Mgr Guido Marini @wikimedia commons / Dongio

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Mgr Guido Marini devient évêque: « joie » et « crainte »

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Rome, 2 papes et 14 ans de célébrations

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« Joie » et « crainte »: à l’annonce de sa nomination comme évêque de Tortone (Italie), Mgr Guido Marini a éprouvé des sentiments mêlés : « d’une part, la joie, en pensant au grand don qui m’est fait, à travers l’Eglise, de devenir successeur des apôtres », explique-t-il en souriant, mais aussi « beaucoup de crainte, de tremblement pour la grande responsabilité qui m’est confiée ».

Nommé évêque de Tortone par le pape François le 29 août dernier, le maître des célébrations liturgiques pontificales depuis 2007, Mgr Guido Marini, a accordé une longue interview à la Radio diocésaine de Tortone et à la rédaction du journal Il Popolo. Revenant sur son premier message adressé à ses diocésains, ce même jour, il partage les sentiments qui l’habitent et évoque sa vie sacerdotale et les 14 années passées à Rome, au service de deux papes.

« On ne peut qu’être reconnaissant et joyeux devant le Seigneur » pour cet « appel » et ce « grand don », s’émerveille Mgr Marini, et se sentir petit devant une telle charge « pour laquelle je me confie au Seigneur et à la protection de Notre Dame della Guardia ». C’est précisément au sanctuaire génois de celle qui est affectueusement appelée « La Madonna della Guardia » que le nouvel évêque vient de célébrer la messe pour ses diocésains.

Evêque « avec » pour donner Jésus

Dans son premier message à ces derniers, ce 29 août, Mgr Guido Marini citait saint Ignace d’Antioche : « Rien n’est meilleur que Jésus-Christ » et ajoutait : « Je n’aurai jamais rien d’autre à vous dire ni à vous donner ».

« Je me souviens toujours », commente-t-il dans son interview, ce qu’affirmait le très grand évêque saint Ambroise. Souvent, il écrivait à ses fidèles ‘le Christ est tout pour nous’. Je crois qu’effectivement pour nous Jésus-Christ est tout, notre sauveur, notre rédempteur ; par conséquent quand nous sommes avec lui nous avons tout et quand nous le donnons, lui, nous donnons tout. Le cœur de notre foi, de notre annonce ne peut qu’être lui, le Seigneur Jésus. C’est pourquoi j’ai dit que rien n’est meilleur que Jésus-Christ et que je n’aurai rien de plus à vous dire ni à vous donner que le Christ et que nous n’aurons jamais rien à donner ou à dire aux autres de plus que cela ».

Le nouvel évêque se réfère ensuite à la célèbre déclaration de Saint Augustin, « Pour vous je suis évêque, avec vous je suis chrétien », et confie sa « crainte » et sa « consolation » : « Il me semble que quand on regarde l’évêque, son appel, sa tâche, ces deux aspects de joie, de gratitude et aussi de crainte et tremblement ne peuvent qu’être présents. Parce que, d’un côté, ‘vivre pour’ et ‘être pour’ ne peut que faire un peu craindre. De l’autre, ‘vivre et être avec’ ne peut qu’être une consolation, le partage d’un appel, d’un chemin, d’une mission. En ce sens, quand je pense au fait d’‘être pour’, je ressens la crainte de la responsabilité, de la tâche, de la grande mission. Quand je pense à ‘être avec’, je perçois la communion dans la charité et je suis donc réconforté et consolé ».

Dans son message, Mgr Marini avait salué, outre la communauté diocésaine de Tortone, en particulier son presbyterium, affirmant : « ce sont eux les collaborateurs de l’évêque, eux ses fils et ses amis au nom de Jésus ». Pour l’évêque, explique-t-il, « ses prêtres sont vraiment ses tout premiers collaborateurs, ses tout premiers compagnons de voyage et ses tout premiers amis. D’ailleurs ceci s’enracine tout d’abord dans le sacrement de l’ordre et ensuite aussi dans la dimension de la vie d’un diocèse ». Le point de référence doit toujours être celui de Jésus avec les apôtres, la façon dont Jésus a été avec les apôtres et ce qu’ils ont été pour Jésus et l’évêque est un peu ainsi pour ses prêtres et les prêtres pour leur évêque. Je tenais beaucoup à souligner cet aspect dès le début parce que je pense que cela devra être, cela sera, avec l’aide du Seigneur, une dimension importante, fondamentale. Vraiment je le redis ici ; je porte déjà nos prêtres dans mon cœur, je les sens déjà comme des compagnons de voyage, des amis, avec lesquels avancer ensemble, et avec lesquels nous mettre à l’école de l’Esprit-Saint pour apporter aujourd’hui le Seigneur à notre peuple ».

Un « singulier » début de vie sacerdotale

Né à Gênes en 1965, Guido Marini y a vécu son enfance et sa jeunesse. C’est là qu’il est entré au séminaire avant de commencer « singulièrement » sa vie sacerdotale. En effet, en début de dernière année de séminaire, avant même d’être diacre, il est appelé par le nouvel archevêque, le cardinal Canestri, pour être son secrétaire particulier. Un travail, reconnaît-t-il « inattendu, difficile ».

Dans sa ville natale, il exercera d’autres charges : secrétaire particulier de l’évêque mais aussi directeur spirituel au séminaire, cérémoniaire, enseignant à l’université, à l’institut des sciences religieuses, puis pendant quelques années, directeur du bureau de l’éducation et de l’école, avant de devenir chancelier à la Curie et enfin préfet de la cathédrale. Et puis en 2007, l’appel inattendu à Rome où il servira pendant 5 ans et demi le pape Benoît comme maître des cérémonies, et ensuite pendant 8 ans et demi François jusqu’à ces derniers jours.

Rome, 2 papes et 14 ans de célébrations

A Rome, Mgr Marini n’épargne pas son temps, prêche des retraites spirituelles, a un ministère d’accompagnement spirituel de différentes personnes, de certains groupes de jeunes, quelques communautés religieuses, « comme tous les prêtres », indique-t-il.

Pour Mgr Guido Marini, ces14 années passées à Rome ont été « belles » et sources de « grandes grâces ». Avoir connu de près ces deux papes a été « un grand don pour ma vie et pour mon ministère », observe-t-il, « notamment parce qu’il s’agit de grands papes, différents et complémentaires ».

Chez le pape Benoît, Mgr Guido Marini a « toujours admiré la grandeur de sa pensée, de sa réflexion, la profondeur et en même temps une extraordinaire humilité ». « J’ai toujours perçu que Benoît était très grand justement parce qu’il vivait comme un tout petit », confie-t-il. Et de raconter un épisode significatif : à la fin d’une célébration de la Passion, un vendredi saint, Benoît XVI lui confie, dans la sacristie « j’ai fait quelques erreurs, vous avez bien vu, hein ? » et ajoute : « Maintenant nous devrions faire comme les bénédictins : quand ils sont dans le chœur, si l’un d’eux fait une erreur pendant la prière, il se met à genoux, attendant que l’abbé, avec son anneau, lui fasse signe de se relever… C’est ce que je devrais faire avec vous : me mettre à genoux et attendre que vous me fassiez signe de me relever ». Et Marini de conclure : « Voilà, ça, c’est Benoît ».

Chez le pape François, Mgr Marini admire « la grande force et ce grand élan qu’il a dans le cœur » et se dit « impressionné et touché » par « son désir de rejoindre tout le monde, toutes les réalités, sans laisser personne dehors ». Comme cet « enseignement » reçu au cours d’une célébration Place Saint-Pierre, pendant la prière des fidèles, lorsque le pape lui fait signe qu’il veut lui parler. « Regarde sur ta gauche », lui dit discrètement le pape. « Regarde ce papa avec son enfant sur les épaules… tu vois, c’est exactement la manière dont le Seigneur agit avec nous, il nous porte sur ses épaules avec cet amour et cette délicatesse ». Ou lorsque, présidant une procession mariale, le pape se lève soudain en voyant approcher la statue de la Vierge Marie et dit à Mgr Marini : « Viens ! Descendons [les marches du parvis] ! Parce que notre maman, on va à sa rencontre, on ne la fait pas attendre ! ».

Outre ces deux papes, parmi les nombreux maîtres qu’il estime avoir eu la chance de connaître, Mgr Marini évoque le cardinal Canestri, qui l’a ordonné diacre, puis prêtre en 1987 et qui l’a « accompagné » pendant les premières années de son ministère sacerdotal. Un « grand pasteur », dit-il. « Je le considère comme un père, pas seulement dans le sacerdoce mais aussi dans le ministère (…) il m’a beaucoup enseigné par sa sagesse, sa patience, son désir de bien, je comprenais qu’il voulait mon bien ».

Une famille unie et une jeunesse sportive

De sa famille, Guido Marini a reçu deux grands dons, la foi et l’unité : « Nous avons toujours respiré une atmosphère de foi à la maison avec mon grand-père, mes parents, ma sœur », ainsi que « la beauté et la joie d’une grande unité, de la sérénité de se savoir entre les mains de Dieu ».

Très sportif dans sa jeunesse, il a d’abord pratiqué l’escrime et le fleuret de compétition (et a même été champion régional !). Puis le tennis, participant à de nombreux tournois, jusqu’à l’âge de 17 ans. Aujourd’hui, outre la musique, Mgr Marini se dit passionné de montagne et de lecture, une lecture éclectique mais avec un intérêt particulier pour la littérature russe.

Ecouter l’Esprit-Saint et les pauvres

Interrogé sur l’action pastorale qu’il entend mener, le nouvel évêque répond qu’« il faudra s’insérer dans un sillage, dans la belle tradition de l’Eglise de Tortone…, écouter l’Esprit Saint et le Seigneur et se laisser guider avec 1 grande docilité » mais, ajoute-t-il, « je crois, toujours avec deux aspects essentiels : la communion fraternelle et 1 grand élan missionnaire. Cela n’est possible que si Jésus est le centre de notre vie ».

Quant à la question de l’aide que l’Eglise peut apporter aux personnes souffrant des conséquences de la pandémie actuelle, Mgr Marini reconnaît que « concrètement, ce n’est pas facile à dire. Mais ce qui est sûr, c’est qu’elle est appelée à donner. Il s’agit de personnes qui ont des besoins, sur tous les plans, et cette situation qui se prolonge a créé des situations de gêne sur le plan matériel, économique, mais aussi psychologique, moral, spirituel… on peut dire à 360 degrés. Je crois qu’une attitude d’écoute est nécessaire, comme le Bon Samaritain de la parabole évangélique pour, avec l’aide du Seigneur trouver les voies, les chemins afin de pouvoir répondre à ce cri qui s’élève et de trouver les aides, les soutiens, les façons d’accompagner ».

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Hélène Ginabat

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