« C’est nous qui devons vous remercier, parce que vous revenez beaucoup plus riches intérieurement que lorsque vous êtes arrivés ici »: c’est ainsi que le cardinal Leonardo Sandri a répondu aux religieux et religieuses catholiques qui, dans la soirée du mercredi 27 octobre 2021, lors de la rencontre organisée par le Mémorial Saint-Paul de Damas, rapporte l’agence missionnaire vaticane Fides (Gianni Valente) qui relit les compte rendus quotidiens de la Congrégation romaine pour les Eglises orientales.
Les miracles de la foi
Les consacrés présents ont remercié le préfet de ce dicastère, ainsi que ses collaborateurs et le pape François, « pour la proximité et la sollicitude manifestées par l’Église de Rome pour les chrétiens de Syrie et pour tous les autres enfants du peuple syrien ».
Le préfet de la Congrégation pour les Églises orientales a écouté tout au long de la journée, continue la même source, « les récits marqués par la douleur, la misère et les difficultés mais aussi par les miracles de la foi, de l’espérance et de la charité qui ponctuent le quotidien des chrétiens de Syrie dévastés par le conflit, les abus de pouvoir et les sanctions économiques imposées par la communauté internationale ».
Un problème constant abordé par le cardinal préfet Sandri dans toutes ses rencontres avec les membres des Églises locales c’est la grave « hémorragie » de baptisés, en particulier de jeunes, en provenance de Syrie et d’autres pays de la région.
Face à ces processus, chacun reconnaît l’opportunité de soutenir des « petits projets » pour aider les chrétiens à trouver des ressources et à vivre dans la dignité, souligne Fides.
En ce qui concerne les initiatives de soutien caritatif destinées aux communautés chrétiennes locales, Fides souligne la nécessité d’une « coordination dans le travail de charité est soulignée, pour éviter que quelqu’un reçoive plus d’une fois et en profite, et que certains pauvres restent de plus en plus en marge ».
La tentation de l’auto-promotion
Avec des mots dépourvus de tonalité polémique, note Fides, le préfet mentionne les cas où la souffrance des chrétiens au Moyen-Orient devient un prétexte pour collecter des fonds dans une clé d’autopromotion: « Le prêtre d’abord, surtout celui qui est marié, lit-on dans le rapport du mercredi 27 octobre, doit être le premier à affronter le drame de la pauvreté et de l’indigence, en souffrant avec le peuple et en devant soutenir ensemble son espérance.
De fait, dans le contexte de la Syrie tourmentée, l’Église « a eu une grande opportunité d’être proche des personnes qui souffrent », mais « certains cas de corruption ou de manque de transparence ont risqué d’obscurcir le grand bien qui a été fait et qui est en train d’être fait ».
Le rapport souligne que « la relation entre les Évêques et les prêtres peut également s’améliorer, non pas comme une simple transmission d’instructions à suivre, mais surtout en grandissant dans une réelle confiance mutuelle, sans se traiter de traîtres ». Le rapport mentionne également le phénomène – peu suivi – de « la propagation de certaines sectes aux visions dogmatiquement incorrectes pour lesquelles il serait nécessaire de créer une commission théologique pour étudier leurs déclarations ».
Le programme de la visite du Cardinal Sandri en Syrie est également ponctué d’importants rendez-vous œcuméniques, comme la rencontre « cordiale et détendue » que le représentant du Vatican a eue jeudi 28 octobre avec Yohann X, patriarche grec orthodoxe d’Antioche.
La situation à Alep
La condition actuelle de souffrance vécue par la présence chrétienne au Moyen-Orient, avec des chiffres constants de jeunes et d’adultes demandant à partir de manière plus ou moins légale, avec des parents parfois âgés demandant à leurs enfants de partir, puis restant seuls et sans aucune possibilité de subsistance, rend encore plus scandaleuse la douleur de la division entre chrétiens.
Le rapport publié par la Congrégation pour les Églises orientales rappelle la situation paradoxale d’Alep, où, avec une présence de baptisés qui a drastiquement diminué ces dernières années, on compte encore « jusqu’à 11 Évêques, catholiques et non catholiques ». I
ls évoquent également les tensions qui existent entre les églises orthodoxes, ou les véritables querelles au Liban entre les leaders politiques maronites « en vue des élections prévues en 2022 ».
Les rapports consacrent des passages parfois émouvants au spectacle de la charité imaginative et gratuite que l’Esprit Saint opère parmi les chrétiens syriens pour répondre à la souffrance de leurs frères et sœurs et de leurs compatriotes. Ils mentionnent notamment le travail de Caritas Syrie, celui de la Société de Saint-Vincent de Paul et le projet « Hôpitaux ouverts » soutenu par l’AVSI, qui vise également à maintenir « le personnel médical et infirmier en Syrie avec une prime salariale qui les dissuade de partir vers d’autres pays ».
L’orphelinat melkite de Damas
Il est notamment fait mention du précieux travail effectué à Damas par l’Orphelinat de Saint Paul, géré par l’Église melkite, qui assiste « plusieurs mineurs orphelins ou enfants de familles en difficulté », et suit les cas des « enfants de familles chrétiennes dont le père devient musulman et obtient le divorce », qui, selon la loi, devraient suivre leurs parents en se convertissant à l’Islam.
Les parties consacrées à la paupérisation tragique de la population syrienne sont ponctuées par la note constante qui souligne la cruelle futilité des sanctions imposées par la communauté internationale à la République arabe de Syrie : « des sanctions qui mettent la population à genoux sans rien changer à ce que la communauté des nations a voulu établir ».
Enfin, « dans certains échanges » rapporte le rapport sur la journée du jeudi 28 octobre édité par la Congrégation pour les Eglises orientales, « il a été souligné que le système actuel de sanctions internationales a affamé le peuple et créé une plus grande richesse dans certaines catégories de personnes en Syrie à travers le développement de la corruption ».