Cimetière militaire français de Rome, 2 nov. 2021 © Vatican Media

Cimetière militaire français de Rome, 2 nov. 2021 © Vatican Media

« Mort pour la France »: ces tombes qui « crient la paix » (traduction complète)

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« Arrêtez-vous, frères et sœurs! Fabricants d’armes, arrêtez-vous! »

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« Inconnu Mort pour la France »: le pape François a parcouru les tombes des soldats français débarqués en Italie et morts lors des batailles pour libérer Rome, l’Italie et la France lors de la seconde guerre mondiale, ce mardi 2 novembre 2021, au cimetière militaire français de Rome. Ces tombes a affirmé le pape, un masque de douleur sur le visage, « crient la paix ». Car la guerre « mange les enfants de la patrie ». Il a interrogé: « Combattons-nous suffisamment pour qu’il n’y ait pas de guerres ? »

En présence de quelque 250 personnes, notamment de la communauté française de Rome et du Vatican, des autorités civiles, religieuses et militaires françaises, le pape a présidé la messe entouré de Mgr Patrick Valdrini et de Mgr Philippe Bordeyne, en italien, à 11h.

Auparavant, le pape a pris le temps de parcourir les tombes et de se recueillir en lisant les noms et il a été frappé par ce « mort pour la France » gravé sur chaque croix.

Cimetière militaire français de Rome, 2 nov. 2021 © Vatican Media

Cimetière militaire français de Rome, 2 nov. 2021 © Vatican Media

Dans son homélie, le pape a invité à regarder ces tombes et cette inscription, citant la croix qui porte non pas un nom mais la mention: « Inconnu ». Et il a ajouté:  « Dans le cœur de Dieu, il y a le nom de nous tous. »

Il a invité à être « en chemin » en citant une inscription disant: « Toi, qui passes, pense à tes pas… et à ton dernier pas ». « L’important, a commenté le pape, c’est que le dernier pas nous trouve en chemin. »

Le pape a mentionné d’autres cimetières des deux Guerres mondiales où il est allé prier les années précédentes comme Anzio, Redipuglia, la bataille du Piave où son grand-père a combattu, ou même les plages de Normandie.

"Inconnu", cimetière militaire français de Rome, 2 nov. 2021 © Vatican Media

« Inconnu », cimetière militaire français de Rome, 2 nov. 2021 © Vatican Media

Mais surtout le pape a vu sur ces tombes abritées par les oliviers argenté « un message de paix ».

« Mais nous, qui sommes en chemin, a interrogé le pape, combattons-nous suffisamment pour qu’il n’y ait pas de guerres ? Pour que les économies des pays ne soient pas fortifiées par l’industrie de l’armement ? »

Il a lancé un cri: « Arrêtez-vous, frères et sœurs, arrêtez-vous ! Arrêtez-vous, fabricants d’armes, arrêtez-vous ! »

Après la messe, le pape a salué notamment le cardinal Dominique Mamberti, l’ambassadeur en Italie, M. Christian Masset, et l’ambassadrice près le Saint-Siège, Mme Elisabeth Beton Delègue, et des familles avec des bébés. Des enfants ont offert au pape leurs dessins: il leurs a donné des chapelets et il les a bénis.

De retour au Vatican, le pape s’est recueilli auprès des tombes des papes défunts, dans la crypte de la basilique Saint-Pierre.

Voici notre traduction, rapide, de travail, de l’homélie prononcé en italien par le pape François d’abondance du coeur.

AB

Cimetière militaire français de Rome, 2 nov. 2021 © Vatican Media

Cimetière militaire français de Rome, 2 nov. 2021 © Vatican Media

Homélie du pape François

Une inscription me vient à l’esprit, à la porte d’un petit cimetière, au nord : « Toi qui passes, pense à tes pas, et parmi tes pas pense au dernier pas ».

Toi qui passes. La vie est un chemin, nous sommes tous en chemin. Nous tous, si nous voulons faire quelque chose dans la vie, sommes en chemin. Ce qui n’est pas une promenade, pas un labyrinthe non plus, non, c’est un chemin. En chemin, nous passons devant tant de faits historiques, devant tant de situations difficiles. Et aussi devant les cimetières. Le conseil de ce cimetière est : « Toi qui passes, arrête tes pas et pense parmi tes pas, au dernier pas ». Nous aurons tous un dernier pas. Quelqu’un pourrait me dire : « Père, ne soyez pas si en deuil, ne soyez pas tragique ». Mais c’est la vérité. L’important est que ce dernier pas nous trouve en chemin, pas à faire une promenade; sur le chemin de la vie et non dans un labyrinthe sans fin. Être en chemin pour que le dernier pas nous trouve en train de cheminer. C’est la première pensée que je voudrais dire et qui me vient du cœur.

La deuxième pensée ce sont les tombes. Ces gens – de bonnes personnes – sont morts à la guerre, ils sont morts parce qu’ils étaient appelés à défendre leur patrie, à défendre des valeurs, à défendre des idéaux et, bien d’autres fois, à défendre des situations politiques tristes et lamentables. Et ce sont des victimes, les victimes de la guerre, qui mange les enfants de la patrie. Et je pense à Anzio, à Redipuglia ; je pense au Piave du en 1914 – tant y sont restés – ; je pense à la plage de Normandie : quarante mille, lors de ce débarquement ! Peu importe, ils sont tombés…
Je me suis arrêté là devant une tombe : « Inconnu. Mort pour la France. 1944″. Pas même le nom. Dans le cœur de Dieu il y a notre nom à tous, mais voilà la tragédie de la guerre. Je suis sûr que tous ceux qui sont partis de bonne volonté, appelés par leur patrie pour la défendre, sont avec le Seigneur. Mais nous, qui sommes en chemin, combattons-nous suffisamment pour qu’il n’y ait pas de guerres ? Pour que les économies des pays ne soient pas fortifiées par l’industrie de l’armement ? Aujourd’hui, l’homélie ce devrait être de regarder les tombes : « Mort pour la France » ; certaines ont un nom, d’autres pas. Mais ces tombes sont un message de paix : « Arrêtez-vous, frères et sœurs, arrêtez-vous ! Arrêtez-vous, fabricants d’armes, arrêtez-vous ! »

Je vous laisse ces deux pensées. « Toi qui passes, pense, parmi tes pas, au dernier pas » : que ce soit dans la paix, dans la paix de cœur, en paix tout. La seconde pensée : ces tombes qui parlent, crient, crient d’elles-mêmes, crient : « Paix ! ».

Que le Seigneur nous aide à semer et à garder ces deux pensées dans nos cœurs.

© Traduction de Zenit, Anita Bourdin

Cimetière militaire français de Rome, 2 nov. 2021 © Vatican Media

Cimetière militaire français de Rome, 2 nov. 2021 © Vatican Media

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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