Journée mondiale 2021 des légumineuses, capture @ canal YouTube de la FAO

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FAO : le pape plaide pour un « système alimentaire mondial » fort

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La faim au plus haut niveau depuis 50 ans

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La reprise économique après la pandémie est « l’occasion d’inverser la tendance suivie jusqu’à maintenant et d’investir dans un système alimentaire mondial capable de résister aux futures crises », affirme le pape François dans un message à l’occasion de la conférence de la l’Organisation de l’ONU pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), ce 14 juin 2021.

Le pape a adressé son message en espagnol à Michal Kurtyka, ministre du climat et de l’environnement de Pologne et président de cette XLIIème conférence de la FAO dont les travaux se tiennent à Rome du 14 au 18 juin prochain.

Le facteur fondamental pour sortir de la crise actuelle, a souligné le pape, est « une économie à l’échelle humaine, non soumise au seul profit, mais ancrée dans le bien commun, amie de l’éthique et respectueuse de l’environnement ».

Il a également fait observer que, « l’année dernière, le nombre des personnes exposées au risque d’insécurité alimentaire aiguë et ayant besoin d’un soutien immédiat pour survivre, a atteint le chiffre le plus élevé de ces cinquante dernières années ».

Voici notre traduction du Message du pape François.

Message du pape François

Le moment actuel, encore marqué par la crise sanitaire, économique et sociale provoquée par la Covid-19, montre combien le travail effectué par la FAO dans la recherche de réponses appropriées au problème de l’insécurité alimentaire et de la dénutrition, qui continue d’être de grands défis de notre temps, est particulièrement pertinent. Malgré les résultats obtenus au cours des décennies passées, beaucoup de nos frères et sœurs n’ont pas encore accès, en quantité comme en qualité, à l’alimentation nécessaire.

L’année dernière, le nombre des personnes exposées au risque d’insécurité alimentaire aiguë et ayant besoin d’un soutien immédiat pour survivre, a atteint le chiffre le plus élevé de ces cinquante dernières années. Cette situation pourrait s’aggraver à l’avenir. Les conflits, les phénomènes météorologiques extrêmes, les crises économiques, ajoutées à la crise sanitaire actuelle, représentent une source de famine et de faim pour des millions de personnes. C’est pourquoi, pour affronter ces vulnérabilités croissantes, l’adoption de politiques capables de faire face aux causes structurelles qui les provoquent est fondamentale.

Pour apporter une solution à ces besoins, il importe surtout de veiller à ce que les systèmes alimentaires soient résilients, inclusifs, durables et capables de fournir une nourriture saine et accessible à tous. Dans cette perspective, le développement d’une économie circulaire, qui garantisse des ressources pour tous, y compris pour les générations futures, et qui promeuve l’usage d’énergies renouvelables, est bénéfique. Le facteur fondamental pour sortir de la crise qui nous frappe est une économie à l’échelle humaine, non soumise au seul profit, mais ancrée dans le bien commun, amie de l’éthique et respectueuse de l’environnement.

La reconstruction des économies post-pandémiques nous donne l’occasion d’inverser la tendance suivie jusqu’à maintenant et d’investir dans un système alimentaire mondial capable de résister aux futures crises. En fait partie la promotion d’une agriculture durable et diversifiée, qui tienne compte du rôle précieux de l’agriculture familiale et de celles des communautés rurales. De fait, il est paradoxal de constater que ce sont justement ceux qui produisent la nourriture, qui en subissent le manque ou la pénurie. Les trois quarts des pauvres du monde vivent dans les zones rurales et dépendent principalement de l’agriculture pour subvenir à leurs besoins. Toutefois, à cause du manque d’accès aux marchés, à la possession de la terre, aux ressources financières, aux infrastructures et aux technologies, ces frères et sœurs sont les plus exposés à l’insécurité alimentaire.

Je salue et j’encourage les efforts de la communauté internationale visant à faire en sorte que tous les pays puissent mettre en œuvre les mécanismes nécessaires pour atteindre leur autonomie alimentaire, à travers de nouveaux modèles de développement et de consommation, ou à travers des formes d’organisation communautaire qui préservent les écosystèmes locaux et la biodiversité (cf. Encyclique Laudato si’, n. 129, 180). Le recours au potentiel de l’innovation pourrait être d’une grande aide pour soutenir les petits producteurs et les aider à améliorer leurs capacités et leur résilience. Dans cette optique, le travail que vous effectuez revêt une importance particulière en cette période de crise.

Dans la situation actuelle, pour pouvoir lancer la reprise, l’étape fondamentale est la promotion d’une culture du soin, disposée à affronter la tendance individualiste et agressive du déchet, très présente dans nos sociétés. Alors qu’un petit nombre sème tensions, affrontements et mensonges, nous sommes au contraire invités à construire, avec patience et détermination, une culture de la paix orientée vers des initiatives qui embrassent tous les aspects de la vie humaine et nous aident à refuser le virus de l’indifférence.

Chers amis, il ne suffit pas simplement d’élaborer des programmes pour donner une impulsion à l’action de la communauté internationale ; il faut des gestes tangibles qui aient comme référence notre appartenance commune à la famille humaine et la promotion de la fraternité. Des gestes qui facilitent la création d’une société promotrice d’éducation, de dialogue et d’équité.

La responsabilité individuelle suscite la responsabilité collective, qui encourage la famille des nations à assumer des engagements concrets et effectifs. Il est pertinent que « nous ne pensions pas seulement à nos intérêts, à des intérêts particuliers. Prenons ce test comme une occasion de préparer l’avenir de tous, sans exclure personne : tous. Parce que, sans une vision d’ensemble, personne n’aura d’avenir ». (Homélie de la messe de la Divine Miséricorde, 19 avril 2020.

Je vous adresse, Monsieur le Président de la Conférence, Monsieur le Directeur général de la FAO, ainsi qu’aux représentants des différentes nations et Organisations internationales et aux autres participants, mes salutations cordiales et je tiens à vous exprimer ma gratitude pour vos efforts. Le Saint-Siège et l’Eglise catholique, avec leurs structures et leurs institutions, soutiennent les travaux de cette Conférence et vous accompagnent dans votre engagement en faveur d’un monde plus juste, au service de nos frères et sœurs sans défense et démunis.

Fraternellement.

© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat

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Hélène Ginabat

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