépendance à internet, aux jeux vidéo et à la télévision (binge watching). La restriction dramatique des jeux en plein air a eu de graves conséquences. Des études neuroscientifiques[12] montrent que lorsque les expériences de jeu et d’exploration sont limitées, la surstimulation des zones exprimant la tristesse et la peur prévaut, ce qui a des effets négatifs sur le développement de l’enfant.

Face à cette situation dramatique, la diffusion vaste et universelle des vaccins et d’autres mesures préventives ne sera pas suffisante à ouvrir la voie, à elle seule. Reconstruire la richesse formative de l’interaction sociale et mentale, qui qualifie les communautés fondamentales d’initiation et d’apprentissage, est plutôt une question d’innovation culturelle que seulement de politiques économiques ou d’allocation de ressources.

C’est dans ce contexte que les enfants et les adolescents nous viennent en aide. La fermeture forcée des écoles a entraîné une nouvelle prise de conscience quant à l’importance de se rendre à l’école. La réouverture des écoles est perçue par les enfants et les adolescents comme un objectif à atteindre car ils en comprennent désormais la valeur, tant d’un point de vue éducatif que social. Ainsi, les bons résultats des campagnes de vaccination destinées aux jeunes et aux adolescents en sont la preuve. La technologie, qui est venue à la rescousse surtout dans les pays les plus développés et dans les villes, a mis en évidence l’importance d’une bonne et sage utilisation du Net, ainsi que des ressources qui peuvent s’y cacher : l’avenir du système scolaire peut bénéficier d’un échange plus profond de compétences et de connaissances, ce qui est possible grâce aux liens, aux leçons en ligne et au matériel partagé sur le Net, dont il a été fait grand usage au moment de la pandémie.

2.2 Prendre soin des relations familiales

L’allongement obligé de la vie passée en famille a été l’occasion de redécouvrir le temps partagé comme une opportunité : une période à valoriser et à remplir, à mettre à profit. La pandémie interpelle les parents et les familles dans leur rôle éducatif. Une proximité soudaine et marquée entre parents et enfants redonne à la famille la vision d’une responsabilité, à savoir celle d’imaginer avec fantaisie et créativité une présence renouvelée dans la vie de leurs enfants. Être parents ne signifie pas seulement envoyer ses enfants à l’école et veiller à ce qu’ils la fréquentent. La fermeture des écoles a remis au cœur des familles la vocation d’être parents et grands-parents. Les parents jouent un rôle essentiel pour soutenir les jeunes et les aider à surmonter les difficultés qu’ils rencontrent dans leur nouvelle situation. Cette période est l’occasion de revoir le contenu du défi éducatif en commençant par les familles.

En même temps, les études montrent comment la pandémie a révélé les limites de nombreuses expériences familiales et des contextes de vie et de logement dans lesquels elles s’inscrivent. La violence domestique directe ou passive (due également au stress économique qui pèse sur les familles) a augmenté de 40 à 50% dans certains pays. Selon les données de certains gouvernements, les demandes d’aide ont augmenté de 20 % rien que dans les premiers jours du confinement[13]. Des signes inquiétants de troubles du comportement sont apparus dans le monde entier. Le stress accru des parents après une période de confinement prolongée a un impact direct sur le bien-être mental des enfants. Il est impensable d’affronter les mois à venir sans un soutien adéquat (au niveau social, culturel, urbain et économique) pour les familles, qui seront encore appelées à supporter encore bien des conséquences de l’urgence pandémique[14].

2.3 Éduquer à la fraternité universelle

Depuis le début des années 2020, le monde entier s’est sensibilisé sur un problème historique de portée universelle. Cette dimension représente également un défi éducatif. La tendance à restreindre la formation culturelle à des horizons scolaires trop provinciaux et nationaux risque d’éliminer les dimensions plus larges et internationales. L’histoire de la Covid-19 se présente au monde des éducateurs comme une opportunité précieuse. Illustrer l’origine, les effets et les conséquences de la pandémie implique de repenser les outils pédagogiques utilisés afin d’aider les enfants à découvrir et à habiter le monde, pour qu’ils ne se sentent pas étrangers et le comprennent. Ainsi s’ouvre le véritable défi à une nouvelle éducation à la globalité et à la fraternité universelle. Nous sommes «connectés» non seulement et pas tellement parce qu’Internet existe, mais parce que nous sommes tous habitants de cette même «maison commune». Le Pape François écrit, en effet, dans Laudato Si‘ (n° 92) : «Nous ne pouvons pas considérer que nous aimons beaucoup si nous excluons de nos intérêts une partie de la réalité : « Paix, justice et sauvegarde de la création sont trois thèmes absolument liés, qui ne pourront pas être mis à part pour être traités séparément sous peine de tomber de nouveau dans le réductionnisme ». Tout est lié, et, comme êtres humains, nous sommes tous unis comme des frères et des sœurs dans un merveilleux pèlerinage, entrelacés par l’amour que Dieu porte à chacune de ses créatures et qui nous unit aussi ». Nous sommes au cœur théologique du véritable témoignage de la fraternité chrétienne, qui s’exprime dans le récit d’un Dieu qui est ami de l’homme et qui appelle tous les êtres humains «amis» (Jn 15,15).

Il est nécessaire d’apprendre aux jeunes générations à ne pas fuir les perspectives de la mondialisation, les acquis de la science, le défi écologique, la perspective économique et sociale avec ses inégalités, le rôle des médias sociaux et de la technologie. Nous ne pourrons plus, et ne devrons plus, nous contenter de nous plaindre que nos enfants sont repliés sur eux-mêmes et dans des limites culturelles étroites, déconnectés du monde et de ses problèmes ; avec la pandémie, le monde entier est entré dans chaque foyer : celui des pays riches et âgés, comme celui des pays plus jeunes mais encore en développement. Il appartient au monde des éducateurs de traduire tout cela et d’en tirer le meilleur parti afin que les nouvelles générations ouvrent les yeux et prennent une plus grande conscience du monde et de leur responsabilité en tant que citoyens et croyants.

2.4 Transmettre la foi dans le Dieu de la vie

Nous ne pouvons pas nier qu’à côté des nombreux exemples vertueux de créativité et d’imagination pastorale renouvelée, pour trop de réalités ecclésiales, la pandémie s’est avérée être une source sérieuse de stress qui a généré, non rarement et avec quelques raisons, une suspension des activités éducatives habituellement proposées par les communautés chrétiennes aux enfants et aux jeunes. Pour l’avenir proche, cette expérience appelle à repenser de manière nécessaire et urgente le soin pastoral des jeunes générations.

La pandémie elle-même, en tant qu’événement complexe, ne peut qu’être considérée comme une occasion d’approfondir et de se concentrer sur des questions d’une énorme importance pour l’éducation à la foi. La Covid-19 offre l’opportunité de proposer aux plus jeunes des thèmes qui ont peut-être été trop mis de côté dans la pastorale ordinaire du temps sans pandémie : d’où vient le mal ? Où est Dieu dans cette période d’épidémie ? Quelle est la relation saine et équilibrée que l’Église propose entre la science et la foi ? Quelles sont les pages des Écritures qui éclairent ce temps ? Quels mots face à la maladie et quels gestes pour accompagner les malades ? Ce sont là quelques-unes des questions dont les réponses, recherchées et trouvées avec les jeunes, d’une manière appropriée et respectueuse de leurs différents âges, constitueront sans aucun doute une source et une occasion de croître dans la foi.

En outre, en nous forçant à rester davantage chez nous, la pandémie a, d’une certaine manière, proposé à nouveau la maison et la famille comme «espace sapientiel» pour une assimilation et une participation de la foi, où l’on peut trouver des gestes et des mots qui soutiennent, stimulent et répondent aux questions profondes de nos enfants. Dans ce but, il est urgent de travailler afin qu’au sein de la communauté chrétienne, les familles soient considérées comme des «nœuds de réseau» des parcours de formation et d’accompagnement : avec la valeur ajoutée d’une meilleure évidence du lien entre la vie familiale et la vie communautaire par rapport à celui de la famille individuelle avec l’institution paroissiale. De cette façon, nous commencerons à guérir et à combler une distance excessive entre la vie de la communauté et la vie au sein du foyer, qui – même si nous mettons de côté toute urgence – continue de les appauvrir toutes deux, et ce depuis un certain temps. C’est ce que le Pape François déclare lui-même, en allant dans cette direction, lorsqu’il écrit dans Amoris Laetitia (n° 279) : «Pour rendre effectif ce prolongement de la paternité à un niveau plus vaste, «les communautés chrétiennes sont appelées à offrir leur soutien à la mission éducative des familles», surtout à travers la catéchèse de l’initiation. Afin de favoriser une éducation intégrale, il nous faut «raviver l’alliance entre la famille et la communauté chrétienne».

Conclusion

Les racines de la préoccupation éducative de l’Église pour ses plus jeunes enfants se trouvent dans les pages de l’Évangile elles-mêmes.

«On lui amena des petits enfants, afin qu’il les touchât. Mais les disciples reprirent ceux qui les amenaient. Jésus, voyant cela, fut indigné, et leur dit : Laissez venir à moi les petits enfants, et ne les en empêchez pas ; car le royaume de Dieu est pour ceux qui leur ressemblent. Je vous le dis en vérité, quiconque ne recevra pas le royaume de Dieu comme un petit enfant n’y entrera point. Puis il les prit dans ses bras, et les bénit, en leur imposant les mains» (Évangile selon saint Marc, chap. 10, 13-16).

Les disciples n’ont pas facilité l’approche des enfants à Jésus, qui les a réprimandés. La société est parfois plus une marâtre qu’une mère : elle laisse les enfants seuls et sans réponses, et celles qu’elle offre sont souvent dangereuses et nuisibles.

L’Église catholique, partant de l’expérience de la pandémie, souligne l’urgence d’éliminer les lourds obstacles qui empêchent, dans le monde, les enfants et les adolescents de s’intégrer dans la société de manière saine et positive, et que toutes les conditions soient créées afin que cela se vérifie. Les jeunes doivent fréquenter l’école. Laissons les enfants aller à l’école!Tel est l’appel renouvelé qui est né à la suite de la pandémie. Que l’école soit un environnement sain, où l’on apprend la connaissance et la science du vivre ensemble et des relations! Que les plus jeunes aient de bons professeurs, attentifs aux talents de chacun et capables de patience et d’écoute!

Il est également nécessaire de ressentir dans nos cœurs, ainsi que dans notre action pastorale, un fort désir d’amener les plus jeunes à Jésus et de les éduquer à son école. Laissons les enfants apprendre à connaître Jésus, le médecin des âmes et des corps, laissons-les aller à Lui avec leurs questions, leur capacité de résilience et leur propre chemin de foi. La pandémie a rappelé à tous la nécessité de répondre aux questions sincères et profondes des enfants à l’égard d’un mal soudain et collectif. Inclure les réponses à ces questions dans les programmes d’initiation à la foi est une opportunité à ne pas manquer. L’épidémie de Covid-19 est un phénomène mondial qui pose le nouveau défi d’ouvrir nos esprits et nos cœurs à une dimension universelle et vaste. Le Pape François nous l’a rappelé, dans son Message du 15 Octobre 2020, à l’occasion du Global Compact on Education (Pacte mondial pour l’éducation) : «Nous sommes aussi conscients qu’un chemin de vie a besoin d’une espérance fondée sur la solidarité, et que tout changement nécessite un parcours éducatif pour construire de nouveaux paradigmes capables de répondre aux défis et aux urgences du monde contemporain, de comprendre et de trouver les solutions aux exigences de chaque génération et de faire fleurir l’humanité d’aujourd’hui et de demain » .

Cité du Vatican, 22 Décembre 2021

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[1] M C. Cardenas, S. S. Bustos, R Chakraborty, A ‘parallel pandemic’ : The psychosocial burden of COVID-19 in children and adolescents. Acta Paediatr. 2020 Nov ; 109(11) : 2187-2188.

[2] R. Coles, The Spiritual Life of Children, 1990.

[3] E.S. Rome, P.B. Dinardo, V.E. Issac, Promoting resiliency in adolescents during a pandemic: A guide for clinicians and parents. Cleve Clin J Med 2020 Oct 1 ; 87 (10) : 613-618.

[4] J. A. Hoffman, E A Miller. Addressing the Consequences of School Closure Due to COVID-19 on Children’s Physical and Mental Well-Being. World Med Health Policy 2020 Aug 20 ; 10.

[5] S. Tang, M. Xiang, T. Cheung, YT. Xiang. Mental health and its correlates among children and adolescents during COVID-19 school closure : The importance of parent-child discussion. J Affect Disord 2021 Jan 15 ; 279 : 353-360.

[6] A R Masonbrink, E Hurley. Advocating for Children During the COVID-19 School Closures. Pediatrics 2020 Sep ; 146(3) : e20201440.

[7] M. Ab Khan, J. Moverley Smith, «Covibesity», a new pandemic. Obes Med 2020 Sep ; 19 : 100282.

[8] S. Tang, M. Xiang, T. Cheung, YT. Xiang. Mental health and its correlates among children and adolescents during COVID-19 school closure : The importance of parent-child discussion. J Affect Disord 2021 Jan 15 ; 279 :3 53-360.

[9] https://www.who.int/news-room/fact-sheets/detail/physical-activity (dernier accès : 6 Septembre 2021).

[10] E. Shneor, R. Doron, J. Levine, et al, Objective Behavioral Measures in Children before, during, and after the COVID-19 Lockdown in Israel. Int J Environ Res Public Health. 2021 Aug ; 18(16) : 8732.

[11] L. C. Mâsse, Y. Edache, M. Pitblado. The Impact of Financial and Psychological Wellbeing on Children’s Physical Activity and Screen-Based Activities during the COVID-19 Pandemic. Int J Environ Res Public Health. 2021 Aug ; 18(16) : 8694.

[12] M. Poletti, A Raballo. Letter to the editor : Evidence on school closure and children’s social contact : useful for coronavirus disease (COVID-19) ? Euro Surveill 2020 Apr ; 25(17) : 2000758.

[13] M. C. Cardenas, S. S. Bustos, R. Chakraborty, A ‘parallel pandemic’ : The psychosocial burden of COVID-19 in children and adolescents. Acta Paediatr. 2020 Nov ; 109(11) : 2187-2188.

[14] D. Marchetti, L. Fontanesi, C. Mazza et autres, Parenting-Related Exhaustion During the Italian COVID-19 Lockdown. J. Pediatr. Psychol 2020 Nov 1 ; 45(10) : 1114-1123.

[01838-FR.01] [Texte original: Italien]
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