Couronne de l'Avent, Audience du 2 déc. 2020 ©Vatican Media

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« Vivre l’Avent », par Mgr Francesco Follo

« Attente d’une rencontre et mémoire d’un fait »

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Mgr Francesco Follo invite à « vivre l’Avent comme attente d’une rencontre et mémoire d’un fait », dans ce commentaire des lectures de la messe de dimanche prochain, 28 novembre 2021, premier dimanche de l’Avent, temps liturgique de préparation à Noël.

L’Observateur permanent du Saint-Siège à l’UNESCO, à Paris, propose aussi comme lecture spirituelle un passage d’un sermon de saint Bernard de Clairvaux sur l’Avent.

AB

L’Avent : mémoire, rencontre et attente d’une visite.

 

1) Mémoire, rencontre et attente.

Avec le premier dimanche de l’Avent, l’Église commence une nouvelle année liturgique, c’est-à-dire une année au cours de laquelle elle commémorera la vie, la mort et la résurrection du Seigneur Jésus. Ce ne sera pas seulement un rappel des événements passés.

En célébrant la divine Eucharistie, nous pouvons puiser dans ces mystères du salut ce dont nous avons besoin pour vivre en ce monde sans nous perdre, sur le chemin où nous sommes vers la vie divine éternelle.

Les trois dimensions essentielles de notre existence qui s’étend dans le temps sont celles-ci : le passé, le présent, le futur. Et l’année liturgique de l’Église nous éduque précisément à vivre les trois intégralement, sans nous identifier complètement à aucune d’elles.

En effet, l’année liturgique est mémoire de ce que le Seigneur Jésus a fait pour notre salut ; c’est une rencontre avec sa Personne présente aujourd’hui parmi nous ; elle attend sa venue à la fin de notre vie et à la fin de l’histoire.

Mémoire, rencontre, attente : telles sont les expériences fondamentales que nous vivrons avant tout en ces semaines de l’Avent et qui nous permettent de « racheter le temps ». Sans détruire notre vie en lui ou avec la nostalgie d’un passé irrécupérable ou avec l’identification au présent et à l’instant toujours éphémère ou au rêve d’un avenir inaccessible. Jésus nous rachète à temps, puisqu’il est Celui qui était, qui est et qui vient : il est le même hier, aujourd’hui et toujours.

Donc, le temps de l’Avent est voulu par l’Eglise pour nous préparer à célébrer l’incarnation du Verbe de Dieu. C’est le temps de l’attente, qui dure peu de temps -4 semaines dans le rite romain et 6 dans le rite ambrosien- et qui se conclut par la joie de Noël, jour qui célèbre la naissance de Jésus par le chant des anges : « Gloire au ciel et paix aux hommes que Dieu aime » et par la joie des justes (cf. Antienne au Magnificat – II vêpres de Noël)

L’Avent est le temps qui prépare la naissance de Jésus, c’est le temps de la Sainte Vierge dans l’attente de l’accouchement. Pour nous, ce sera un temps pour éduquer notre cœur à une attente réelle, quotidienne, constante dans la tension de Celui qui s’est fait homme pour nous et a sauvé notre vie. Mais nous n’attendons pas seulement la naissance de Jésus, nous attendons également  son retour définitif.

C’est pour cette raison que ce premier dimanche de l’Avent nous projette vers la deuxième venue du Christ, lorsqu’il viendra dans la gloire. Dans le fond, c’est cela l’avent qui est le plus important, celui auquel nous devons tous nous  préparer.

C’est pour cela que, dans l’Evangile du premier dimanche de l’Avent, Jésus nous dit de ne pas oublier le cœur, de ne pas l’alourdir de peurs et  de désillusions : « Tenez-vous sur vos gardes, de crainte que votre cœur ne s’alourdisse dans les beuveries,  l’ivresse et les soucis de la vie, et que ce jour-là ne tombe sur vous à  l’improviste » (Lc 21,34) donc « Restez  éveillés et priez  tout le temps : ainsi vous aurez la force d’ échapper à tout ce qui doit arriver, et de vous tenir debout devant le Fils de l’homme » (Lc 21,36).

En effet,  il n’est pas suffisant  de parler de l’Avent uniquement comme  d’une période d’attente de Noël, parce que ce temps liturgique nous est également proposé afin de comparaitre devant le Christ, d’aller à la rencontre du Seigneur. Le chemin chrétien nous est adressé pour savoir nous rapprocher  toujours plus de la nouveauté de Dieu, qui est proche de nous, plein d’amour et de miséricorde. Dieu est l’Enfant qui nous  tend les bras, plein de tendresse, le Pasteur qui cherche la brebis égarée pour la ramener saine et sauve,  c’est le père qui court à la rencontre du fils perdu qui revient, c’est le Samaritain qui se penche prévenant sur le blessé. C’est Jésus qui meurt sur la croix, sur le choix dramatique pour retourner dans la Vie céleste.

Pour cela, il est nécessaire de savoir vivre « en attendant »  non seulement dans le sens d’ attendre Dieu qui vient, mais aussi dans le sens de se tourner vers Dieu qui se tourne  déjà Lui-même vers nous en envoyant le Fils qui vient nous visiter.

En effet, l’expression « Avent » comprend aussi « visitatio » (=visitation) qui signifie « visite ». Dans ce cas, il s’agit d’une visite de Dieu : il entre dans notre vie et veut                 s’adresser à nous  (cf. Benoît XVI). L’Avent-Visite du Seigneur implique une vigilance. Il faut savoir «  entrer en vigilance, entrer en éveil  «  comme le Christ  nous y invite aujourd’hui : « restez éveillés…. » (Cf. Lc 21,34 et 36 cité ci -dessus). Le Christ l’a à maintes reprises répété dans les paraboles : le Seigneur vient comme un voleur de nuit ou comme un maître  qui revient pour voir ce que sont devenus ses biens confiés aux serviteurs.

 

2) Attente d’une rencontre.

Il est vrai qu’Avent signifie avant tout « attente », mais il ne s’agit d’une attente vague, générique et purement sentimentale. Il s’agit de l’attente d’une rencontre personnelle  d’une rencontre  de lumière. Une rencontre qui s’exprime particulièrement le jour du souvenir de sa venue, mais qui peut illuminer chaque jour, chaque instant de notre vie.

L’Avent est donc, le temps dans lequel nous devons rénover la décision d’ouvrir la fenêtre de notre cœur et de notre esprit au Sauveur pour qu’il nous illumine et éclaire tout ce que nous sommes.

Comment devons-nous nous préparer à cette rencontre?

Avant tout en cherchant à enrichir notre savoir (qui ne signifie pas seulement la connaissance mais la saveur) sur le Christ, avec loyauté et humilité. En effet, comment pouvons-nous le reconnaître lorsqu’ il vient et l’aimer si nous ne le connaissons pas ?  Et comment pourrons-nous le connaître si nous ne le « savourons » pas ?

En second lieu, en priant. Prier, demander que le Saint-Esprit nous illumine et soutienne notre recherche du visage du Seigneur.

Ce temps, donc, éduque le cœur et l’esprit de chacun de nous à une attente réelle, quotidienne, constante, dans la tension à la présence de Celui qui s’est fait homme pour nous et a sauvé notre vie : « Les festivités de l’Eglise rappellent des faits mais sont aussi présentes, vivantes; ce qui est arrivé une fois dans l’Histoire doit continuellement être un évènement dans la vie d’un croyant. Alors le Seigneur est venu pour tous; mais Lui doit revenir à nouveau pour chacun » (Benoît XVI).

Les trois Evangiles de Saint Marc,  Saint Mathieu et Saint Luc parlent de cette venue avant la narration de la passion du Christ. Il s’agit de sa dernière prédication. Le style est apocalyptique (j’ai donné à ce sujet  une brève explication la semaine dernière): guerres, dévastations, catastrophes naturelles, destructions du monde.

Ces descriptions dramatiques ne doivent pas engendrer chez nous trop de peur,  elles sont écrites dans un style oriental afin de rappeler que devant le Christ tout a une signification différente et  que le monde, qui paraît stable et éternel, aura une fin, lorsque le Seigneur viendra réordonner toutes choses. Donc, même dans l’Evangile de Saint-Luc, que nous lirons pendant  cette année C, le Messie utilise des paroles apocalyptiques profitant ainsi de  l’occasion offerte par les louanges que certains faisaient au temple de Jérusalem,  mais en affirmant que ce temple serait détruit (Lc 21,5-7).

Il y aurait des signes prémonitoires,  des guerres entre  les peuples, des persécutions des disciples du Christ (Lc 21,8-19), le siège et la destruction de Jérusalem (Lc 21,20-21). Après les souffrances causées par les hommes, Jésus, dans l’Evangile d’aujourd’hui, évoque les  évènements cosmiques et sa venue dans la gloire. La crainte sainte qui peut survenir en écoutant ces mots nous aide à nous préparer à la venue du Christ non seulement de façon sentimentale, mais en étant  conscients qu’il s’agit d’une rencontre décisive pour notre existence.

En cela, la Vierge Marie est un exemple pour nous.  Dans cette attente, Elle est le modèle à suivre parce que la Sainte Vierge est  « une fille simple venant d’un village et qui porte dans le cœur tout l’espérance de Dieu » (Pape François) et par son « oui », par son « fiat » l’espérance d’Israël et du monde entier a pris chair. Le temps de l’Avent, qui se commence  aujourd’hui, « nous redonne l’horizon de l’espérance, une espérance qui ne déçoit pas parce qu’elle est fondée sur la Parole de Dieu … Une espérance qui ne déçoit jamais  parce que le Seigneur ne déçoit jamais ! Lui est fidèle » (Id).

La virginité est le moyen que Dieu a choisi pour donner un nouveau commencement au monde. Comme dans la première création, Dieu aussi crée « de rien », soit du vide des possibilités humaines, sans le besoin de quelque concours et d’aucun appui. Ce « rien », ce vide, cette absence d’explications et de causes naturelles est représentée par la virginité de la  Vierge Marie.

Dans cet Avent, contemplons la virginité de Marie par une méditation sur la chasteté parfaite pour le Règne des cieux. Saint-Cyprien écrivait aux premières vierges chrétiennes : « Vous avez commencé par être ce que nous serons tous un jour » (Sur les Vierges, 22, PL 4, 475). Une telle prophétie, bien loin de s’opposer au mariage, est, avant tout, pour ceux qui sont mariés, un honneur. Il leur rappelle que le mariage est saint, il est beau,  créé par Dieu, il est l’ image du mariage entre le Christ et l’Eglise, mais cela  n’est pas tout…..Le Christ seul  est Tout.

Pour les Vierges Consacrées, il en va de même. Leur « oui » sans réserve à Dieu,  leur vie humble, simple, pauvre, obéissante, fidèle comme celle de la Vierge, même avec toutes ses difficultés et ses épreuves, rend visible le Christ.

Avec le don de leur propre vie,  elles  se hâtent  de préparer l’avènement du Christ et de son règne. Avec la Consécration, les consacrées deviennent pour tous les hommes signe de l’amour de Dieu et des biens éternels qu’Il nous donne.

 

 

Lecture patristique

Saint Bernard de Clairvaux (+ 1153)

Sermons sur l’Avent du Seigneur, 4, 1, 3-4,

Opera omnia, éd Leclercq, 4, 1966, 182-185

 

Il va de soi, mes frères, que vous devez célébrer de toute votre dévotion l’avènement du Seigneur, étant charmés par une telle consolation, stupéfaits par une telle commisération, enflammés par une telle dilection! Mais ne pensez pas seulement à l’avènement où le Seigneur est venu chercher et sauver ce qui était perdu (Lc 19,10); pensez à celui où il viendra pour nous prendre avec lui. Puissiez-vous consacrer à ces deux avènements une méditation prolongée, en ruminant dans vos coeurs ce qu’il a donné dans le premier, ce qu’il a promis dans le second! <>

 

Car voici le temps du jugement: il va commencer par la famille de Dieu. Mais comment finiront-ils, ceux qui refusent d’obéir à l’Évangile de Dieu (1P 4,17)? Que sera le jugement final pour ceux qui ne se relèvent pas de ce jugement-ci? Tous ceux qui se dérobent au jugement qui a lieu maintenant, où le prince de ce monde est jeté dehors, qu’ils attendent, ou plutôt qu’ils redoutent ce juge par lequel eux-mêmes seront jetés dehors avec leur prince. Mais nous, si nous sommes pleinement jugés maintenant, attendons en sécurité comme Sauveur le Seigneur Jésus Christ, lui qui t ransformera nos pauvres corps à l’image de son corps glorieux (Ph 3,20-21). Alors les justes resplendiront comme le soleil dans le royaume de leur Père (Mt 13,43).

 

Lorsque le Seigneur reviendra, il transfigurera notre corps de misère à la ressemblance de son corps de gloire, mais seulement si notre coeur a été auparavant transfiguré en devenant conforme à l’humilité de son coeur. C’est pourquoi il disait: Devenez mes disciples, car je suis doux et humble de coeur (Mt 11,29).

 

Découvrez dans ce texte qu’il y a deux sortes d’humilité: l’une de connaissance, l’autre d’amour, appelée ici l’humilité du coeur. La première nous enseigne que nous ne sommes rien, et nous en sommes instruits par nous-mêmes, par notre propre faiblesse. Avec la seconde, nous piétinons la gloire du monde, et nous en sommes instruits par celui qui s’est anéanti, en prenant la condition de serviteur; appelé au trône, il s’est enfui; mais appelé à tous les outrages et à l’ignominieux supplice de la croix, il s’y est offert lui-même de son plein gré.

 

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Mgr Francesco Follo

Mgr Francesco Follo est ordonné prêtre le 28 juin 1970 puis nommé vicaire de San Marco Evangelista à Casirate d’Adda de 1970 à 1976. Il obtient un doctorat en Philosophie à l’Université pontificale grégorienne en 1984. De 1976 à 1984, il travaille comme journaliste au magazine Letture du Centre San Fedele de la Compagnie de Jésus (jésuites) à Milan. Il devient membre de l’Ordre des journalistes en 1978. En 1982, il occupera le poste de directeur-adjoint de l’hebdomadaire La Vita Cattolica. De 1978 à 1983, il est professeur d’Anthropologie culturelle et de Philosophie à l’Université catholique du Sacré Cœur et à l’Institut Supérieur des Assistant Educateurs à Milan. Entre 1984 à 2002, il travaille au sein de la Secrétairerie d’Etat du Saint-Siège, au Vatican. Pendant cette période il sera professeur d’Histoire de la Philosophie grecque à l’Université pontificale Regina Apostolorum à Rome (1988-1989). En 2002, Mgr Francesco Follo est nommé Observateur permanent du Saint Siège auprès de l’UNESCO et de l’Union Latine et Délégué auprès de l’ICOMOS (Conseil international des Monuments et des Sites). Depuis 2004, Mgr Francesco Follo est également membre du Comité scientifique du magazine Oasis (magazine spécialisé dans le dialogue interculturel et interreligieux). Mgr Francesco Follo est Prélat d’Honneur de Sa Sainteté depuis le 27 mai 2000.

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