Elena Liotta, capture Vatican Media

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Pour les personnes âgées, la solitude «peut être mortelle», témoigne Elena Liotta

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Présentation de la Journée mondiale des grands-parents

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« La solitude est mauvaise pour tout le monde, mais pour les personnes âgées, elle peut être mortelle », a affirmé Elena Liotta, du mouvement des « Jeunes pour la paix » (« Giovani per la pace », Communauté de Sant’Egidio), à la conférence de presse de présentation de la première Journée mondiale des grands-parents et des personnes âgées, ce mardi 22 juin 2021, au Vatican.

Cette Journée, dont la présentation a été accompagnée par la publication du Message du pape François, sera célébrée tous les ans le quatrième dimanche de juillet. Cette année, ce sera le 25 juillet, sur le thème : « Je suis avec toi tous les jours » (cf. Mt 28, 20).

La première fois qu’elle a revu certaines personnes âgées, après 8 mois de distanciation forcée, a raconté la jeune femme habituée à leur rendre visite dans des institutions, « il leur a fallu plusieurs minutes pour me reconnaître ».

Et elle a témoigné de « la joie immense », « une véritable résurrection », éprouvée lorsque « nous nous sommes reconnus et retrouvés grâce au souvenir d’une amitié construite au fil des ans », « avant que la covid-19 ne change nos vies ».

Comment sortir meilleurs de la pandémie, comme y invite le pape ? « Pour nous, les jeunes, répond Elena, « cela signifie prendre la responsabilité de sortir de notre concentration sur nous-mêmes, de notre narcissisme, et de construire des réseaux et des liens entre les générations ».

HG

Témoignage d’Elena Liotta

Je m’appelle Elena. La première fois que j’ai été invitée à rendre visite à des femmes âgées dans un institut du centre de Rome, je venais de commencer l’école secondaire. Je peux dire que j’ai reçu la grâce de l’amitié avec les personnes âgées dès mon plus jeune âge. J’ai découvert un monde inconnu et fascinant, même si apparemment si lointain ; nous marchons à des vitesses opposées, nous avons l’impression d’être le début, elles ont l’impression d’être la fin. Et pourtant, dans mon amitié avec elles, j’ai trouvé un trésor : le besoin et la joie de s’arrêter et d’écouter ; la beauté d’une vraie rencontre, non arbitrée par le détachement imposé par les réseaux sociaux. J’ai appris à marcher avec ceux qui sont plus fragiles, à ajuster mon rythme, sans la hâte de courir après les engagements et les opportunités qui, à la fin, te laissent insatisfaite et vide à l’intérieur. Dans un monde qui idolâtre l’argent et la réussite personnelle comme mesure du bien-être, j’ai appris à valoriser chaque moment vécu avec ceux qui t’aiment. Au cours de longues conversations avec ces personnes, j’ai découvert mes racines, ce qu’était Rome avant ma naissance, le dur labeur d’une génération qui a reconstruit l’Italie, sacrifiant son présent pour me donner, ainsi qu’à de nombreux enfants et petits-enfants, un avenir meilleur. Les personnes âgées sont l’Histoire au milieu de nous.

Ces mois de pandémie ont été très difficiles : pour les personnes âgées qui ont souffert de la solitude, surtout pour les personnes âgées placées dans des institutions, maintenues trop longtemps dans un isolement forcé ; mais aussi pour nous, qui les aimons, qui nous sentons comme leurs petits-enfants adoptifs, presque comme Jean qui est devenu le fils de Marie sous la croix. Certes, les appels vidéo et de nombreuses nouvelles technologies nous ont aidés à ne pas oublier les visages et les voix, à avoir des nouvelles, à faire sentir notre affection, mais ils n’ont pas pu remplacer la beauté, la joie, l’immédiateté des visites. La solitude est mauvaise pour tout le monde, mais pour les personnes âgées, elle peut être mortelle. Durant ces mois de pandémie, j’ai souvent pensé à la condition des personnes âgées en institution, confinées dans leur lit, entre la terreur de tomber malade et l’angoisse de l’isolement : la première fois que nous nous sommes revus avec certains d’entre eux, il leur a fallu plusieurs minutes pour me reconnaître. Alors, avec patience, nous avons reconstitué l’histoire de notre amitié, les circonstances de notre première rencontre, les choses que nous faisions ensemble avant que la covid-19 ne change nos vies, comme le rendez-vous hebdomadaire pour la prière, les promenades dans le centre de Rome. Nous nous sommes reconnus et retrouvés grâce au souvenir d’une amitié construite au fil des ans. Les revoir après plus de huit mois a été une joie immense, une véritable résurrection.

Nous pouvons sortir meilleurs de la pandémie, comme nous le rappelle souvent le pape. Mais pour nous, jeunes, cela signifie prendre la responsabilité de sortir de notre concentration sur nous-mêmes, de notre narcissisme, et de construire des réseaux et des liens entre les générations. L’alliance entre jeunes et personnes âgées est une grâce non seulement pour ceux qui la vivent, mais aussi pour toute une société malade du présentisme, incapable de visions d’avenir parce que sans mémoire, comme des graines qui tombent sur un terrain rocailleux et improductif. Sans mémoire, lorsque le présent semble sombre et dépourvu de perspectives d’espoir, il est difficile d’imaginer l’avenir et de rêver. Sans mémoire, les tempêtes semblent gigantesques et impossibles à surmonter. L’alliance entre jeunes et personnes âgées est la grande ressource pour affronter les tempêtes et rêver d’un avenir différent, un avenir meilleur pour tous.

[Original en italien]

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Hélène Ginabat

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