Mgr Zenari, capture TG 2000

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Syrie : dans l’attente d’une « résurrection », par le cardinal Zenari

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« Ne laissons pas mourir l’espérance ! »

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En Syrie, « on cherche à vivre avec le peuple ce ‘Carême’ qui dure, sans interruption, depuis désormais 10 ans, dans l’attente de pouvoir entrevoir la fin du tunnel et le renouveau de la Syrie, une ‘résurrection’ de ce pays ».

Telles sont les paroles du cardinal Mario Zenari, nonce apostolique à Damas depuis douze ans, qui fait le bilan de dix ans de conflit dans cette République arabe, au fil d’un grand entretien à Vatican News publié le 15 mars 2021.

Pendant ces longues années de guerre, dit le cardinal, « la Syrie a perdu la paix, elle a perdu des personnes, elle a perdu des jeunes, elle a perdu des chrétiens ». Il compare la Syrie qui a perdu l’espérance « au malheureux de la parabole du ‘bon Samaritain’ : agressée par des brigands, pillée et laissée à moitié morte et humiliée sur le bord de la route ». La Syrie « attend d’être relevée socialement et économiquement et que sa dignité soit reconnue », souligne-t-il.

Le Saint-Siège, explique le cardinal Zenari, propose des initiatives « nombreuses et variées » « pour que cesse la violence et que soit lancé le processus de paix » en Syrie, et le pape François, rappelle-t-il, a adressé plusieurs appels à la communauté internationale pour la « Syrie bien-aimée et meurtrie ».

Le cardinal Zenari cite des chiffres qui ont changé « le visage » du pays pendant les dix dernières années : « Le nombre de morts du conflit monte à environ un demi-million ; on compte 5,5 millions de réfugiés syriens dans les pays voisins ; 6 autres millions de personnes déplacées internes errent, d’un village à l’autre et cela à plusieurs reprises. Il manque également un million de personnes qui ont émigré. Il manque des dizaines de milliers de personnes disparues. Il manque les jeunes, l’avenir du pays. Il manque plus de la moitié des chrétiens. »

Précisant que « dans différentes régions de Syrie, depuis quelque temps, il ne tombe plus de bombes », le cardinal souligne que « ce que nous pourrions appeler la ‘bombe’ de la pauvreté a explosé ». Environ 90 % de la population syrienne « vit actuellement en dessous du seuil de pauvreté », affirme-t-il : « C’est le chiffre le plus élevé au monde! »

Le cardinal s’inquiète beaucoup pour les jeunes qui « sont la meilleure ressource d’un pays », « sont l’avenir de la société et de l’Église ». « Malheureusement, dit-il, la Syrie et l’Église ont perdu une grande partie de ce patrimoine unique…On pourrait définir cette perte incalculable comme une autre ‘bombe’ néfaste pour la Syrie. »

Le nonce affirme que « la paix n’arrivera pas en Syrie sans reconstruction et relance économique ». Dans son encyclique Fratelli tutti, rappelle-t-il, « le pape François cite Centesimus annus du saint pape Jean-Paul II, lorsqu’il parle de la nécessité de garantir le ‘droit fondamental des peuples à la subsistance et au progrès’ ». Paraphrasant le titre d’un roman paru il y a quelques années, « The peace like a river » (La paix comme un fleuve), le cardinal souligne qu’« il faut un ‘fleuve’ d’aides ciblées pour la reconstruction d’hôpitaux, d’écoles, d’usines et de diverses infrastructures ».

En ce qui concerne le rôle de l’Église, le nonce souligne qu’elle est « active sur le terrain avec un vaste réseau de projets humanitaires ouverts à tous, sans différences ethniques ou religieuses ».

Le cardinal Zenari adresse « des remerciements particuliers à tous les ‘bons Samaritains’ » – institutions humanitaires internationales, organisations religieuses, personnes privées – et demande : « Ne laissons pas mourir l’espérance ! »

Avec une traduction d’Hélène Ginabat

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Marina Droujinina

Journalisme (Moscou & Bruxelles). Théologie (Bruxelles, IET).

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