Dale Recinella, laïc, marié, père de cinq enfants, la soixantaine, est aumônier dans le bras de la mort en Floride. Il a reçu ce mardi soir, 28 septembre, 2021 à Rome le prix « Gardien de la vie », décerné par l’Académie pontificale pour la vie: il était présent, mardi matin, à la présentation de l’assemblée annuelle de ce dicastère. Depuis plus de 23 ans, il exerce ce ministère d’accompagnement des condamnés, de leurs familles et parfois des familles des victimes.
Il a confié au quotidien italien Avvenire (Fabrizio Mastrofini) son état d’esprit au moment de recevoir ce Prix: « C’est un immense honneur. Pas tant pour moi que pour tous les hommes et les femmes dont la vie est suspendue, alors que les politiciens essaient de les tuer avec la peine de mort. Cet événement représente une déclaration très importante, directement du cœur de notre Église catholique, que la vie a de la valeur et est imprégnée de dignité humaine. Cela montre que le meurtre perpétré par vengeance ne répond pas à la volonté de Dieu. Les gens vraiment croyants sont choqués lorsqu’ils découvrent que Dieu ne veut pas de notre soutien dans tout cela, et ils sont horrifiés lorsque la vérité sur le fonctionnement de la peine de mort leur est révélé. »
D’avocat de Wall Street, avec richesse et succès, il y a vingt-deux ans, il est devenu aumônier en prison dans le couloir de la mort en Floride: « Je suis devenu l’aide, en tant que bénévole à temps plein, du prêtre qui a aidé tous les condamnés à mort et à l’isolement cellulaire de longue durée en Floride. Et il a accompli cette mission seul pendant 17 ans. J’ai été son ombre pendant une année entière, à la fin de laquelle il m’a demandé si, en accord avec ma femme Susan, j’étais prêt à continuer son ministère et à gérer tout ce qu’un laïc peut faire. C’était en juin 1999. »
Il raconte cette rencontre avec un détenu: « En 1998, lorsque je suis allé en Floride pour la première fois pour visiter, en passant de cellule en cellule, les plus de 420 détenus, je me suis présenté à chacun. L’un d’eux m’a demandé : étiez-vous vraiment un avocat financier de Wall Street ? J’ai répondu que c’était vrai. Et j’ai raconté un peu mon histoire, décrite en détail dans mon deuxième livre (« Dans le couloir de la mort », Editions San Paolo, 2012, ndlr). Le détenu pouvait à peine se contenir. Il m’a dit : « Si Jésus a pu sauver un avocat financier de Wall Street méchant et avide d’argent comme vous, il n’aura aucun problème à me sauver ». »
Son premier livre est une étude détaillée sur la Bible et la peine de mort: « Aux États-Unis, nous tenons pour acquis que puisqu’il y a effectivement une peine de mort dans la Bible, alors le Seigneur est en faveur de la peine capitale. Dans mon premier livre (« La vérité biblique sur la peine de mort américaine », 2004, ndlr), je montre que la Bible ne peut pas être utilisée pour soutenir la peine de mort américaine. Vous ne pouvez pas. »
Derrière un condamné, il y a les victimes et les familles, à la fois des victimes et des détenus. « Je dis souvent : la peine de mort ne laisse aucun survivant », elle ne fait pas de prisonniers. « Peut-être qu’aujourd’hui – poursuit-il – seul le condamné est tué par la peine de mort, mais tous ceux qui entrent en contact avec elle sont blessés et endommagés. Cela comprend les membres de la famille du délinquant, les membres de la famille de la victime, les gardiens et le personnel travaillant dans la prison. La Caroline du Sud a récemment décidé de réactiver la peine de mort après dix ans sans exécutions. Ron McAndrew, ancien directeur de la prison où ont lieu les exécutions en Floride, a demandé aux politiciens de ne pas le faire, pensant aux bons gardiens et au personnel qui travaillent dans la prison où ils procéderont aux exécutions. Dans l’article, il décrivait en détail les dommages psychologiques que subiraient les gardiens et le personnel, en particulier ceux ayant une forte rectitude morale. »
« La vraie solution, propose Dale Recinella, c’est d’aller vers un modèle de justice réparatrice. C’est la réponse que l’Église nous demande de donner, dont les victimes de crimes, la communauté et les coupables ont besoin. Cela demande beaucoup plus d’efforts et d’engagement qu’un meurtre vengeur. Mais Dieu pense que nous pouvons le faire, avec Son aide. Sinon il ne nous le demanderait pas. »