« Avec saint Joseph, aimer et servir l’Église »
Fr. Manuel Rivero O.P.
« Marie, Joseph et l’Enfant Jésus exilés en Égypte »
Lors de la Visitation à sa cousine Élisabeth, « Marie marchait vite », précise saint Luc (Lc 1,39).
Joseph aussi a traversé les montagnes d’un pas soutenu vers l’Égypte afin de sauver l’Enfant Jésus de la menace du roi Hérode.
Dans la Bible, la marche évoque la foi. Par la foi, Abraham quitta son pays « sans savoir où il allait » (He 11,8) mais il savait avec qui il avançait. Il empruntait les chemins « comme s’il voyait l’invisible » (He 11,27).
À l’exemple d’Abraham et de Moïse, Joseph a marché vers l’Égypte en immigré, comme un réfugié politique fuyant le roi Hérode qui se sentait menacé dans son pouvoir par l’arrivée d’un Roi-Messie.
Marie, Joseph et l’Enfant Jésus ont connu la peur et l’angoisse des exilés. Juifs, Marie et Joseph font souvent mémoire de l’exil à Babylone au VIe siècle avant Jésus-Christ, exil douloureux qui a duré pratiquement soixante-dix ans : « Au bord des fleuves de Babylone, nous étions assis et nous pleurions, nous souvenant de Sion ; aux saules des alentours nous avions pendu nos harpes. C’est là que nos vainqueurs nous demandèrent des chansons : « Chantez-nous quelque chant de Sion. » – Comment chanterions-nous un chant du Seigneur sur une terre étrangère ? Si je t’oublie, Jérusalem, que ma langue se colle à mon palais ! » (Psaume 136).
Aujourd’hui un grand nombre de chrétiens subissent la persécution et l’exil, à cause de leur foi, en Irak, en Syrie, au Liban … En constatant les dégâts de la guerre en Irak, le pape François a attiré notre attention sur la nécessité de vivre en frères ; mais également sur le commerce des armes. Qui fabrique et qui vend les armes aux terroristes ?
Il y a l’exil géographique ; il y a l’exil spirituel propre à tous les chrétiens qui vivent sur cette terre comme des gens de passage en route vers la Jérusalem céleste, leur véritable patrie.
En tout disciple de Jésus demeure la nostalgie de Dieu. Nous sommes sortis du cœur de Dieu et nous retournons vers lui par le Christ Jésus, le seul médiateur entre Dieu et les hommes. Saint Thomas d’Aquin montre dans la Somme théologique le chemin de retour à Dieu par la foi en Jésus Sauveur, « Chemin, Vérité et Vie » (Jn 14,6).
Il ne s’agit pas de mépriser les réalités terrestres mais de les apprécier à leur juste valeur, sans les idolâtrer. Dans les années marquées par l’euphorie économique avant la crise du pétrole en 1973, nombreux étaient ceux qui se moquaient des prières chrétiennes comme le Salve Regina : « Salut, ô Reine, Mère de miséricorde, notre vie, notre espérance, salut ! Enfants d’Ève, exilés, nous crions vers toi, vers toi nous soupirons, gémissant et pleurant dans cette vallée de larmes ».
Dans ses « Pensées », le philosophe Blaise Pascal (+1662) voyait dans le Christ Jésus crucifié l’équilibre entre les deux extrêmes qui menacent l’humanité : l’orgueil et le désespoir. La connaissance de la gloire de Dieu sans la connaissance de la misère humaine peut provoquer l’orgueil ; les épreuves de la vie sans la connaissance de la gloire de Dieu peuvent conduire au désespoir. Jésus, crucifié et ressuscité, apporte le juste milieu en nous reliant à Dieu à la verticale, et aux hommes sur le plan horizontal, à travers la douleur et la mort.
Prions pour tous ceux qui marchent sur des routes inconnues pour gagner le pain de leur famille, trouver la liberté et la sécurité ou offrir aux enfants un monde meilleur. Prions pour les chrétiens persécutés à cause de leur foi et qui sont souvent obligés de quitter leurs pays pour survivre en paix.
Confions à la Sainte Famille – Marie, Joseph et l’Enfant Jésus – tous les exilés du monde.
Prions pour ceux qui meurent sur la route de l’exil, en les confiant à saint Joseph, patron de la bonne mort.
Source: jevismafoi.com