Académie de Suède © Vatican Media

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Académie de Suède/Prix Nobel: pour une «pratique quotidienne de la rencontre et du dialogue» (traduction complète)

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«Dialogue n’est pas synonyme de relativisme»

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Le pape François François recommande à croyants et non-croyants «la pratique quotidienne de la rencontre et du dialogue» pour féconder la société.

Le pape François a reçu en audience, ce vendredi 19 novembre, au Vatican, les membres de «l’Académie de Suède», chargés d’attribuer le Prix Nobel.

Le pape a souligné que cela ne signifie pas du relativisme: «Dialogue n’est pas synonyme de relativisme, au contraire, une société est d’autant plus noble qu’elle cultive la recherche de la vérité et s’enracine dans des vérités fondamentales ; surtout lorsqu’elle reconnaît que « tout être humain possède une dignité inaliénable ». Ce principe peut être partagé par les croyants et les non-croyants.»

Voici notre traduction, rapide, de travail  de l’allocution du pape François prononcée en italien.

AB

Discours du pape François

Mesdames et messieurs distingués !

Je suis heureux de vous retrouver, vous qui composez l’Académie suédoise. Je remercie le Président pour son introduction, notamment pour avoir mis le mot dialogue au centre.

Je suis sûr que vous aussi avez constaté à quel point la longue crise de la pandémie met à rude épreuve la capacité de dialoguer avec les autres. Cela est certainement dû à la fois aux périodes de confinement et au fait que toute cette situation a eu un impact sur les personnes, souvent inconsciemment. Chacun se retrouve un peu plus éloigné des autres, un peu plus fermé, peut-être plus méfiant ; ou simplement nous sommes moins susceptibles de nous rencontrer, de travailler côte à côte, avec la joie et l’effort de construire quelque chose ensemble. Alors, la première chose est de prendre conscience de cette réalité, qui menace chacun de nous en tant que personnes, affaiblit notre capacité de relation, et qui appauvrit la société et le monde. Même involontairement, cette tendance risque de jouer le jeu de la culture de l’indifférence.

Je suis sûr que vous, de votre point d’observation privilégié, vous partagez cette préoccupation. C’est ce que confirment les propos que vous avez prononcés tout à l’heure, Monsieur le Président, et dans lesquels je me retrouve pleinement : «En temps de crise, chaque petit pas qui peut conduire l’être humain à se rapprocher de l’autre est d’une grande importance.» C’est la pratique quotidienne de la rencontre et du dialogue: un style de vie qui ne fait pas l’actualité, mais qui aide la communauté humaine à avancer, à grandir dans l’amitié sociale. L’Encyclique Fratelli tutti contient un chapitre – le sixième – consacré à ce choix : « Dialogue et amitié sociale » (nn. 198-224).

Je souhaite partager ce choix du dialogue social comme voie principale vers une nouvelle culture avec vous, Académiciens, qui tenez pour ainsi dire le « pouls » des dynamiques culturelles, et qui attribuez les prestigieux prix Nobel. Le développement omniprésent des réseaux sociaux risque de remplacer le dialogue par une multiplicité de monologues, souvent aux tons agressifs (cf. n. 200). Au contraire, le dialogue social « présuppose la capacité de respecter le point de vue de l’autre » (n°203), avec sincérité et sans dissimulations.

Dialogue n’est pas synonyme de relativisme, au contraire, une société est d’autant plus noble qu’elle cultive la recherche de la vérité et s’enracine dans des vérités fondamentales (cf. n. 206-207) ; surtout lorsqu’elle reconnaît que « tout être humain possède une dignité inaliénable » (n. 213). Ce principe peut être partagé par les croyants et les non-croyants.

Sur cette base, nous sommes appelés ensemble à promouvoir la culture de la rencontre. « Armons nos enfants avec les armes du dialogue ! Enseignons-leur le bon combat de la rencontre !» (Fratelli tutti, 217).

Mesdames et Messieurs distingués, je vous remercie encore de votre visite. Que Dieu vous bénisse ainsi que votre travail, bénisse ceux qui vous sont chers et votre pays.

© Traduction de Zenit, Anita Bourdin

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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