Audience générale du 17 oct 2018 © Vatican Media

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France : le pape reçoit des jeunes activistes engagés dans l’économie sociale

Ils rapportent les propos du pape François

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Le pape François a reçu ce lundi 15 mars 2021 des jeunes Français engagés dans le domaine de l’économie sociale et solidaire : l’écrivain et militant écologiste Cyril Dion, l’entrepreneuse Eva Sadoun et le fondateur du mouvement Coexister Samuel Grzybowski. « Vous êtes les protagonistes de la transformation », leur a-t-il dit.

La rencontre annoncée par La Croix le 12 mars était une initiative de l’eurodéputé Pierre Larrouturou – fondateur du parti Nouvelle Donne en 2013 et spécialiste d’économie – qui n’a pu y participer, ayant été testé positif au covid-19, mais qui était représenté par son conseiller Michel Cermak.

Samuel Grzybowski a publié un tweet annonçant que la rencontre avec le pape a été « très profonde » : « On a parlé climat, justices sociale et environnementale, et léthargie des démocraties européennes nécessitant un renouvellement complet et radical de nos démocraties ».

Le « financement de la transition écologique » était au cœur des échanges, a écrit Pierre Larrouturou sur sa page Twitter. Un compte-rendu diffusé par la suite précise que les discussions avaient d’abord porté sur la possible TTF (Taxe sur les Transactions Financières) en négociation en ce moment au niveau européen.

Le pape François a réagi, dit-il, « avec des mots très forts » soulignant notamment que la jeunesse « est l’émergence du changement » : « Si vous ne le faites pas, personne ne le fera. Descendez dans la rue et mettez le désordre… C’est le moment de faire une révolution, le monde est sourd ».

Sur la dimension sociale de la Convention Citoyenne évoquée par Cyril Dion, le pape a estimé, rapporte-t-il, que « la conférence de Paris était un moment très important pour le climat, mais depuis cinq ans il y avait un retour en arrière. Les Cop sont des accords de compromis, pour aller plus loin il faut trouver une autre voix. Elle viendra des plus jeunes et des plus âgés qui sont les seuls à être créatifs. »

« La finance est un brouillard, a aussi dit le pape François, toujours selon ce rapport, qui empêche de réconcilier économie et humanisme. On est dans un cercle vicieux, on ne peut plus continuer à dialoguer de cette manière. Il faut renouveler le dialogue entre les deux… La finance est le brouillard qui empêche le changement, elle anesthésie, elle n’existe pas. »

Pour le pape, toujours selon la même source, « un État doit absolument être laïque, mais ne doit pas être laïciste ». Au fil des échanges, il s’est aussi inquiété « des germes de populisme » en Europe, « un grand danger » : « La seule solution pour éviter le populisme, ce sont les mouvements populaires. Car le populisme cherche à défendre le statu quo, il s’appuie sur une idéologie, alors que les mouvements populaires sont les vrais besoins des citoyens. »

« Heureusement que vous les jeunes, s’est-il réjoui en conclusion, disent les participants, vous n’avez pas d’expérience, car vous aurez la créativité de dessiner une autre voie. Vous êtes les protagonistes de la transformation, il faut sortir de la démocratie idéologique. Car l’idéologie est une cuirasse qui renferme. Elle blinde, elle tue la spontanéité. Alors que la démocratie c’est le peuple. Quand les jeunes s’expriment, les gouvernements répondent par la répression. Il faut arrêter avec ça. Un bon gouvernement doit faire confiance aux citoyens. »

Pierre Larrouturou est surtout connu comme rapporteur général du budget de l’Union européenne, et, à ce titre, particulièrement investi dans la définition de la sortie de crise par le Vieux continent. Les trois autres participants ont pris une part active à la « rencontre des justices » en octobre 2020, qui a réuni 400 jeunes activistes et entrepreneurs pour « faire gagner l’écologie et la solidarité dans la décennie à venir, à commencer par 2022 ».

L’euro-député a voulu présenter au pape sa proposition de taxer les transactions financières. À l’automne dernier, l’élu avait mené une grève de la faim pour défendre cette proposition qui pourrait, selon lui, rapporter 50 milliards d’euros par an, à condition de prélever 0,1 % sur toutes les transactions financières.

Ce projet est discuté depuis la crise de 2008, mais, jusqu’à maintenant, les États membres de l’UE, le parlement et la Commission européenne ne sont jamais parvenus à s’accorder sur le sujet.

Pourtant, sous la pression de la crise du coronavirus et de la nécessité de financer le plan de relance, la négociation a repris le 24 février dernier à Lisbonne. « Le but est d’arriver à un accord en mai ou juin », expliquait Pierre Larrouturou à La Croix. Il soulignait qu’il venait chercher auprès du pape « une autorité morale » pour soutenir ce projet : « Nous en sommes à un stade où il s’agit d’une question spirituelle, de conscience, insiste-t-il. Comme le dit le pape, nul ne peut servir deux maîtres à la fois. Quand je vois qu’aujourd’hui, en pleine crise, le Dow Jones a atteint un plus haut historique, c’est insupportable. »

Avec Anne Kurian-Montabone

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Marina Droujinina

Journalisme (Moscou & Bruxelles). Théologie (Bruxelles, IET).

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