« Avec saint Joseph, aimer et servir l’Église »
Fr. Manuel Rivero O.P.
« La vérité vous rendra libres »
Jésus a été envoyé par le Père pour rendre l’homme libre. Le christianisme demeure la religion de la liberté : liberté de conscience, liberté religieuse, liberté d’expression.
Dans l’Évangile selon saint Jean, Jésus relie la Parole de Dieu, la vérité et la liberté : « Si vous demeurez fidèles à ma parole, vous êtes vraiment mes disciples ; alors vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres » (Jn 8, 31-32).
La vérité dont il est ici question n’est pas une vérité conceptuelle ou une définition ; elle est plus que l’opposé du mensonge. La vérité est une personne, Jésus lui-même : « Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie » (Jn 14,6). Fils de Dieu fait homme, Jésus représente le chemin, le seul chemin qui conduit au Père. Son humanité égale à la nôtre en toutes choses, hormis le péché, constitue le chemin pour parvenir à la vérité divine où l’homme reçoit la Vie.
Pour la foi chrétienne, il n’y a pas de contradiction entre la raison et la foi. Saint Thomas d’Aquin (+1274) enseigne que « la vérité de la foi chrétienne ne contredit pas la vérité de la raison » (Summa contra Gentiles, VII). Par la raison, l’homme participe à la lumière divine. Éclairée par la raison, la personne humaine peut gouverner sa vie avec sagesse. En effet, la raison demande de faire le bien et d’éviter le mal. Mais la raison humaine reste limitée et faillible quand il s’agit de connaître le mystère de Dieu qui dépasse ses capacités. C’est pourquoi Dieu s’est révélé à travers les prophètes et à la plénitude des temps, Dieu a tout dit en son Fils Jésus. C’est pourquoi nous n’avons pas à chercher de nouvelles révélations sur le mystère de Dieu et du Salut. Ce serait faire affront à Dieu et manquer de foi, selon l’enseignement du grand docteur et mystique saint Jean de la Croix.
Par la raison naturelle, l’homme peut accéder à certaines vérités comme l’existence d’un Dieu créateur, mais certaines vérités divines, comme le mystère de la Sainte Trinité, vont au-delà de la logique humaine et elles relèvent de la Révélation. Nous comprenons pourquoi Jésus nous dit : « Si vous demeurez dans ma Parole, vous connaîtrez la vérité ». Jésus, le Verbe fait chair, la Parole vivante du Père nous fait connaître le mystère du Père que personne n’a jamais vu.
Saint Thomas d’Aquin écrit qu’en rigueur de termes il n’y a de vérité qu’en Dieu. Dieu est la vérité en lui-même et la vérité pour l’homme. En recevant la révélation divine dans l’Évangile de Jésus, la raison humaine atteint le sommet de la science et de la connaissance de Dieu, origine et finalité de toute la création. Le philosophe grec Aristote (+322 av. J.C.) parlait de « la joie violente » ressentie par l’homme dans la connaissance scientifique. Mais la joie chrétienne dépasse cette joie naturelle venant des découvertes du fonctionnement du monde. Il s’agit d’une allégresse ineffable, fruit de la connaissance et de l’union à Dieu dans l’amour : « Ce qui était dès le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé, ce que nos mains ont touché du Verbe de vie, – car la Vie s’est manifestée : nous l’avons vue, nous en rendons témoignage et nous vous annonçons cette Vie éternelle, qui était tournée vers le Père et qui nous est apparue- (…), nous vous l’écrivons pour que notre joie soit complète » (I Jn 1, 1-4).
Par sa foi en la Parole de Dieu, dans l’accomplissement de la volonté de Dieu, saint Joseph a expérimenté cette liberté et cette joie immense et intérieure annoncées par Jésus.
La liberté ne saurait se réduire à un choix entre différents articles dans une grande surface. La liberté chrétienne s’épanouit dans la connaissance enivrante du mystère de Dieu, source de Vie éternelle.
Nous sommes esclaves de ce qui nous domine (cf. 2 P 2, 19). En prison, des personnes détenues se déclarent libres intérieurement tandis qu’à l’extérieur des murs nombreux sont ceux qui se disent esclaves des passions, de l’alcool, des drogues … N’oublions pas non plus l’emprisonnement produit par l’ignorance et l’erreur.
Rendons grâce au Seigneur pour la liberté reçue dans l’Église, notre Mère, qui nous nourrit par l’annonce de l’Évangile et les sacrements de la véritable liberté, la liberté en Dieu.
Source: jevismafoi.com
