Le grand rabbin Arie Zeev Raskin (Larnaca, Chypre) © Vatican Media

Le grand rabbin Arie Zeev Raskin (Larnaca, Chypre) © Vatican Media

Fête juive de Hanouka: le grand rabbin de Chypre offre au pape une « hanoukia »

Arie Zeev Raskin rencontre le pape François à Nicosie

Share this Entry
A Nicosie une délégation juive conduite par le grand rabbin de Chypre Arie Zeev Raskin, a offert au Pape François un chandelier à 9 branches, la Hanoukia, utilisée les 8 jours de Hanouka, la fête de la lumière (28 nov.-6 déc. 2021), ce vendredi 3 décembre 2021, à la nonciature apostolique, après la messe au stade de Nicosie.
La communauté juive de la République de Chypre, regroupe quelque 3 500 personnes et elle est animée par le Centre communautaire juif de Chypre de Larnaca. Il sert également de siège au réseau Chabad-Loubavitch de l’île. Il y a aussi des  synagogues à Nicosie, Paphos, Limassol and Ayia Napa.
« On n’est pas de taille à combattre les ténèbres, mais on peut chaque jour allumer une petite lumière », explique un rabbin à propos de la fête de Hanouka. En effet, chaque jour de Hanouka on allume une nouvelle bougie sur une nouvelle branche du chandelier.
C’est une fête très ouverte parfois appelée « fête de la confiance en Dieu« , parce qu’elle exprime « la victoire de la Lumière de la Torah qui brillera envers et contre tout ». Sous Jean-Paul II, elle avait été célébrée dans les Jardins du Vatican.
Le rabbin Arie Zeev Raskin (Larnaca, Chypre) © Vatican Media

Le grand rabbin Arie Zeev Raskin (Larnaca, Chypre) © Vatican Media

Selon le regretté p. Michel Remaud, la fête de Hanoukka (Hanoucca ou Hanouka) commémore la purification et la dédicace (Hanoukka en hébreu) du temple de Jérusalem et de son autel en décembre de l’an 164 avant notre ère. Elle est célébrée pendant huit jours à partir du 25 du mois de Kislev.Les livres des Maccabées racontent comment le roi de Syrie Antiochus IV Épiphane avait interdit le culte juif, ce qui avait provoqué une révolte conduite par Judas Maccabée et ses frères, et profané le temple de Jérusalem pour le dédier à Zeus olympien. La dédicace et l’institution de la fête nous sont racontées par quatre sources : les deux livres des Maccabées, l’historien Flavius Josèphe et le Talmud.

Le Talmud, quant à lui, rapporte une histoire peut-être légendaire, mais qui est le fondement du rituel propre à la fête : « Quand les idolâtres étaient entrés dans le temple, ils avaient profané toute l’huile. Il ne restait plus qu’une jarre d’huile portant le sceau du grand-prêtre (…). La quantité d’huile qui s’y trouvait n’était suffisante que pour l’allumage d’une seule journée. Un miracle se produisit : cette huile dura en fait pendant huit jours. »

Aujourd’hui, l’essentiel du rituel consiste dans l’allumage des lumières de Hanoukka, bougies ou lampes à huile. On en allume une le premier soir, deux le second et ainsi de suite jusqu’à huit. La pratique suit ainsi l’école de Hillel, alors que, selon l’école de Shammaï, l’autre grand maître contemporain du début de l’ère chrétienne, on devait en allumer huit le premier soir, sept le second et ainsi de suite jusqu’à une. La justification de cet usage, qui n’a pas été retenu par la tradition, vaut d’être signalée : le nombre des lumières devait aller en décroissant comme le nombre des sacrifices pendant la fête de Souccot, ce qui confirme que cette fête est bien inspirée de la fête des tentes.

Selon les livres des Maccabées, il avait été décidé que la fête serait célébrée chaque année « avec joie et gaîté » pendant huit jours. Le second livre des Maccabées ajoute deux précisions importantes : la durée de la fête est calquée sur celle de la dédicace du premier temple par Salomon ; cette fête de huit jours devait aussi compenser celle de Souccot, qui n’avait pas pu être célébrée deux mois plus tôt en raison de la persécution. C’est probablement ce qui explique l’insistance du livre des Maccabées sur la joie qui doit accompagner la fête de Hanoukka ; la joie, en effet, est une des caractéristiques de la fête de Souccot.

La lampe de Hanoukka, la hanoukiyya, doit être placée dans chaque maison dans un endroit visible de l’extérieur, près d’une fenêtre, ou même à l’extérieur de la maison, si elle est protégée du vent. Depuis le Moyen-Age, l’art juif a produit une variété considérable de ces lampes. La hanoukiyya doit comporter le support de neuf lumières, la neuvième, le shamash, devant servir à allumer les autres. On ne doit pas utiliser la hanoukiyya pour s’éclairer : elle doit donner sa lumière de façon purement gratuite et non utilitaire. La fête est appelée aussi fête des lumières : peut-être moins à cause des lampes qu’en souvenir des illuminations qui éclairaient jadis Jérusalem pendant la fête des tentes (Souccot), et qui ont pu être transposées à Hanoukka.

La fête de Hanoukka ne rappelle que de façon allusive les prouesses militaires des Maccabées, sans doute à cause du souvenir ambigu que ces derniers ont laissé dans la tradition d’Israël : les frères de Judas Maccabée et leurs descendants fondèrent en effet une dynastie, celle des Asmonéens, qui fut considérée comme doublement illégitime par le parti pharisien, puisque cumulant les fonctions de grand-prêtre et la royauté — alors que ses représentants n’appartenaient pas à la lignée de David ni à celle de l’héritier légitime du souverain pontificat. En outre, les Asmonéeens firent alliance avec les Romains. C’est d’ailleurs pour arbitrer un conflit entre les derniers Asmonéens que les légions romaines, sous le commandement de Pompée, pénétrèrent en terre d’Israël, pour n’en plus repartir. Lorsque la liturgie de ce jour célèbre « les miracles qu’Il a faits pour nos pères, en ces jours et en ce temps-là », il s’agit essentiellement du miracle de l’huile qui a brûlé pendant les huit jours de la dédicace.

On trouve une allusion à la fête de Hanoukka dans l’Évangile de Jean, dont la chronologie se réfère au cycle liturgique juif : « On célébrait alors à Jérusalem la fête de la dédicace. C’était l’hiver. » (Jn 10,22). Le passage précédent prenait comme point de repère « le dernier jour de la fête » de Souccot (7,37), célébrée deux mois plus tôt, et la suite du récit commence à compter les jours en référence à la fête de la Pâque, vers laquelle tend tout le récit évangélique.

Share this Entry

Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

FAIRE UN DON

Si cet article vous a plu, vous pouvez soutenir ZENIT grâce à un don ponctuel