La famille spirituelle de saint Ignace de Loyola, dont c’est la fête ce 31 juillet 2021, a rendez-vous à Marseille à la Toussaint, dans le cadre de l’Année Saint-Ignace (20 mai 2021-31 juillet 2022), comme le rappelle au micro de Radio Vatican (Adélaïde Patrignani) le père Thierry Dobbelstein, jésuite belge, assistant du Provincial des jésuites d’Europe occidentale francophone, à Paris.
Marseille et le charisme fondateur
Il explique ce que sera le rassemblement de Marseille (samedi 30 octobre-lundi 1er novembre 2021) sur le thème « Au large avec Ignace! Tous saints »: « Ce que nous en attendons, c’est d’abord de faire la fête ! Il y aura notamment un grand rassemblement prévu pour les membres de notre province à Marseille, à la Toussaint 2021, et qui réunira l’ensemble des membres de la famille ignatienne française, belge-francophone, luxembourgeoise, mais aussi grecque et mauricienne, et pourquoi pas d’autres pays. »
Il insiste aussi sur le charisme: « Aussi de retourner aux sources, de retrouver notre charisme. Nous sommes invités au cours de cette année à «voir toutes choses nouvelles en Christ», c’est le thème qui a été donné à cette année jubilaire. Vous savez que «trouver Dieu en toutes choses» est important pour Ignace de Loyola, et lui-même est parvenu à cela par étapes, en cheminant, en se laissant guider par le Seigneur. Nous-mêmes dans cette année, nous pouvons faire cette même expérience de conversion, de continuer notre conversion pour voir toutes choses nouvelles dans le Christ. »
L’année ignatienne a commencé avec l’anniversaire de la blessure d’Inigo devant Pamplune, par un boulet de canon français. Le p. Dobbelstein évoque cet événement en quelque sorte fondateur: « Le message d’Ignace de Loyola, plus qu’un message, est une expérience. C’est un homme qui a été secoué dans sa vie à quelques reprises par des boulets de canon, et l’évènement qui marque le début de cette année ignatienne est le 500e anniversaire du boulet de canon qui lui a fracassé la jambe lorsqu’il essayait de défendre la forteresse de Pampelune contre des assaillants français. C’était donc d’abord un homme de combat, et un homme qui espérait vivre de grands honneurs, et tout cela a été réduit à néant par un boulet de canon. Ignace a commencé par cet évènement-là un long travail de conversion. Il s’est progressivement laissé guider par Dieu, et il nous a offert, au travers des exercices spirituels, quelques outils qui peuvent nous aider en 2021 à nous laisser nous aussi guider par le Seigneur. »
Du boulet de canon à la pandémie
Pour le p. Dobbelstein, voilà l’attitude qu’Ignace de Loyola enseigne aujourd’hui: « Ignace s’est laissé déranger, et en nous aidant à poser notre regard sur le Christ, nous laisse être dérangé à notre tour par le Christ, par sa manière de faire, pour dire «Et moi-même ? Est-ce que j’ai envie de faire de la même manière ?» Vous devinez comment, aujourd’hui encore, ces récits sont passionnants pour ces jeunes croyants, convertis, fougueux. Il est important qu’en lisant le récit d’Ignace, ils prennent conscience que la conversion est un long processus, et que ce processus que nous vivons tous n’est jamais terminé. Il y a continuellement à se laisser guider, à continuer à apprendre, en relisant nos expériences, en découvrant aussi nos erreurs, en se disant «ça c’est une erreur que je ne ferai plus». »
« Ces expériences, pour Ignace, précise le jésuite belge, ont été l’occasion de façonner sa liberté intérieure, de relativiser ou purifier certains moyens qu’il pouvait utiliser dans sa vie pour se mettre au service de Dieu. Cela lui a permis de faire la part des choses entre ce qui était «ses projets» pour servir Dieu, pour progressivement passer au projet que Dieu pouvait avoir pour lui. »
Liberté intérieure
Il insiste sur la liberté intérieure de saint Ignace: « Il est important de ne pas nous mettre à la place de Dieu. La Compagnie de Jésus n’est pas là pour se mettre à la place de l’Église, elle n’a pas une promesse de vie éternelle, elle est simplement au service, elle n’est jamais qu’un moyen parmi bien d’autres. Une liberté intérieure qui est au service de l’essentiel. Vous connaissez cette maxime si importante pour Ignace de Loyola, pour les Jésuites : Ad Majorem Dei Gloriam, «pour une plus grande gloire de Dieu». C’est cela quelque part l’essentiel, ce qui guide nos vies, quelles que soient les circonstances. Est-ce que je suis capable de vivre cette situation en étant comme tendu vers la plus grande gloire de Dieu. Les contradictions, les contrariétés que nous vivons pour le moment, comme Ignace en a vécu dans sa vie, peuvent être l’occasion de changer, de transformer notre regard, et de nous rendre compte que Dieu nous attend. Il continue à être là, à nous attendre et à nous guider, même si nos projets, qui étaient trop personnels, sont complètement bousculés. »