Colombe de l'Esprit Saint, gloire du Bernin, Saint-Pierre de Rome, capture CTV

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« La Pentecôte est la fête de l’union, de la compréhension et de la communion humaine »

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Méditation sur les lectures de dimanche

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« La Pentecôte est la fête de l’union, de la compréhension et de la communion humaine », écrit Mgr Francesco Follo en méditant sur les lectures de dimanche (23 mai 2021 – Année B – Ac 2,1-11; Ps 103; Gal 5,16-25; Jn 15,26-27; 16,12-15).

C’est l’Esprit, souligne l’observateur du Saint-Siège auprès de l’Unesco à Paris, « qui nous fait comprendre que le Croix n’est pas un échec, qu’elle est le triomphe de l’amour sur tout, de l’Amour qui donne la vie, en ce sens qu’Il l’offre pour nous et que c’est elle qui nous fait vivre ».

Introduction : de la tour de Babel au Cénacle à Jérusalem.
La première lecture de la Messe de ce jour (Ac 2, 1-11) qui nous parle de la descente de l’Esprit Saint sur les Apôtres réunis avec Marie au Cénacle, a en arrière-plan le récit de la construction de la tour de Babel (cf. Gn 11, 1-9). Mais qu’est-ce que Babel ? C’est la capitale d’un royaume dans lequel les hommes ont concentré tellement de pouvoir qu’ils pensent de ne plus avoir besoin de se référer à un Dieu lointain. Ils se voient si puissants qu’ils peuvent construire par eux-mêmes un chemin qui mène au ciel pour ouvrir ses portes et se mettre à la place de Dieu. Mais s’il est possible de construire une société sans Dieu, elle sera toujours contre l’homme et son désir de bien vivre ensemble dans la paix.
En fait, pendant que les hommes travaillaient ensemble pour construire cette tour, il est arrivé qu’ils se sont soudainement rendus compte qu’ils construisaient les uns contre les autres. Alors qu’ils essayaient d’être comme Dieu, ils couraient le danger de ne plus être des hommes, car ils avaient perdu un élément fondamental de l’être humain : la capacité de s’entendre, de se comprendre et de travailler ensemble.
L’histoire de la Tour de Babel n’a pas perdu de sa pertinence. Là où l’homme veut se passer de Dieu, il devient de moins en moins capable d’aimer et, donc, il devient de moins en moins homme. En fait, avec les progrès de la science et de la technologie, en particulier celle du numérique, qui se développe rapidement et étonnamment, l’être humain a une grande capacité à contrôler les forces de la nature, à manipuler les éléments, à fabriquer des êtres vivants, atteignant presque l’être humain lui-même, en utilisant l’intelligence artificielle. Dans cette situation, prier Dieu semble quelque chose de dépassé, inutile, car l’homme peut construire et accomplir tout ce qu’il veut. Il ne se rend pas compte qu’il vit la même expérience de Babel. C’est vrai, nous avons multiplié les possibilités de communiquer, d’avoir des informations, de transmettre des nouvelles, mais peut-on dire que la capacité de se comprendre a grandi ou peut-être, paradoxalement, se comprend-on de moins en moins ? Un sentiment de méfiance, de suspicion, de peur réciproque ne semble-t-il pas se répandre parmi les hommes, au point de devenir même dangereux l’un pour l’autre ? Bref, peut-il vraiment y avoir unité, harmonie entre les hommes ? Et comment ?
Aujourd’hui, avec la célébration de la solennité de la Pentecôte, la réponse à ces questions nous est à nouveau donnée : l’unité ne peut exister qu’avec le don de l’Esprit de Dieu, qui nous donnera un cœur nouveau et une langue nouvelle, une capacité nouvelle de communiquer et vivre dans une communion solide et fraternelle, en surmontant progressivement toutes les formes de division. Vivons donc cette fête en accueillant l’Esprit vivifiant et consolateur.

1) Accueillir l’Esprit, le Consolateur parfait.
Dans le passage de l’évangile de ce dimanche de Pentecôte Jésus dit :
« Quand viendra le Défenseur, que je vous enverrai d’auprès du Père, lui, l’Esprit de vérité qui procède du Père, il rendra témoignage en ma faveur. Et vous aussi, vous allez rendre témoignage, car vous êtes avec moi depuis le commencement. » (Jn 15, 26 – 27).
Durant sa vie sur terre, Jésus était le Consolateur : « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. » (Mt 11,28). Quand Jésus promet le Consolateur, c’est comme s’il disait : « Venez à lui, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et il vous procurera le repos ».
Comment ce « Consolateur » fait-il pour nous consoler ? Il console en témoignant à notre esprit que nous sommes des enfants de Dieu (cf. Rm 8,16). Et la preuve que nous sommes des enfants de Dieu se trouve dans le fait que Dieu a envoyé l’Esprit de son Fils dans nos cœurs, et cet Esprit crie : « Abbà, c’est-à-dire Père (Cf. Gal 4, 6).
Etre consolé est une très belle expérience, que nous désirons tous et dont nous avons tous besoin.
Que de fois sommes-nous en quête de quelqu’un qui nous console, prenne soin de nous, nous montre son affection et de son attention. La Pentecôte nous rappelle que la vraie consolation vient du Seigneur, plein de miséricorde.
Ce Dieu « console son peuple ; de ses pauvres, il a compassion » (Is 49, 13) et proclame : « Consolez, consolez mon peuple, – dit votre Dieu – (Is 40, 1); C’est moi, c’est moi qui vous console » (Is 51, 12). Ce Dieu du réconfort (cf. Rm 15, 5 et 2 Cor 1, 3) ne se lasse pas de répéter : « Comme un enfant que sa mère console, ainsi, je vous consolerai ; Oui, dans Jérusalem, vous serez consolés. » (Is 66, 13). Dieu nous console dans toutes nos détresses, pour que nous puissions nous aussi, à notre tour, consoler ceux qui souffrent d’une quelconque affliction, en leur apportant, avec amour, ce réconfort que nous avons reçu nous-mêmes de Dieu (2 Cor 1, 3ss).
Cette vérité nous touche beaucoup, mais nous avons du mal, hélas, à l’accepter. Paradoxalement, nous peinons à nous ouvrir totalement, à nous rendre disponibles et humbles, pour accueillir ce réconfort « spirituel » et le vrai Consolateur qui vient d’en haut.
Pour ne pas refuser ce don, il ne faut pas faire comme le jeune homme riche qui a préféré tourner le dos au Christ plutôt que de renoncer à ses biens, sources de fausses et trompeuses illusions de réconfort. Il nous faut réclamer avec insistance et accueillir avec joie ce don de l’Esprit, ainsi nous persévèrerons sur le chemin de la vraie conversion vers la maison du Père et celui du témoignage pour le monde entier.

2) De Saints témoins de la miséricorde.
Le Consolateur n’a pas seulement le don d’adoucir les souffrances physiques ou spirituelles des croyants, mais également de transformer le disciple en témoin : « L’Esprit de vérité… rendra témoignage en ma faveur. Et vous aussi, vous allez rendre témoignage, car vous êtes avec moi depuis le commencement » (Jn 15,27). Au grand procès entre le Christ et le monde qui a marqué et marque l’histoire, l’Esprit témoigne en faveur de Jésus. Il témoigne dans le cœur du disciple. Et ces témoignages – celui des disciples et celui de l’Esprit – ne sont pas indépendants. Les premiers font écho au témoignage de l’Esprit : « Ce que l’Esprit dit au cœur, vous le dites avec des mots ; lui grâce à l’inspiration, vous grâce aux sons » (St Augustin).
Les disciples ont besoin de certitude pour témoigner : l’Esprit leur donnera cette certitude, en réalisant une rencontre personnelle, intime, pleine, avec le Seigneur et sa vérité : « L’Esprit Saint… vous enseignera toute chose et vous rappellera tout ce que je vous ai dit. Il vous conduira dans la vérité toute entière ». L’Esprit Saint. Il n’ajoute rien à la révélation de Jésus, mais l’intériorise et la rend totalement présente. L’Evangile dit : « Il vous conduira dans la vérité toute entière ». L’Esprit Saint nous conduit donc progressivement vers une connaissance intérieure vivante et actuelle qui représente, plus qu’une accumulation progressive de connaissances, un voyage progressif vers et à l’intérieur de notre esprit, dans le cœur de Dieu. Un cheminement qui va de l’extérieur à l’intérieur, qui part d’une connaissance par ouï-dire et nous fait arriver à une compréhension personnelle, actuelle, qui transforme. Je dirais même plus : qui nous fait arriver à cette même conception du Christ qu’a eue la Vierge Marie, elle qui a donné sa chair aux Christ.
Nous aussi, spirituellement, c’est-à-dire avec l’Esprit Saint qui a infusé dans nos cœurs le vrai amour, nous pouvons « donner chair » au Christ, être Son corps et produire de bonnes œuvres.
Poursuivons cette marche de fils et de frères « spirituels », en méditant et priant afin que notre cœur adhère à la vérité qui nous est révélée par la Parole. Mendions l’Esprit Consolateur, afin qu’il nous rappelle toujours la parole de Jésus : « Et même s’il me disait : homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? (Mt 14, 31), il me tendrait sa droite, et rendrait plus solide et incontrôlable mon âme troublée par les vicissitudes de ce monde » (St Ambroise, Exposé sur le Psaume 118, Disc. 21,9).
Que l’Esprit Saint nous inspire et fasse de nous des témoins de charité, capables de transmettre la chaleur et le réconfort de l’amour à tous ceux qui souffrent d’une pauvreté matérielle ou spirituelle.
Nous sommes appelés à témoigner la vérité de l’amour, qui nous est révélée par la Croix. Mais c’est l’Esprit qui nous fait comprendre que le Croix n’est pas un échec, qu’elle est le triomphe de l’amour sur tout, de l’Amour qui donne la vie, en ce sens qu’Il l’offre pour nous et que c’est elle qui nous fait vivre.
Nous sommes tous appelés à témoigner que le Christ est ressuscité, qu’il est vivant. Mais qu’est-ce un témoin ? Le témoin, surtout si nous parlons d’un point de vue juridique, c’est celui qui a vu, et raconte un fait qui s’est produit. Par conséquent, Hérode et Judas, Pilate et Caïphe sont eux aussi des témoins. Chrétiennement parlant, le témoin est une personne qui a rencontré le Christ, qui se souvient et fait mémoire de Lui, qui annonce Sa présence par la parole et une vie menée saintement. « Le contenu du témoignage chrétien n’est pas une théorie, ni une idéologie ou un système complexe de règles et d’interdictions, ni du moralisme, mais un message de salut, un événement concret, ou plutôt une Personne : c’est le Christ ressuscité, vivant et unique Sauveur de tous. Peuvent témoigner tous ceux qui ont eu une expérience personnelle avec lui, dans la prière et dans l’Eglise, à travers un chemin qui trouve son fondement dans le baptême, sa nourriture dans l’Eucharistie, son sceau dans la confirmation, sa conversion continuelle dans la pénitence. Grâce à ce chemin, toujours guidé par la Parole de Dieu, tout chrétien peut devenir témoin de Jésus ressuscité. Et son témoignage est d’autant plus crédible qu’il transparaît dans un mode de vie évangélique, joyeux, courageux, doux, pacifique, miséricordieux » (Pape François, 19 avril 2015).
Nous serons des témoins crédibles si nous demandons, avant toute autre chose, le don de l’Esprit Saint, qui est « esprit de sagesse et de discernement, esprit de conseil et de force, esprit de connaissance et de crainte du Seigneur » (cf. Is 11, 2). Alors nous recevrons et partagerons les fruits de l’Esprit Saint qui sont : « amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maitrise de soi » (Gal 5, 22).

3) Le témoignage des Vierges consacrées dans le monde.
Comment être des témoins de la vérité, non pas d’une vérité étrangère, mais de ce que nous somme : des enfants de Dieu et des frères entre nous ?
Nous sommes des témoins quand, par nos actions, notre parole et nos façons d’être, un Autre apparaît et nous entrons en communication. Le témoignage n’est pas seulement un bon exemple mais un acte humble et fort de connaissance et de communication pour transmettre la vérité de l’amour de Dieu.
Pour les vierges consacrées être des témoins du Christ est essentiel. Ces femmes témoignent que la virginité est le sommet de l’amour. Leur réponse au Christ, en se donnant entièrement et passionnément à Lui, témoigne existentiellement qu’en adhérant pleinement aux goûts de Jésus on apprend à aimer tout le reste, on devient comme des fenêtres ouvertes sur l’éternité. La vierge consacrée témoigne qu’il est possible de vivre le Christ comme l’unique raison et l’unique possibilité d’atteindre la plénitude. La virginité transforme la vie de celles qui en font le choix et celle des autres, rendant ainsi le monde plus humain, c’est-à-dire chrétien.
La vierge « réalise cette union sponsale qui, selon les plus grands maîtres, est précisément la perfection de la vie spirituelle … Le mariage a été élevé par le Christ au rang de sacrement, parce que dans l’amour de l’homme et de la femme se manifestait déjà le mystère de l’union du Christ et de l’Eglise. La chasteté parfaite n’est plus uniquement une image de cette union, mais son accomplissement … Rien et personne ne la lie et la divise des autres. Formant un tout avec le Christ, elle vit en sainte communion avec tout le monde » (Divo Barsotti)

Lecture Patristique
Syméon le Nouveau Théologien (949 -1022)
Catéchèses, 33,
SC 113, 255-261.

La clé de la connaissance n’est pas autre chose que la grâce du Saint-Esprit. Elle est donnée par la foi. Par l’illumination, elle produit très réellement la connaissance et même la connaissance plénière. Elle ouvre notre esprit enfermé et obscurci, souvent avec des paraboles et des figures, mais aussi avec des affirmations plus claires.

Faites donc bien attention au sens spirituel de la parole. Si la clé n’est pas bonne, la porte ne s’ouvre pas. Car, dit le Bon Pasteur, c’est à lui que le portier ouvre (Jn 10,3). Mais si la porte ne s’ouvre pas, personne n’entre dans la maison du Père, car le Christ a dit : Personne ne va vers le Père sans passer par moi (Jn 14,6).

Or, c’est l’Esprit Saint qui, le premier, ouvre notre esprit et nous enseigne ce qui concerne le Père et le Fils. Le Christ nous dit cela aussi : Quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité qui procède du Père, il rendra témoignage en ma faveur, et il vous guidera vers la vérité tout entière (cf. Jn 15,26 ; 16,13). Vous voyez comment, par l’Esprit ou plutôt dans l’Esprit, le Père et le Fils, inséparablement, se font connaître. Et Jésus dit encore : Si je ne m’en vais pas, le Défenseur ne viendra pas à vous ; mais lorsqu’il viendra, lui, il vous rappellera toute chose (Jn 16,7). Et encore : Si vous m’aimez, vous resterez fidèles à mes commandements. Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur, qui sera toujours avec vous : c’est l’Esprit de vérité (cf. Jn 14,15-17).

Si l’on appelle le Saint-Esprit une clé, c’est parce que, par lui et en lui d’abord, nous avons l’esprit éclairé. Une fois purifiés, nous sommes illuminés par la lumière de la connaissance. Nous sommes baptisés d’en haut, nous recevons une nouvelle naissance et devenons enfants de Dieu, comme dit saint Paul : L’Esprit Saint intervient pour nous par des cris inexprimables (Rm 8,26), et encore : Dieu a envoyé en nos cœurs son Esprit qui crie : Abba, Père (cf. Ga4,6)!

C’est donc lui, l’Esprit, qui nous montre la porte, cette porte qui est lumière. Et cette porte nous enseigne que l’habitant de la maison est, lui aussi, lumière inaccessible (cf. 1 Tm6,16).

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Mgr Francesco Follo

Mgr Francesco Follo est ordonné prêtre le 28 juin 1970 puis nommé vicaire de San Marco Evangelista à Casirate d’Adda de 1970 à 1976. Il obtient un doctorat en Philosophie à l’Université pontificale grégorienne en 1984. De 1976 à 1984, il travaille comme journaliste au magazine Letture du Centre San Fedele de la Compagnie de Jésus (jésuites) à Milan. Il devient membre de l’Ordre des journalistes en 1978. En 1982, il occupera le poste de directeur-adjoint de l’hebdomadaire La Vita Cattolica. De 1978 à 1983, il est professeur d’Anthropologie culturelle et de Philosophie à l’Université catholique du Sacré Cœur et à l’Institut Supérieur des Assistant Educateurs à Milan. Entre 1984 à 2002, il travaille au sein de la Secrétairerie d’Etat du Saint-Siège, au Vatican. Pendant cette période il sera professeur d’Histoire de la Philosophie grecque à l’Université pontificale Regina Apostolorum à Rome (1988-1989). En 2002, Mgr Francesco Follo est nommé Observateur permanent du Saint Siège auprès de l’UNESCO et de l’Union Latine et Délégué auprès de l’ICOMOS (Conseil international des Monuments et des Sites). Depuis 2004, Mgr Francesco Follo est également membre du Comité scientifique du magazine Oasis (magazine spécialisé dans le dialogue interculturel et interreligieux). Mgr Francesco Follo est Prélat d’Honneur de Sa Sainteté depuis le 27 mai 2000.

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