« C’est sur le chemin de la faiblesse que l’Eglise retrouve la force, quand elle ne se fait pas confiance à elle-même et qu’elle ne se sent pas protagoniste, mais qu’elle demande pardon et invoque la sagesse du Seul qui peut la donner », écrit Andrea Tornielli en évoquant la lutte contre les abus dans un éditorial publié par les médias du Vatican.
Le directeur éditorial du Dicastère pour la communication énumère les « précieuses indications » contenues dans la lettre du Pape François refusant la démission du cardinal Reinhard Marx. L’archevêque de Munich avait souhaité quitter sa charge en « coresponsabilité » de la mauvaise gestion des abus dans l’Eglise.
Le pape, explique Andrea Tornielli, avertit notamment contre la tentation « d’attribuer une valeur de salut aux structures, au pouvoir de l’institution, aux normes législatives pourtant nécessaires, toujours plus détaillées et sévères… aux logiques de la représentation politique transférées sur les processus synodaux, aux stratégies de marketing appliquées à la mission, au narcissisme communicatif des effets spéciaux ».
La lettre du pape peut sembler « une non-réponse », note-t-il : « Parce qu’elle ne nous enlève pas du grill, elle ne referme pas la blessure, elle ne nous permet pas d’accuser avec le doigt levé ceux qui se trompent… Elle demande à chacun d’“entrer dans la crise” et de confesser son impuissance, sa faiblesse, sa petitesse face au mal et au péché, que ce soit le péché satanique des abus sur les mineurs ou le péché de sauver l’Eglise grâce à nos idées, à nos stratégies, à nos constructions humaines. »
En 2010, rappelle le directeur éditorial, « en plein milieu de la tempête causée par le scandale des abus en Irlande », le pape Benoît XVI avait indiqué « le chemin pénitentiel comme le seul chemin à parcourir, en se disant convaincu que la plus grande attaque contre l’Eglise ne venait pas d’ennemis extérieurs, mais de l’intérieur ».
« Aujourd’hui, constate Andrea Tornielli, son successeur François, avec une consonance de regards et d’accents, rappelle que la réforme, dans l’Ecclesia semper reformanda, ne se réalise pas avec des stratégies politiques, mais avec des hommes et des femmes qui se laissent “réformer par le Seigneur”. »