Mgr Janusz S. Urbanczyk © OSCE

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OSCE : quand la démocratie est compromise

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Le “bien commun“ comme fin et critère

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Le Saint-Siège, reprenant l’encyclique du pape Jean-Paul II Centesimus annus, rappelle que la démocratie « assure la participation des citoyens aux choix politiques et garantit aux gouvernés la possibilité de choisir et de contrôler leurs gouvernants, ou de les remplacer de manière pacifique lorsque cela s’avère opportun ».

Mgr Janusz S. Urbanczyk, représentant permanent du Saint-Siège auprès de différentes organisations internationales à Vienne, est intervenu à la session de clôture de la deuxième réunion supplémentaire de dimension humaine intitulée : « L’élaboration de lois démocratiques : Garantir la participation », le 27 avril 2021.

Il a invité les Etats participants à « encourager les représentants des communautés religieuses à donner leur avis – fondé sur les convictions morales découlant de leur foi – et à contribuer aux débats sur les questions d’actualité ».

Mgr Urbanczyk avertit que la démocratie est compromise « s’il n’existe pas de consensus général » sur des valeurs telles que « la dignité de chaque personne humaine, le respect des droits de l’homme » et « le “bien commun“ comme fin et critère de régulation de la vie politique ».

Voici notre traduction de la déclaration de Mgr Urbanczyk.

Déclaration de Mgr Janusz S. Urbanczyk

Madame la Modératrice,

Le Saint-Siège désire remercier la présidence suédoise de l’OSCE et le Bureau des Institutions démocratiques et des droits de l’homme (BIDDH) pour l’organisation de cette deuxième réunion supplémentaire de dimension humaine 2021 sur le thème : L’élaboration de lois démocratiques : Garantir la participation. Ma Délégation a également apprécié les contributions stimulantes des orateurs principaux et des animateurs de nos discussions.

Permettez-nous de commencer en soulignant que le Saint-Siège « apprécie le système démocratique, comme système qui assure la participation des citoyens aux choix politiques et garantit aux gouvernés la possibilité de choisir et de contrôler leurs gouvernants, ou de les remplacer de manière pacifique lorsque cela s’avère opportun. […] Une démocratie authentique n’est possible que dans un Etat de droit et sur la base d’une conception correcte de la personne humaine. Elle requiert la réalisation des conditions nécessaires pour la promotion des personnes, par l’éducation et la formation à un vrai idéal, et aussi l’épanouissement de la « personnalité » de la société, par la création de structures de participation et de coresponsabilité »[1].

Toutefois, « une démocratie authentique n’est pas seulement le résultat d’un respect formel de règles, mais le fruit de l’acceptation convaincue des valeurs qui inspirent les procédures démocratiques : la dignité de chaque personne humaine, le respect des droits de l’homme, le “bien commun“ comme fin et critère de régulation de la vie politique. S’il n’existe pas de consensus général sur de telles valeurs, la signification de la démocratie se perd et sa stabilité est compromise. »[2].

En outre, comme l’a souligné le pape François, « la démocratie se base sur le respect réciproque, sur la possibilité de tous de concourir au bien de la société et sur la considération que des opinions différentes, non seulement ne sapent pas le pouvoir et la sécurité des Etats, mais, dans une confrontation honnête, enrichissent mutuellement et permettent de trouver des solutions plus appropriées aux problèmes à affronter. Le processus démocratique demande qu’on poursuive le chemin du dialogue inclusif, pacifique, constructif et respectueux entre toutes les composantes de la société civile dans chaque ville et chaque nation. […] Le droit est en effet le présupposé indispensable pour l’exercice de tout pouvoir et il doit être garanti par les organes qui en sont chargés, indépendamment des intérêts politiques dominants. »[3]

Enfin, en ce qui concerne la participation publique au processus législatif, il convient de garder à l’esprit que les Etats participants doivent toujours être engagés pour « encourager l’inclusion des communautés religieuses et de conviction, en temps opportun, dans les débats publics sur les initiatives législatives pertinentes »[4]. Les Etats participants sont donc appelés à inviter et à encourager les représentants des communautés religieuses à donner leur avis – fondé sur les convictions morales découlant de leur foi – et à contribuer aux débats sur les questions d’actualité. Cela permettrait de faire entendre une autre voix et d’éviter que des opinions morales fermement ancrées ne soient ignorées dans le processus législatif.

En conclusion, ma délégation souhaite remercier une fois de plus la Présidence suédoise et le BIDDH pour l’organisation de cette deuxième réunion supplémentaire de dimension humaine de l’année, convaincue que cette plateforme offre un large éventail de points de vue, donnant matière à réflexion également pour les discussions futures.

Merci, Madame la Modératrice.

© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat

[1] Pape Jean-Paul II, Lettre encyclical Centesimus Annus, 1991, no. 46.

[2] Conseil pontifical Justice et Paix, Compendium de la Doctrine sociale de l’Eglise, 2004, no. 407.

[3] Pape François, Discours aux membres du Corps diplomatique accrédité près le Saint-Siège, 8 février 2021.

[4] Décision du Conseil des ministres, no. 3/13.

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Hélène Ginabat

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