Le pape François a rendu hommage au cardinal slovaque Ján Chryzostom Korec (1924-2015), déclenchant les applaudissements des centaines de prêtres et de consacrés du pays qu’il a rencontrés ce 13 septembre 2021 dans la cathédrale Saint-Martin de Bratislava.
Citant le proverbe slovaque « A celui qui te jette une pierre, toi, donnes un pain », le pape s’est exclamé : « Ceci est très évangélique ! C’est l’invitation de Jésus à briser le cercle vicieux et destructeur de la violence, en présentant l’autre joue à ceux qui nous frappent, pour vaincre le mal par le bien. »
Malgré leur « histoire de souffrances qui a laissé des cicatrices », le pape a encouragé les chrétiens slovaques à être « artisans de paix et de réconciliation », au deuxième jour de sa visite dans le pays, dans le cadre de son 34e voyage apostolique.
« Je suis frappé par un détail de l’histoire du cardinal Korec », a-t-il alors confié, tandis que résonnaient les applaudissements dans la cathédrale : « c’était un cardinal jésuite, persécuté par le régime, emprisonné et obligé à travailler durement jusqu’à ce qu’il tombe malade. Quand il est venu à Rome pour le Jubilé de l’An 2000, il est allé dans les catacombes et a allumé un luminaire pour ses persécuteurs, en invoquant pour eux la miséricorde. »
« Voilà l’Évangile ! a ajouté le pape. Il grandit dans la vie et dans l’histoire à travers l’amour humble et patient. »
En 2011, le pape Benoît XVI avait aussi rendu hommage au cardinal – créé par Jean-Paul II en 1991 – à l’occasion de son 60e anniversaire d’ordination épiscopale.
Sous la persécution du régime communiste tchécoslovaque, le cardinal Korec avait été ordonné évêque à 27 ans – le plus jeune du monde – en pleine clandestinité, le 24 août 1951. Il avait exercé sa charge sans avoir été découvert par les autorités, travaillant pendant 9 ans dans une usine.
Arrêté en 1960, il fut en prison pendant 12 ans, accusé par les communistes de « trahison de la patrie », notamment en raison de sa fidélité au pape. Il estimait que cette accusation était un « honneur ».
Il sortit de prison très malade, et reprit un travail pour gagner sa vie, comme éboueur à Bratislava, puis dans une usine de goudron, et enfin une usine chimique.
Sa journée était entièrement offerte à différentes intentions. Il offrait sa première heure de travail pour le pape, la deuxième pour son évêque, la troisième pour les jeunes, etc.
Le cardinal avait dit de lui-même à Radio Vatican : « Je ne m’attribue aucun mérite. Plus les années passent, plus je vois clairement que tout ce qui est important appartient à la grâce, c’est-à-dire à Dieu. »