Le cardinal allemand Reinhard Marx a remis au pape François sa démission, dans une lettre rendue publique ce 4 juin 2021 : une décision « personnelle », pour assumer sa « corresponsabilité » dans la gestion de la « catastrophe des abus sexuels ». Le pape n’a pas encore accepté.
Le cardinal Marx est membre du “Conseil des cardinaux“ créé par le pape en 2013 pour l’aider dans la réforme de la Curie romaine. Il est aussi coordinateur du Conseil pour l’économie du Saint-Siège. Il a été président de la Commission des Episcopats de l’Union européenne (Comece) et de la Conférence épiscopale d’Allemagne.
« Nous avons failli… je dois en tirer des conséquences personnelles », affirme l’archevêque de Munich et Freising âgé de 67 ans, dans sa lettre datée du 21 mai. Il pointe du doigt dans l’Eglise « des erreurs personnelles », des « échecs administratifs », mais aussi « une défaillance institutionnelle et systémique ».
Ni « une simple amélioration de l’administration » ni l’identification des responsables ne sont suffisantes, martèle-t-il, il faut « un renouveau global ». Il faut « des changements et une réforme de l’Eglise », ajoute-t-il en déplorant que « certains représentants de l’Eglise ne veulent pas accepter cette corresponsabilité ni la co-culpabilité de l’institution ».
« Je sens personnellement ma faute et ma coresponsabilité dans le silence, les omissions et le poids donné au prestige de l’institution », déclare-t-il en voulant assumer sa « corresponsabilité » : « Je suis prêt à assumer aussi personnellement la responsabilité, non seulement pour mes erreurs personnelles, mais aussi pour l’Institution Eglise… pour le bien d’un recommencement nécessaire. »
Comme prêtre depuis 42 ans, et évêque depuis 25 ans, « il est évident que je serai confronté à mes éventuelles erreurs et omissions dans des cas individuels », souligne le cardinal Marx dans un texte accompagnant la lettre. Mais plus encore : « En tant qu’évêque, j’ai une “responsabilité institutionnelle“ pour toutes les actions de l’Eglise, y compris pour ses problèmes institutionnels et pour son échec par le passé. N’ai-je pas moi-même contribué, par mon comportement à promouvoir des formes négatives de cléricalisme et une fausse préoccupation pour la réputation de l’Institution Eglise ? »
« Le regard sur les victimes d’abus sexuels a-t-il toujours été vraiment le Leitmotiv central ? » se demande aussi le cardinal, qui estime que « la négligence et le désintérêt pour les victimes a été certainement notre plus grande faute par le passé ».
L’archevêque démissionnaire, auquel le pape a communiqué qu’il pouvait continuer son service jusqu’à ce qu’il ait pris une décision à ce sujet, rappelle enfin que « ce n’est pas la charge qui doit être au premier plan », mais « la mission de l’Evangile ».
Un rapport sur la gestion des abus dans le diocèse de Munich, réalisé par une agence indépendante, devrait être publié prochainement. Le cardinal assure dans sa lettre que ce travail n’a pas joué dans sa démission, née de remises en question qui l’habitent depuis plusieurs années.