« Un médecin, riche de science et de foi »: c’est en ces termes que le pape François a rendu hommage au docteur José Gregorio Hernández Cisneros (1864-1919), « un laïc fidèle, a été béatifié vendredi dernier à Caracas, au Venezuela ».
Le pape a invité la foule présente place Saint-Pierre ce dimanche 2 mai 2021 pour la prière du Regina Caeli à applaudir avec lui le nouveau bienheureux en disant: « C’était un médecin, riche de science et de foi. Il a pu reconnaître le visage du Christ dans les malades et, en Bon Samaritain, il les a aidés par sa charité évangélique. Son exemple peut nous aider à prendre soin de ceux qui souffrent corps et esprit. Des applaudissements pour le nouveau bienheureux! »
Le pape François avait fait parvenir un message vidéo pour la béatification du médecin. Que signifie le commandement de Jésus de se « laver les pieds les uns aux autres » ? a demandé le pape. Cela signifie « s’accueillir, se recevoir les uns les autres » et également « se servir les uns les autres, être disposés à servir, mais aussi laisser les autres nous aider, nous servir. Aider et nous laisser aider ». « Nous avons tous besoin d’aide, tous », a-t-il insisté.
Le pape a invité les citoyens vénézuéliens à demander « la grâce de la réconciliation » et à vivre une « conversion vers une plus grande solidarité des uns envers les autres, pour produire tous ensemble la réponse du bien commun si nécessaire pour que le pays revive, renaisse après la pandémie dans un esprit de réconciliation ».
Le pape a aussi choisi le médecin vénézuéliencomme co-patron du cycle d’études en sciences de la paix de l’université pontificale du Latran.
En juin 2020, le pape François avait autorisé la Congrégation pour les causes des saints à promulguer le décret reconnaissant un miracle attribué à l’intercession du vénérable serviteur de Dieu José Gregorio Hernandez Cisneros (1864-1919), laïc du Venezuela, « médecin des pauvres », le 19 juin 2020. Cette reconnaissance a ouvert la voie à sa béatification.
La guérison d’une petite fille opérée au cerveau
Le 10 mars 2017, Yaxury Solórzano, une fille de 10 ans, a été touchée par une rafale de fusil à plomb lorsque des criminels ont tenté de cambrioler son père. Elle a été emmenée en urgence à l’hôpital Pablo Acosta Ortizm de San Fernando de Apure (Venezuela), avec une blessure au crâne et la masse cérébrale exposée.
Elle a alors subi une opération en neurochirurgie: il fallait retirer une partie de l’os crânien pariétal. Lors de l’intervention chirurgicale, la mère de Yaxury a demandé avec ferveur l’intercession du Dr José Gregorio Hernández devant Dieu, et elle affirme elle-même qu’elle a immédiatement perçu sa présence et a senti une main sur son épaule: elle a entendu une voix qui lui disait: « Rassurez-vous, tout ira bien! »
Après l’opération, Yaxury a récupéré de façon satisfaisante et sans complications. Cependant, selon les prévisions des neurochirurgiens, après une telle blessure la patiente aurait dû présenter un handicap. Il n’en a rien été.
Une commission de l’archidiocèse de Caracas – en présence du cardinal Baltazar Porras – s’est rendue à San Fernando de Apure le 18 décembre 2018. Le 9 janvier 2020, la Commission médicale de la Congrégation pour les causes des saints a approuvé le miracle attribué à l’intercession du vénérable José Gregorio Hernández.
Médecin à Caracas
José Gregorio Hernandez Cisneros est né le 26 octobre 1864 à Isnotu, dans l’État andin de Trujillo (Venezuela). Ses parents sont propriétaires du magasin de la ville, mais la mère – une femme très pieuse – décède alors que José n’a que huit ans.
Don Pedro Celestino Sánchez, premier professeur du petit José Gregorio à Isnotú, découvre les capacités de l’enfant et recommande à son père de l’envoyer étudier à Caracas. Il y étudie la médecine avec un tel succès que le président de la République de l’époque, Juan Pablo Rojas Paúl, l’envoie à l’université de Paris, à la faculté de médecine, pour y développer des études en microscopie, histologie normale, pathologie et physiologie expérimentale.
De retour dans son pays natal, José Gregorio apporte les instruments nécessaires à un cabinet de physiologie et enseigne à l’Université Centrale de Caracas les spécialités scientifiques qu’il a étudiées.
L’attrait de la Chartreuse
Ayant rempli ses engagements professionnels, José Gregorio souhaite également réaliser sa vocation religieuse. Il part pour l’Italie avec l’intention de devenir un moine cloîtré et, en 1908, il entre dans la Chartreuse de Farneta, dans la province de Lucques, en prenant le nom de « frère Marcelo ». Mais neuf mois après son admission, il tombe malade au point que le père supérieur lui ordonne de retourner au Venezuela pour se rétablir.
Il arrive à Caracas en avril 1909 et ce même mois il reçoit la permission d’entrer au séminaire « Santa Rosa de Lima ». Il rêve toujours à la vie radicale du monastère. Après trois ans, il décide de réessayer et part pour Rome où il commence à suivre les cours de théologie du Collège Pío Latino Americano, pensant ainsi à se préparer pour le monastère. Mais encore une fois, ses plans sont détruits: une maladie pulmonaire le force à retourner au Venezuela.Même si le docteur Hernández Cisneros n’a pas pu devenir moine, il garde pour toujours son amour pour l’Église et la vie religieuse. Il dit que la prêtrise est « la plus grande chose qui existe sur terre ».
Médecin des pauvres et tertiaire franciscain
Il entre dans le Tiers-ordre franciscain et travaille en tant que médecin passant 2 heures par jour à servir les pauvres. Il achète souvent des médicaments aux patients et ne prend pas l’argent pour son travail. On l’appelle le « médecin des pauvres ».
Le 29 juin 1919, alors qu’il traverse la rue pour acheter des médicaments à une vieille femme très pauvre, il est renversé par un véhicule. Un témoin rapporte que José Gregorio s’est exclamé lorsqu’il a vu que la voiture arriver: « Sainte Vierge! ». Il est transporté d’urgence à l’hôpital où un prêtre réussit à lui donner le sacrement des malades.
Les habitants de Caracas sont choqués par sa mort et beaucoup disent: « un saint est mort ».
En 1949, son procès en canonisation commence. Il est déclaré vénérable le 16 janvier 1986 par le pape Jean-Paul II.
Avec Marina Droujinina