© 32e Festival des jeunes de Medjugorje

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Festival des jeunes à Medjugorje : pour aimer, ne pas « posséder trop », conseille le pape

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Les « fausses richesses qui promettent la vie mais qui procurent la mort »

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« Avoir trop et posséder trop étouffe notre coeur et nous rend malheureux et incapables d’aimer » : c’est l’avertissement du pape François dans un message aux participants au 32e Festival des jeunes organisé au sanctuaire marial de Medjugorje, en Croatie, du 1er au 6 août 2021.

La vie chrétienne, explique-t-il, ne consiste pas à « s’assurer l’au-delà », mais « à tout donner dans la vie terrestre, en imitant ainsi le Seigneur ». Il s’agit de « passer des préceptes observés pour obtenir des récompenses à l’amour gratuit et total ».

« Si le coeur est surchargé de biens, le Seigneur et le prochain deviennent seulement des choses parmi d’autres », souligne-t-il.

Et le pape d’exhorter : « Ayez le courage de vivre votre jeunesse en vous confiant au Seigneur et en vous mettant en marche avec Lui. Laissez-vous conquérir par son regard d’amour qui nous libère de la séduction des idoles, des fausses richesses qui promettent la vie mais qui procurent la mort. N’ayez pas peur d’accueillir la Parole du Christ et d’accepter son appel. »

Voici notre traduction de ce message.

Message du pape François

Très chers !

Le Festival des Jeunes est une semaine intense de prière et de rencontre avec Jésus Christ, en particulier dans sa Parole vivante, dans l’Eucharistie, dans l’adoration et dans le sacrement de la Réconciliation. Cet événement – comme le dit l’expérience de nombreuses personnes – a la force de mettre en chemin vers le Seigneur. Et c’est le premier pas que fait aussi “l’homme riche” dont nous parlent les Evangiles synoptiques (cf. Mt 19,16-22; Mc 10,17-22; Lc 18,18-23), qui se mit en chemin, ou plutôt courut à la rencontre du Seigneur, plein d’élan et de désir de trouver le Maître pour avoir la vie éternelle en héritage, c’est-à-dire le bonheur. La devise du Festival de cette année est justement la question que ce jeune adresse à Jésus : « Que dois-je faire de bon pour avoir la vie éternelle ?». C’est une parole qui nous met devant le Seigneur ; et Lui pose son regard sur nous, nous aime et nous invite : « Viens, suis-moi » (Mt 19,21).

L’Evangile ne nous dit pas le nom de ce jeune, et cela suggère qu’il puisse représenter chacun de nous. En plus de posséder de grands biens, il semble bien éduqué et instruit, et aussi animé d’une saine inquiétude qui le pousse à chercher le vrai bonheur, la vie en plénitude. C’est pourquoi il se met en chemin pour rencontrer un guide faisant autorité, crédible et fiable. Il trouve cette autorité dans la personne de Jésus Christ et c’est pour cela qu’il lui demande : « Maître, que dois-je faire de bon pour avoir la vie éternelle ? » (Mc 10,17). Mais le jeune pense à un bien à conquérir par ses propres forces. Le Seigneur lui répond par une autre question : « Pourquoi m’interroges-tu sur ce qui est bon ? Celui qui est bon, c’est Dieu, et lui seul ! » (v. 18). Ainsi, Jésus l’adresse à Dieu, qui est le seul et le plus grand Bien, duquel vient tout autre bien.

Pour l’aider à accéder à la source de la bonté et du vrai bonheur, Jésus lui indique la première étape à parcourir, c’est-à-dire celle d’apprendre à faire le bien envers le prochain : « Si tu veux entrer dans la vie, observe les commandements. » (Mt 19,17). Jésus le ramène à la vie terrestre et lui montre le chemin pour hériter de la vie éternelle, c’est-à-dire l’amour concret pour le prochain. Mais le jeune répond qu’il a toujours fait cela et qu’il s’est aperçu qu’il ne suffit pas de suivre les préceptes pour être heureux. Alors Jésus fixe sur lui un regard plein d’amour. Il reconnaît en effet le désir de plénitude que le jeune porte dans son coeur et son inquiétude salutaire qui le met en recherche ; c’est pourquoi il éprouve de la tendresse et de l’affection pour lui.

Jésus, cependant, comprend aussi quel est le point faible de son interlocuteur : il est trop attaché aux nombreux bien matériels qu’il possède. C’est pourquoi le Seigneur lui propose une deuxième étape à parcourir, celle de passer de la logique du “mérite” à celle du don : « Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu possèdes, donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans les cieux. » (Mt 19,21). Jésus change la perspective : il l’invite à ne pas penser à s’assurer l’au-delà, mais à tout donner dans la vie terrestre, en imitant ainsi le Seigneur. C’est l’appel à une plus grande maturité, à passer des préceptes observés pour obtenir des récompenses à l’amour gratuit et total. Jésus lui demande de laisser ce qui alourdit son coeur et entrave l’amour. Ce que Jésus propose n’est pas tant un homme dépouillé de tout, qu’un homme riche de relations. Si le coeur est surchargé de biens, le Seigneur et le prochain deviennent seulement des choses parmi d’autres. Avoir trop et posséder trop étouffe notre coeur et nous rend malheureux et incapables d’aimer.

En effet, Jésus propose une troisième étape, celle de l’imitation : «Viens ! Suis-moi !». « Suivre le Christ ne peut pas être une imitation extérieure, parce que cela concerne l’homme dans son intériorité profonde. Etre disciple de Jésus veut dire être rendu conforme à (Lui) » (Benoît XVI, Lett. enc. Veritatis splendor, 21). En échange, nous recevrons une vie riche et heureuse, pleine de visages de nombreux frères et soeurs, et pères et mères et enfants… (cf. Mt 19,29). Suivre le Christ n’est pas une perte, mais un bénéfice incalculable, au contraire de la renonciation à cause d’un obstacle qui empêche le chemin. Mais ce jeune riche a le coeur divisé entre deux maîtres : Dieu et l’argent. La peur de risquer et de perdre ses biens le fait rentrer chez lui triste: « Le jeune homme s’en alla tout triste » (Mc 10,22). Il n’avait pas hésité à poser la question décisive, mais il n’a pas trouvé le courage d’accueillir la réponse, qui est la proposition de “se défaire” de soi-même et des richesse pour “se lier” au Christ, pour marcher avec Lui et découvrir le vrai bonheur.

Mes amis, Jésus dit aussi à chacun de vous : «Viens ! Suis-moi !». Ayez le courage de vivre votre jeunesse en vous confiant au Seigneur et en vous mettant en marche avec Lui. Laissez-vous conquérir par son regard d’amour qui nous libère de la séduction des idoles, des fausses richesses qui promettent la vie mais qui procurent la mort. N’ayez pas peur d’accueillir la Parole du Christ et d’accepter son appel. Ne vous découragez pas comme le jeune riche de l’Evangile ; au contraire, fixez le regard sur Marie, le grand modèle de l’imitation du Christ, et confiez-vous à elle qui, par son « me voici », a répondu sans réserve à l’appel du Seigneur. Sa vie est un don total de soi, à partir du moment de l’Annonciation jusqu’au Calvaire, où elle est devenue notre mère. Regardons Marie pour trouver la force et recevoir la grâce qui nous permet de dire notre « me voici » au Seigneur. Regardons Marie pour apprendre à porter le Christ dans le monde, comme elle l’a fait lorsque, pleine de hâte et de joie, elle s’empressa d’aller aider sainte Elisabeth. Regardons Marie pour transformer notre vie en un don pour les autres. Par son intérêt envers les époux de Cana, elle nous enseigne à être attentifs aux autres. Par sa vie elle nous montre que notre joie réside dans la volonté de Dieu, qu’il n’est pas facile de l’accueillir et de la vivre, mais que cela nous rend heureux. Oui, « la joie de l’Évangile remplit le cœur et toute la vie de ceux qui rencontrent Jésus. Ceux qui se laissent sauver par lui sont libérés du péché, de la tristesse, du vide intérieur, de l’isolement. Avec Jésus Christ la joie naît et renaît toujours ». (Exhort. ap. Evangelii gaudium, 1).

Chers jeunes, sur votre chemin avec le Seigneur Jésus, animé aussi par ce Festival, je vous confie tous à l’intercession de la Bienheureuse Vierge Marie, notre Mère céleste, en invoquant la lumière et la force de l’Esprit Saint. Que le regard de Dieu qui vous aime personnellement vous accompagne chaque jour, afin que, dans les relations avec les autres, vous puissiez être des témoins de la vie nouvelle que vous avez reçue en don. Je prie pour cela et je vous bénis, je vous demande à vous aussi de prier pour moi.

Rome, Saint-Jean-de-Latran, 29 juin 2021

FRANCOIS

Traduction de Zenit, Anne Kurian-Montabone

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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