Mgr Gallagher à Minsk © Vatican Media

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ONU : le Saint-Siège défend les droits humains de toutes les minorités, par Mgr Gallagher

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La discrimination raciale et l’intolérance (traduction complète)

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« Déraciner la discrimination et l’intolérance », oui, mais dans le respect du « droit à la liberté d’opinion, de pensée, de religion et de conscience » : c’est ce qu’a affirmé le secrétaire pour les Relations avec les Etats, Mgr Paul Richard Gallagher, dans son intervention à la réunion de haut niveau de l’ONU pour le 20ème anniversaire de l’adoption de la Déclaration et du Programme d’Action de Durban (DDPA), le 22 septembre dernier.

 

Dans le cadre de la 76ème Assemblée générale des Nations Unies à New York, du 20 au 25 septembre 2021, la réunion aborde la question des « réparations », de la « justice raciale » et de « l’égalité » pour les personnes « d’ascendance africaine ». Mgr Gallagher a rappelé que le Saint-Siège était « engagé à combattre toutes les formes de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et d’intolérance qui y est associée ».

 

Rappelant que les droits humains universels sont « indivisibles et interdépendants » et « ne peuvent donc pas être en opposition », le secrétaire d’Etat du Vatican a souligné que « les lois et les normes qui cherchent à déraciner la discrimination et l’intolérance » doivent respecter « le droit à la liberté d’opinion, de pensée, de religion et de conscience ». Avant d’ajouter que les chrétiens représentent « le groupe le plus persécuté au monde ».

 

Ces lois ne doivent jamais « servir de justification aux Etats » pour « violer les droits humains des minorités » ou pour « censurer les opinions minoritaires », a insisté Mgr Gallagher. Il a également dénoncé « une autre forme de discrimination » à travers « la pratique insidieuse de l’eugénisme » souvent cachée « derrière les techniques de procréation artificielle » ou l’usage du diagnostic prénatal.

 

Voici notre traduction de l’intervention, donnée en anglais par Mgr Gallagher.

Intervention de Mgr Paul Richard Gallagher

 

Monsieur le Président,

 

Le Saint-Siège est heureux de participer à la Réunion de haut niveau pour commémorer le 20ème anniversaire de la Déclaration et du Programme d’Action de Durban, axée sur « les réparations, la justice raciale et l’égalité pour les personnes d’ascendance africaine ».

 

En tant que partie à la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination sociale, en accord avec sa nature et sa mission particulière et dans un esprit de coopération, le Saint-Siège est engagé à combattre toutes les formes de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et d’intolérance qui y est associée.

 

Le racisme s’enracine dans la prétention erronée et délétère selon laquelle un être humain aurait moins de dignité qu’un autre. Cette affirmation fait fi de la vérité selon laquelle « tous les êtres humains sont nés libres et égaux en dignité et en droits » (1), mais aussi de l’appel éthique fondamental à agir « les uns envers les autres dans un esprit de fraternité » (2).

 

Comme l’a fait observer le pape François dans sa lettre encyclique Fratelli tutti, nos « progrès sociaux ne sont pas aussi réels ou définitifs que nous ne le pensons » (3), le racisme se cachant régulièrement sous la surface pour « réapparaître sans cesse » (4).

 

De nombreuses personnes d’ascendance africaine, dans le monde, sont des migrants ou des réfugiés qui, ayant quitté leur foyer – ou ayant été obligés de le faire – sont confrontés au racisme et à la xénophobie, à la discrimination et à l’intolérance dans les pays de destination, au lieu du soutien dont ils ont besoin. Ma délégation espère que la récente institution du Forum permanent pour les personnes d’ascendance africaine contribuera aux efforts locaux, nationaux et internationaux visant à assurer la justice aux victimes du racisme et à les soutenir.

 

Les droits humains universels sont indivisibles et interdépendants et ne peuvent donc pas être en opposition. Les lois et les normes qui cherchent à déraciner la discrimination et l’intolérance doivent donc respecter le droit à la liberté d’opinion, de pensée, de religion et de conscience.

 

La surveillance, les enquêtes et les poursuites relatives aux incidents de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et d’intolérance qui y est associée ne doivent jamais servir de justification aux Etats pour violer les droits humains des minorités ou pour censurer les opinions minoritaires.

 

Le racisme peut et doit être vaincu par une culture de la rencontre, de la fraternité et de la solidarité. Si l’adoption d’accords internationaux et de déclarations comme celle de Durban constitue une étape importante et nécessaire, cela doit conduire à un réel changement à travers leurs mise en œuvre par les gouvernements ou à travers l’éducation et un usage éthique des médias, en fournissant des informations objectives et fondées sur les faits dans le respect de la dignité de tous et sans encourager une mentalité de division du type « nous contre eux ».

 

Monsieur le Président,

 

La Déclaration de Durban exprime à juste titre une préoccupation à propos de l’intolérance d’actes hostiles et de la violence à l’encontre de groupes religieux (5). L’intolérance sur la base de la religion ou de la conviction mène à des restrictions du droit à pratiquer librement la religion choisie et, dans ses formes les plus extrêmes, elle peut entraîner une hostilité, de la violence et des crimes atroces. Le non-respect du droit à la liberté de religion et de conviction mène à la violation d’autres droits humains. Ces dernières années, nous avons été les témoins d’une augmentation générale de la persécution religieuse par des acteurs étatiques et non-étatiques. Des personnes individuelles et des populations entières sont discriminées à cause de leur foi tandis que les auteurs de ces actes jouissent souvent de l’impunité. Des minorités religieuses, dans certaines régions, sont même menacées d’extinction, notamment les chrétiens qui représentent le groupe le plus persécuté au monde (6).

 

La pratique insidieuse de l’eugénisme est une autre forme de discrimination. Aujourd’hui, nous pourrions dire qu’une mentalité eugéniste se cache souvent derrière les techniques de procréation artificielle et le côté sombre du diagnostic prénatal, où l’idée qu’il existe des êtres humains d’une valeur inférieure à cause d’un handicap, de leur sexe ou d’autres aspects conduit souvent au déni de leur droit à la vie. Un tel état d’esprit consacre des principes de discrimination carrément opposés à la Déclaration de Durban et qui ne peuvent pas être ignorés.

 

Monsieur le Président,

 

La Déclaration de Durban reconnaît le rôle de la religion pour promouvoir la dignité et la valeur inhérente à chaque personne et pour éradiquer le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée (7). Cela doit aller de pair avec la législation et des institutions qui fonctionnent, mais en dernier recours, « le racisme ne disparaîtra… que lorsqu’il mourra dans le cœur des personnes » (8).

 

Merci, Monsieur le Président.

 

_____________________

NOTES 

(1)   Article 1, Déclaration universelle des droits de l’homme.

(2)   Article 1, Déclaration universelle des droits de l’homme.

(3)   Pape François, Fratelli tutti, 20.

(4)   Pape François, Fratelli tutti, 20.

(5)   Déclaration et Programme d’Action de Durban (2001), 59.

(6)   Pew Research Center, En 2018, les restrictions gouvernementales en matière de religion atteignent le niveau le plus élevé au niveau mondial depuis plus d’une décennie

(7)   Déclaration et Programme d’Action de Durban, (2001).

(8)   Conseil pontifical Justice et Paix, L’Eglise et le racisme : Vers une société plus fraternelle (Cité du Vatican, 2001), 29.

 

© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat

 

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Hélène Ginabat

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