Depuis le sanctuaire de Notre Dame du Liban, à Harissa, le marathon de prière du mois de mai 2021, 18h, comme chaque soir (heure de Rome) a été en quelque sorte un chapelet – mystères joyeux du rosaire – de tous les records, ce samedi 29. Citons-en quelques uns. Lundi, le marathon sera à Poméi, sur les pas de Bartholo Longo, et lundi dans les Jardins du Vatican, devant le tableau de Marie qui dénoue les noeuds du ruban des noces bavaroises, mais pas seulement.
Harissa des records
Record de longueur – environ 1h 40, on a vu la nuit tomber peu à peu sur le promontoire de la Vierge de Harissa, face à la mer, record de participation dans l’immense basilique, record de présence de jeunes – 31 jeunes pour les 31 jours du marathon et du mois de mai, 4 jeunes portant des cierges pour les 4 points cardinaux, 12 jeunes pour porter la statue de Marie au grand manteau de velours bleu, pour signifier les 12 apôtres, 70 autres jeunes pour signifier un rosaire vivant.
Record de présence de patriarches: le patriarche maronite Béchara Boutros Raï et le patriarche d’Antioche des syriens Ignace Youssef III Younan ont pris la parole.
Record d’universalité aussi avec le chapelet prié en 10 langues pour représenter des communautés présentes au Liban: arabe, français, italien, arménien, anglais, espagnol, araméen, grec, tagalog (philippin), portugais.
Record de gestes significatifs, avec notamment le couronnement par le cardinal Raï, sous les applaudissements, de la statue de la Vierge portée en procession, tandis que le choeur interprétait un Ave Maria de Caccini orientalisé avec créativité.
Et avec la bénédiction donnée par le card. Raï par l’icône de la Vierge remise ensuite dans sa cachette, par un mécanisme qui rappelle les églises baroques où l’on fait apparaître ou disparaître un tableau ou une statue selon la fête liturgique.
Record de remerciements au pape François cité de nombreuses fois à différents moments de la célébration. Le pape est attendu avec ferveur au Liban.
On a spécialement prié, le patriarche Younan l’a rappelé, en italien, pour les personnes consacrées.
Un record aussi pour la beauté du sanctuaire, des images et des symboles: le promontoire de la Vierge sur la mer, qui s’aperçoit à travers la grande verrière depuis l’intérieur du sanctuaire. Et le grand cèdre du Liban projeté sur le vêtement de la statue de Marie.
Zenit publie un album de photos sur sa page facebook.
Le chapelet à Pompéi
A la fin de la célébration, on a annoncé passer le témoin de la prière au sanctuaire marial de Notre-Dame du Rosaire de Pompéi, en Italie, près de Naples.
Le marathon de prière pour demander la fin de la pandémie par l’intercession de la Vierge Marie sera, dimanche 30 mai 2021, à 18h, heure de Rome, comme chaque soir en ce mois de Marie, fera en effet halte en effet au sanctuaire de
Notre Dame du Rosaire de Pompéi: un sanctuaire « pontifical » dû au bienheureux Bartolo Longo que S. Jean-Paul II cite à la fin de sa l
ettre apostolique sur le rosaire (16 octobre 2002).
Il écrit notamment: « Le bienheureux Bartolo Longo eut un charisme spécial, celui de véritable apôtre du Rosaire. Son chemin de sainteté s’appuie sur une inspiration entendue au plus profond de son cœur: « Qui propage le Rosaire est sauvé! ». À partir de là, il s’est senti appelé à construire à Pompéi un sanctuaire dédié à la Vierge du Saint Rosaire près des ruines de l’antique cité tout juste pénétrée par l’annonce évangélique avant d’être ensevelie en 79 par l’éruption du Vésuve et de renaître de ses cendres des siècles plus tard, comme témoignage des lumières et des ombres de la civilisation classique. Par son œuvre entière, en particulier par les « Quinze Samedis », Bartolo Longo développa l’âme christologique et contemplative du Rosaire; il trouva pour cela un encouragement particulier et un soutien chez Léon XIII, le « Pape du Rosaire ». »
Le ruban des noces bavaroises et les noeuds des disputes
Et lundi, 31 mai, dans les Jardins du Vatican, devant le tableau de Marie qui « défait des noeuds », également à 18h, fuseau horaire de Rome, en présence du pape François.
C’est d’ailleurs la tradition, pour la fête de la Visitation, le 31 mai, que l’on prie le chapelet dans les Jardins du Vatican en terminant à la grotte de Lourdes, mais le geste prend une signification spéciale, en couronnement de ce « marathon » de prière pour demander la fin de la pandémie.
L’original de ce tableau se trouve dans l’église Sankt Peter am Perlach à Augsbourg, en Bavière (Allemagne). Le pape l’a connu par la carte de voeu qu’une religieuse lui a adressée une année pour Noël, et non pas en se rendant lui-même à Augsbourg: c’est ce qu’il a expliqué dans son entretien de mars 2017 au quotidien allemand Die Zeit. Il en a fait faire une copie à Buenos Aires à l’artiste Ana Maria Betta de Berti. Il a fait venir une copie au Vatican en 2013.
L’auteur du tableau d’Augsbourg est un peintre allemand, Johann Georg Melchior Schmidtner (1625 – 1705), qui l’a réalisé vers 1700 à la demande d’un chanoine de l’église de Saint-Pierre, Jérôme Ambroise von Langenmantel (1666-1709), en action de grâce pour la réconciliation de ses grands parents.
Un ruban faisait partie alors du rituel du mariage: les époux le tenaient autour de leurs mains jointes, au moment d’échanger leurs promesses, pour marquer les liens indissolubles de leur union devant Dieu.
Wolfgang Langenmantel (1586–1637), marié à Sophia Rentz (1590–1649) depuis trois ans, était proche de la séparation d’avec sa femme lorsqu’il a rendu visite, à pied, au père jésuite autrichien Jakob Rem (1546-1618) à Ingolstadt, le 28 septembre 1615. Le p. Rem a prié devant un tableau de Notre-Dame des Neiges, tenant en main leur ruban de noces. Sophie le lui avait confié. Chaque noeud représentait une dispute avec son mari. Le jésuite demanda à la Vierge Marie de défaire ces noeuds et de redonner la paix au couple. Il aurait vu les noeuds se défaire un à un et le ruban devenir lisse comme le jour des noces et d’un brillant quasi surnaturel. C’est ce « miracle » que le p. Langenmantel a demandé à Schmidtner de représenter.
Toujours dans le Zeit, le pape François rappelle le sens théologique à partir d’un passage du Adversus Haereses de S. Irénée de Lyon (IIe s.) : « Par sa désobéissance, Ève a créé le nœud qui a étranglé le genre humain. Par son obéissance, Marie l’a dénoué. Ce qu’Ève a noué par son incrédulité, la Vierge Marie l’a dénoué par sa foi » (AH III, 22, 4). Un texte implicitement cité par Lumen Gentium: « La foi de Marie dénoue le nœud du péché » (n. 56).