Le pape François invite les chefs d’entreprises à « investir dans le bien commun », dans un message vidéo adressé à l’Association chrétienne argentine des chefs d’entreprise (ACDE), ce mercredi 30 juillet 2021, à l’occasion de leur 24ème réunion annuelle (30 juin-1er juillet) sur le thème: « Vers un capitalisme plus humain ». Il invite aussi à la « créativité » et à créer des emplois.
Les chefs d’entreprises argentins se donnent en effet pour objectif d’examiner l’économie et la société en Argentine, en explorant la manière dont les entreprises devraient évoluer pour susciter la prospérité et le développement pour tous, en trouvant les moyens d’atténuer les effets économiques et sociaux de la pandémie.
Le pape les exhorte à se montrer « créatifs et audacieux » lorsqu’ils investissent dans le bien commun, pour une meilleure économie: « la créativité vient toujours de la base » et cette rencontre – un défi à la créativité – devrait tendre à créer du travail, alors que la pandémie a fait perdre leur travail à de nombreuses personnes.
Le pape François fait observer que la vision chrétienne de l’économie et de la société diffère de la vision païenne ou idéologique car elle naît du message de Jésus et des Béatitudes dans l’Evangile de Matthieu (Mt 25).
Pour le pape, « tout le monde doit participer à la construction d’une communauté qui soit juste, économiquement et socialement, pour tous : syndiqués et entrepreneurs, travailleurs et dirigeants »: « Nous devons suivre la voie de l’économie sociale. »
Avec le langage imagé qu’il affectionne, le pape pointe le danger pour la finance de « finir comme la chaîne de saint Antoine – en nous faisant croire qu’il y a beaucoup et, finalement, nous découvrons qu’il n’y a rien ».
Au contraire, le pape invite les chefs d’entreprise à « revenir à l’économie de ce qui est tangible », sans perdre de vue le « réel » que sont la famille, la patrie et la production qui est « le travail de tous », et que le travail ne devrait pas manquer.
« L’économie est sociale », martèle le pape: dans une société où la pauvreté est largement répandue, il est important de se demander comment se porte l’économie, « si elle est juste, si elle est sociale », ou si elle poursuit simplement des intérêts personnels.
Le pape dénonce aussi l’argent qui dort dans des paradis fiscaux au lieu d’être investi dans le bien commun pour qu’il travaille pour le bien de tous: « Investir signifie donner la vie, créer : c’est créatif. Savoir comment investir, ne pas cacher ». Pour le pape, on se cache quand on n’a pas la conscience claire.
Le pape argentin raconte ce que l’on dit à la campagne en Argentine quand une vache ne donne pas de lait : on se demande pourquoi elle « cache » son lait. Quand on cache, « c’est parce que quelque chose ne va pas » et, pour éviter cela, il faut de la clarté, de la transparence et de la production, pour construire progressivement la confiance sociale.
Le pape leur donne un modèle: il évoque en effet sa joie lorsqu’il a signé le décret de la Congrégation pour les causes des saints reconnaissant les vertus héroïques d’Enrique Shaw, un homme d’affaires argentin mort d’une tumeur maligne en 1962, à l’âge de 41 ans. Il a demandé au nouveau « vénérable » d’accompagner les chefs d’entreprise dans leur rencontre et de les aider à « aller de l’avant ».
Le pape dit son espérance que la rencontre des chefs d’entreprises argentins soit utile et qu’il prie Notre Dame de protéger les participants: « Soyez créatifs, soyez audacieux et, s’il vous plaît, priez aussi pour moi », a conclu le pape.
