Mgr Fisichella, Catéchistes, 17 sept. 2021 © Vatican Media

Mgr Fisichella, Catéchistes, 17 sept. 2021 © Vatican Media

Europe: « Catéchistes pour la nouvelle évangélisation » (traduction complète)

« Garder le regard fixé sur le mystère eucharistique »

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« Le grand engagement de la catéchèse peut être efficace dans l’œuvre d’évangélisation s’il garde le regard fixé sur le mystère eucharistique », estime le pape François.

Le pape a en effet reçu au Vatican ce vendredi 17 septembre 2021 des responsables de la catéchèse en Europe participant à une rencontre promue par le Conseil pontifical pour la promotion de la nouvelle évangélisation, présidé par Mgr Rino Fisichella, sur « Catéchistes pour la nouvelle évangélisation ».

« Le lieu privilégié de la catéchèse c’est précisément la célébration eucharistique », a expliqué le pape François dans le sillage du 52e Congrès eucharistique international de Budapest (Hongrie) qu’il a conclu le 12 septembre.

Le pape a aussi insisté sur le fait que la catéchèse, « n’est pas une communication abstraite de connaissances théoriques à mémoriser comme s’il s’agissait de formules mathématiques ou chimiques », mais « une « expérience » du mystère du Christ qui fait d’eux des « disciples » et des « missionnaires ».

Car les catéchistes « proclament l’Évangile de la miséricorde sans se lasser ».

Il a souligné la liberté de l’engagement: « Soit le catéchiste est libre, soit il n’est pas catéchiste. Le catéchiste se laisse frapper par la réalité qui trouve et transmet l’Évangile avec une grande créativité, ou il n’est pas catéchiste. Réfléchissez bien à cela. »

Voici notre traduction rapide, de travail, des paroles du pape François, prononcées en italien.

AB

Allocution du pape François 

Chers frères et sœurs, bonjour et bienvenue !

C’est avec plaisir que je vous accueille, à cette occasion où vous avez eu l’occasion de discuter, en tant que responsables de la catéchèse des Églises particulières en Europe, sur la réception du nouveau Directoire pour la catéchèse, publié l’année dernière. Je remercie Mgr Rino Fisichella pour cette initiative qui, j’en suis sûr, s’étendra aussi aux Conférences épiscopales des autres continents, afin que le cheminement catéchétique commun s’enrichisse de nombreuses expériences locales.

Je viens de rentrer de la célébration du Congrès eucharistique international, qui s’est tenu à Budapest ces derniers jours, et l’occasion est propice pour vérifier comment le grand engagement de la catéchèse peut être efficace dans l’œuvre d’évangélisation s’il garde le regard fixé sur le mystère eucharistique. Nous ne pouvons oublier que le lieu privilégié de la catéchèse c’est précisément la célébration eucharistique, où des frères et sœurs se réunissent pour découvrir de plus en plus les différentes modalités de la présence de Dieu dans leur vie.

J’aime penser à ce passage de l’Évangile de Matthieu où les disciples demandent à Jésus : « Où veux-tu que nous fassions la préparation pour toi, afin que tu puisses manger Pâques ? » (26.17). La réponse de Jésus montre clairement qu’il avait déjà tout préparé : il connaissait le chemin qu’un homme emprunterait avec la jarre d’eau, il connaissait la grande pièce déjà aménagée à l’étage de la maison (cf.Lc 22, 10-12 ) ; et, sans le dire, il sentait pleinement ce qu’il y avait dans le cœur de ses amis du fait ce qui devait arriver les jours suivants.

Les premiers mots par lesquels il les envoie sont : « Allez à la ville » (Mt 26,18). Ce détail – penser à vous et à votre service – nous fait relire le chemin de la catéchèse comme un moment par lequel les chrétiens, qui s’apprêtent à célébrer le sommet du mystère de la foi, sont invités à aller d’abord « à la ville », rencontrer des personnes occupées par leurs engagements quotidiens. La catéchèse – comme le souligne le nouveau Directoire – n’est pas une communication abstraite de connaissances théoriques à mémoriser comme s’il s’agissait de formules mathématiques ou chimiques. C’est plutôt l’expérience mystagogique de ceux qui apprennent à rencontrer leurs frères là où ils vivent et travaillent, parce qu’eux-mêmes ont rencontré le Christ, qui les a appelés à devenir des disciples missionnaires. Il faut insister pour pointer le cœur de la catéchèse : Jésus-Christ ressuscité vous aime et ne vous abandonne jamais ! Cette première annonce ne peut jamais nous trouver fatigués ou répétitifs dans les différentes phases du cheminement catéchétique.

Pour cela, j’ai institué le ministère de catéchiste. Ils préparent le rituel de la « création » – entre guillemets – des catéchistes. Pour que la communauté chrétienne ressente l’exigence de susciter cette vocation et d’expérimenter le service de quelques hommes et femmes qui, vivant la célébration eucharistique, ressentent plus vivement la passion de transmettre la foi comme évangélisateurs. Le catéchiste et la catéchiste sont des témoins qui se mettent au service de la communauté chrétienne, pour soutenir l’approfondissement de la foi dans le concret de la vie quotidienne. Ce sont des gens qui proclament l’Évangile de la miséricorde sans se lasser ; des personnes capables de créer les liens nécessaires d’accueil et de proximité qui nous permettent de mieux goûter la Parole de Dieu et de célébrer le mystère eucharistique en offrant les fruits des œuvres bonnes.

Je me souviens avec amour des deux catéchistes qui m’ont préparé à la première communion, et j’ai continué ma relation avec elles en tant que prêtre et aussi, avec l’une d’elle encore en vie, en tant qu’évêque. J’ai ressenti un grand respect, et même un sentiment de gratitude, sans le rendre explicite, mais cela ressemblait à une vénération. Pourquoi? Parce que c’étaient les femmes qui m’avaient préparé à la première communion, en même temps qu’une religieuse. Je veux vous raconter cette expérience car ce fut une belle chose pour moi, de les accompagner jusqu’à la fin de leur vie, toutes les deux. Et aussi la religieuse, qui m’a préparé à la partie liturgique de la communion : elle est décédée, et j’étais là, avec elle, pour l’accompagner. Il y a une proximité, un lien très important avec les catéchistes.

Comme je l’ai dit lundi dernier dans la cathédrale de Bratislava, l’évangélisation n’est jamais une simple répétition du passé. Les grands saints évangélisateurs, comme Cyrille et Méthode, comme Boniface, étaient créatifs, avec la créativité de l’Esprit Saint. Ils ont ouvert de nouvelles voies, inventé de nouveaux langages, de nouveaux « alphabets », pour transmettre l’Évangile, pour l’inculturation de la foi. Cela demande de savoir écouter les gens, d’écouter les peuples auxquels on annonce : d’écouter leur culture, leur histoire ; n’écoutez pas superficiellement, pensant déjà aux réponses préemballées que nous avons dans la mallette, non ! Écoutez vraiment, et comparez ces cultures, ces langues, aussi et surtout le non-dit, le non-exprimé, avec la Parole de Dieu, avec Jésus-Christ, l’Evangile vivant. Et je répète la question : n’est-ce pas là la tâche la plus urgente de l’Église parmi les peuples d’Europe ? La grande tradition chrétienne du continent ne doit pas devenir une relique historique, sinon elle n’est plus « tradition » ! La tradition est vivante ou pas. Et la catéchèse est tradition, c’est tradere, mais une tradition vivante, de cœur à cœur, d’esprit à esprit, de vie à vie. Donc : passionné et créatif, avec la poussée de l’Esprit Saint. J’ai utilisé le mot « pré-emballé » pour la langue, mais j’ai peur des catéchistes avec un cœur, une attitude et un visage « pré-emballés ». Non. Soit le catéchiste est libre, soit il n’est pas catéchiste. Le catéchiste se laisse frapper par la réalité qui trouve et transmet l’Évangile avec une grande créativité, ou il n’est pas catéchiste. Réfléchissez bien à cela.

Chers amis, à travers vous, je voudrais adresser mes remerciements personnels aux milliers de catéchistes et catéchistes d’Europe. Je pense en particulier à ceux qui, à partir des prochaines semaines, consacreront un grand effort aux enfants et aux jeunes qui se préparent à achever leur chemin d’initiation chrétienne. Mais je pense à chacun. Que la Vierge Marie intercède pour vous, afin que vous soyez toujours assistés par l’Esprit Saint.

Je vous accompagne de mes prières et de la Bénédiction Apostolique. Et vous aussi, s’il vous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi. Merci!

[Bénédiction]

 © Traduction de Zenit, Anita Bourdin

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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