Le pape François demande « la levée temporaire du droit de propriété intellectuelle », pour assurer « l’accès universel au vaccin » anti-covid, dans un message vidéo à l’occasion du concert « Vax Live », ce 8 mai 2021. Il appelle aussi à « l’inventivité » pour sortir de la crise sociale et sanitaire.
Organisé par le festival de musique Global Citizen pour soutenir la distribution équitable des vaccins, l’événement verra la participation de personnalités de la culture, telles les chanteuses Selena Gomez et Jennifer Lopez, ou les acteurs Ben Affleck et Sean Penn, sous le patronnage du prince Harry et de Meghan Markle.
Au fil de son message en espagnol, le pape souhaite « une guérison à la racine, qui soigne la cause du mal et ne se limite pas seulement aux symptômes ». Et de dénoncer « le virus de l’individualisme », ainsi que ses « variantes » : le nationalisme fermé, ou encore « mettre les lois du marché ou de propriété intellectuelle au-dessus des lois de l’amour et de la santé de l’humanité ».
Le pape déplore aussi « une économie malade, qui permet que quelques personnes très riches… possèdent plus que tout le reste de l’humanité, et que les modèles de production et de consommation détruisent la planète ». « Chaque injustice sociale, chaque marginalisation de quelqu’un dans la pauvreté ou dans la misère a aussi des conséquences sur l’environnement », insiste-t-il.
Voici notre traduction de ce message.
Message du pape François
Chers jeunes en âge et en esprit,
Recevez un salut cordial de ce vieux monsieur, qui ne danse pas ni ne chante comme vous, mais qui croit comme vous que l’injustice et le mal ne sont pas invincibles. Le coronavirus a causé des morts et des souffrances, en conditionnant notre vie à tous, spécialement celle des plus vulnérables. Je vous prie de ne pas oublier les plus vulnérables. N’oubliez pas les limites. En outre, la pandémie a contribué à empirer les crises sociales et environnementales déjà existantes, comme vous nous le rappelez sans cesse, vous les jeunes. Et vous faites bien de nous le rappeler.
Face à tant d’obscurité et d’incertitude il faut de la lumière et de l’espérance. Nous avons besoin de chemins de guérison et de salut. Et je me réfère à une guérison à la racine, qui soigne la cause du mal et ne se limite pas seulement aux symptômes. Dans ces racines malades nous trouvons le virus de l’individualisme, qui ne nous rend pas plus libres ni plus égaux, ni plus frères, mais plutôt qui nous transforme en des personnes indifférentes à la souffrance des autres. Une des variantes de ce virus est le nationalisme fermé, qui empêche, par exemple, un internationalisme des vaccins. L’une des autres variantes consiste à mettre les lois du marché ou de propriété intellectuelle au-dessus des lois de l’amour et de la santé de l’humanité. Une autre variante revient à croire et à susciter une économie malade, qui permet que quelques personnes très riches – quelques personnes très riches – possèdent plus que tout le reste de l’humanité, et que les modèles de production et de consommation détruisent la planète, notre “maison commune”.
Tout cela est interconnecté. Chaque injustice sociale, chaque marginalisation de quelqu’un dans la pauvreté ou dans la misère a aussi des conséquences sur l’environnement. Nature et personnes, nous sommes unies. Que Dieu Créateur insuffle dans nos coeurs un esprit nouveau et généreux pour abandonner nos individualismes et promouvoir le bien commun : un esprit de justice qui nous mobilise pour assurer l’accès universel au vaccin et la levée temporaire du droit de propriété intellectuelle; un esprit de communion qui nous permette de générer un modèle économique différent, plus inclusif, plus juste, plus durable.
Il est clair que nous sommes en train de vivre une crise. La pandémie nous a tous mis en crise, mais n’oubliez pas que nous ne sortons pas d’une crise à l’identique, nous en sortons soit meilleurs soit pires. Le problème est d’avoir l’inventivité de chercher des chemins qui soient meilleurs.
Que Dieu, médecin et sauveur de tous, réconforte les personnes souffrantes, qu’il accueille dans son royaume ceux qui nous ont déjà quittés. Et je prie Dieu aussi pour nous, pèlerins sur la terre, afin qu’il nous accorde le don d’une nouvelle fraternité, d’une solidarité universelle, et afin que nous puissions reconnaître le bien et la beauté qu’il a semés en chacun de nous, afin de renforcer nos liens d’unité, de projets communs, d’espérances partagées.
Merci pour votre effort, merci pour tous ce que vous ferez. Et je vous demande s’il vous plaît de ne pas oublier de prier pour moi. Merci.
Traduction de Zenit, Anne Kurian-Montabone