Vol Bagdad-Rome (A330, Alitalia), 8 mars 2021 © Vatican Media

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Questions au pape François (3) : Comment se décident les voyages

Le témoignage décisif de Nadia Mourad, yézidie

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La troisième question posée au pape François dans le vol Bagdad-Rome, le 8 mars 2021, sur ses futurs voyages potentiels, lui a donné l’occasion d’expliquer comment il discerne de répondre à telle ou telle invitation à visiter un pays : « « Pour prendre une décision sur les voyages, j’écoute », a-t-il dit.

Le pape a précisé : « J’écoute les conseillers et à la fin, je prie, je prie, je réfléchis beaucoup, sur certains voyages, j’ai beaucoup réfléchi. Et puis la décision vient de l’intérieur : il faut le faire ! Presque spontanée, mais comme un fruit mûr ». Quant à l’avenir, à part le Liban, le congrès eucharistique de Budapest, en septembre, et peut-être la Slovaquie, le pape a admis sa fatigue pendant ce voyage en Irak.

Voici notre traduction de la question d’Eva Maria Fernández Huescar, de Cadena Cope 31H, et de la réponse du pape François.

HG

Eva Maria Fernández Huescar – Saint-Père, que c’est beau de reprendre les conférences de presse ! C’est trop beau !

Ces jours-ci, votre voyage en Irak a eu une immense répercussion dans le monde entier. Pensez-vous que cela puisse être le voyage de votre pontificat ? On a également dit que cela a été le plus risqué : avez-vous eu peur à certains moments pendant le voyage ? Et maintenant que nous reprenons avec les voyages et que vous allez bientôt fêter la huitième année de votre pontificat, pensez-vous encore qu’il sera bref ? Et ensuite, la grande question de toujours, Saint-Père, reviendrez-vous un jour en Argentine ? Et tant que j’y suis, je suis espagnole : y aura-t-il un jour où le pape viendra en Espagne ? Merci, Saint-Père !

Merci, Eva. Je t’ai fait fêter deux fois ton anniversaire : une fois à l’avance et une autre en retard !

Je commence par la dernière, qui est une question…, je la comprends…, parce qu’il y a ce livre de mon ami journaliste Nelson Castro, médecin : il avait fait un livre sur la maladie des présidents et une fois je lui ai dit, [quand j’étais] déjà à Rome : il faut que tu en fasses un sur la maladie des papes, parce que ce sera intéressant de connaître les maladies des papes, au moins de certains de ces derniers temps. Il a commencé de le faire ; il m’a interviewé ; le livre est sorti. On me dit qu’il est bon, je ne l’ai pas vu. Il m’a posé une question : « Si vous donnez votre démission – si je meurs ou si je donne ma démission -, si vous donnez votre démission, rentrerez-vous en Argentine ou resterez-vous ici ? – Je ne rentrerai pas en Argentine, ai-je répondu, mais je resterai ici, dans mon diocèse ». Mais sur cette hypothèse – c’est lié à la question de savoir quand je viens en Argentine ou pourquoi je n’y vais pas – je réponds toujours avec un peu d’ironie : j’ai passé 76 ans en Argentine, c’est suffisant, non ?

Mais il y a quelque chose, je ne pas pourquoi, qu’on ne dit pas : un voyage en Argentine avait été programmé en novembre 2017. On commençait à travailler : on faisait le Chili, l’Argentine et l’Uruguay. Mais ensuite – cela devait avoir lieu fin novembre, mais ensuite, à cette époque, le Chili était en campagne électorale, parce qu’à cette époque, en décembre, le successeur de Michelle Bachelet a été élu et je devais y aller avant le changement de gouvernement, je ne pouvais pas y aller après. Mais aller au Chili en janvier, puis en Argentine et en Uruguay n’était pas possible parce que janvier, c’est comme en août chez nous, pour les deux pays. En y réfléchissant, quelqu’un a suggéré : pourquoi ne pas prendre le Pérou ? Parce que le Pérou avait été omis dans le voyage Equateur-Bolivie-Paraguay, il était resté à l’écart. Et c’est de là qu’est parti le voyage de janvier au Chili et au Pérou. Je tiens à le dire, pour qu’on n’imagine pas de la « patriaphobie ». Quand l’opportunité se présentera, il faudra y aller parce qu’il y a l’Argentine, l’Uruguay et le sud du Brésil, qui est un très grand mélange culturel.

En outre, sur les voyages : pour prendre une décision sur les voyages, j’écoute ; les invitations sont nombreuses. J’écoute le conseil des conseillers et aussi des gens. Parfois, quelqu’un vient et je dis : qu’en penses-tu, dois-je aller dans tel lieu ? Cela me fait du bien d’écouter, cela m’aide à mûrir les décisions. J’écoute les conseillers et à la fin, je prie, je prie, je réfléchis beaucoup, sur certains voyages, j’ai beaucoup réfléchi. Et puis la décision vient de l’intérieur : il faut le faire ! Presque spontanée, mais comme un fruit mûr. C’est un long chemin. Certains sont plus difficiles, d’autres plus faciles.

Sur ce voyage, la décision vient d’avant : la première invitation de l’ambassadrice précédente, médecin pédiatre qui était ambassadrice de l’Irak : vraiment bien, elle a insisté. Puis est venue l’ambassadrice en Italie, qui est une femme de combat. Avant, le président était venu. J’ai gardé tout cela en moi. Mais il y a une chose auparavant, que je voudrais mentionner : l’une de vous m’a offert l’édition espagnole de Pour que je sois la dernière [de Nadia Mourad]. Je l’ai lu en italien. Puis je l’ai confié à Elisabetta Piqué pour qu’elle le lise. Tu l’as lu ? Plus ou moins… Il y a l’histoire des yézidis. Et Nadia Mourad y raconte cette histoire terrifiante, terrifiante… Je vous conseille de le lire. Sur certains points, comme c’est biographique, cela peut sembler un peu lourd mais pour moi, c’est la motivation de fond de ma décision. Ce livre nous travaille de l’intérieur, de l’intérieur… Et également, lorsque j’ai écouté Nadia, qui est venu ici me raconter cette histoire… Terrible ! Et puis avec le livre, tout cela ensemble a provoqué la décision, en pensant à tout cela, toutes les problématiques, nombreuses… Mais à la fin, la décision est venue et je l’ai prise.

Et ensuite, la huitième année de mon pontificat. Je ne sais pas si les voyages ralentiront ou non, je vous avoue seulement que pendant ce voyage, je me suis fatigué beaucoup plus que lors des autres. Les 84 [ans] ne viennent pas tout seuls ! C’est une conséquence… Mais nous verrons. Maintenant, [en septembre], je devrai aller en Hongrie à la messe de clôture du Congrès eucharistique international. Non pas une visite au pays, à la messe. Mais Budapest est à deux heures de voiture de Bratislava : pourquoi ne pas rendre visite aux Slovaques ? Je ne sais pas… Et ça commence comme cela…

© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat

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Hélène Ginabat

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