Athènes, 4 déc. 2021 © Vatican Media

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« Je vois deux dangers pour la démocratie aujourd’hui, dont le populisme »

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« La démocratie est un trésor, un trésor de civilisation »

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« Je vois deux dangers pour la démocratie aujourd’hui », dont le « populisme », et la « perte des valeurs », déclare le pape François de son éloge de la démocratie dans son discours d’Athènes, et en répondant à une question de Kathimerini (Iliana Magra), lors de sa conférence de presse dans l’avion de retour entre Athènes et Rome, ce lundi 6 décembre 2021. Pour le pape, « la démocratie est un trésor, un trésor de civilisation » et elle doit être « préservée ».

Iliana Magra demandait: « Saint Père, merci pour votre visite en Grèce. Vous avez parlé, dans le palais présidentiel d’Athènes, du fait que la démocratie recule, notamment en Europe. Que diriez-vous à ces dirigeants qui professent être de fervents chrétiens mais qui, en même temps, promeuvent des valeurs et des politiques antidémocratiques? »

Le pape François répond: « La démocratie est un trésor, un trésor de civilisation, et elle doit être préservée, elle doit être gardée. Et non seulement gardée par une entité supérieure, mais gardée par les pays eux-mêmes.

« Je vois deux dangers pour la démocratie aujourd’hui: l’un est celui du populisme, qui est ici et là, et qui commence à sortir ses griffes. Je pense à un grand populisme du siècle dernier, le nazisme, qui était un populisme qui, en défendant les valeurs nationales, comme il le disait, a réussi à annihiler la vie démocratique, voire la vie elle-même avec la mort des gens, en devenant une dictature sanglante.

« Aujourd’hui je dirai, parce que vous avez posé la question des gouvernements de droite, faisons attention à ce que les gouvernements, je ne dis pas de droite ou de gauche, je dis autre chose, faisons attention à ce que les gouvernements ne glissent pas sur cette voie du populisme, des soi-disant « populismes » politiques, qui n’ont rien à voir avec le popularisme, qui est la libre expression des peuples, qui se montrent avec leur identité, leur folklore, leurs valeurs, leur art…. Le populisme est une chose, le popularisme en est une autre.

« D’autre part, la démocratie est affaiblie, elle entre dans une voie où elle s’affaiblit lentement lorsque les valeurs nationales sont sacrifiées, sont diluées vers, disons un mot laid, mais je n’en trouve pas d’autre, vers un « empire », une sorte de gouvernement supranational, et c’est quelque chose qui devrait nous faire réfléchir.

« Nous ne devons pas non plus tomber dans le populisme, où le peuple – nous disons le peuple, mais ce n’est pas le peuple, mais une dictature de « nous et pas les autres » (je pense au nazisme), ni tomber dans la dilution de nos identités dans un gouvernement international.

« À ce sujet, il y a un roman écrit en 1903 (vous allez dire «comme ce Pape est démodé en littérature»!) par Benson, un écrivain anglais, Le Maître du monde, qui rêve d’un futur dans lequel un gouvernement international, avec des mesures économiques et politiques, gouverne tous les autres pays. Quand on a ce genre de gouvernement, explique-t-il, on perd la liberté et on essaie d’atteindre l’égalité entre tous. Cela arrive quand il y a une superpuissance qui dicte un comportement économique, culturel et social aux autres pays.

« L’affaiblissement de la démocratie est causé par le danger des populismes, qui ne sont pas des popularismes, et par le danger de ces références aux puissances économiques et culturelles internationales. Mais je ne suis pas un politicien: je parle avec ce qui me vient à l’esprit. »

© Traduction de Vatican News

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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