Dix personnes – dont le cardinal Becciù – et quatre sociétés sont assignées en justice par le Vatican, dans le cadre d’un procès qui s’ouvrira le 27 juillet 2021. Dans le viseur du Saint-Siège : les investissements financiers de la Secrétairerie d’Etat à Londres.
Ce procès est le résultat d’une enquête de deux ans, qui a mis en lumière « un vaste réseau de relations avec des acteurs de marchés financiers ayant généré des pertes importantes pour les finances vaticanes » et ayant touché même les fonds destinés aux oeuvres caritatives du pape, indique le Saint-Siège ce 3 juillet.
L’enquête, ouverte en juillet 2019, a vu émerger « des éléments à charge » contre l’ancien substitut pour la Secrétairerie d’Etat et préfet de la Congrégation pour les causes des saints. Le cardinal Angelo Becciu est donc inculpé – avec l’autorisation du pape – pour détournement de fonds, abus de pouvoir, en bande organisée et avec subornation de témoins.
Le Saint-Siège publie la liste de neuf autres personnes citées à comparaître par le promoteur de Justice : d’anciens employés du petit Etat, y compris au sommet de l’Autorité d’information financière (AIF) ainsi que des personnes du monde de la finance internationale.
Il s’agit du Suisse René Brülhart, président de l’AIF de 2014 à 1019 (pour abus de pouvoir) ; du prêtre italien Mauro Carlino, ancien secrétaire du substitut de la Secrétairerie d’Etat (extorsion et abus de pouvoir) ; de l’Italien Enrico Crasso, ancien gérant du patrimoine confidentiel de la Secrétairerie d’Etat (détournement de fonds, corruption, extorsion, recyclage, fraude, contrefaçon d’acte public et d’actes privés) ; de l’Italien Tommaso Di Ruzza, directeur de l’AIF de 2015 à 2019 (détournement de fonds, abus de pouvoir, violation du secret professionnel) ; de la gestionnaire italienne Cecilia Marogna (détournement de fonds) ; du financier italien Raffaele Mincione (détournement de fonds, fraude, abus de pouvoir, malversation) ; de l’avocat italien Nicola Squillace (fraude, malversation, recyclage) ; de l’employé du Bureau administratif de la Secrétairerie d’Etat Fabrizio Tirabassi (corruption, extorsion, détournement de fonds, fraude, abus de pouvoir) ; et du financier italien Gianluigi Torzi (extorsion, fraude et détournement de fonds, recyclage).
Quatre sociétés sont également imputées : HP Finance LLC, Prestige Family Office et Sogenel Capital Investment, liées à Enrico Crasso ; Logsic Humanitarne Dejavnosti, liée à Cecilia Marogna.
La Secrétairerie d’Etat se porte partie civile de ce procès. L’enquête, ouverte sur dénonciation de l’Oeuvre pour les Instituts de religion (IOR, institut financier du Vatican), a été réalisée en collaboration avec l’Italie, mais aussi avec les Emirats arabes unis, la Grande Bretagne, Jersey, le Luxembourg, la Slovénie, la Suisse.