Audience Générale du 2 Septembre 2020 © Vatican Media

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Les « paroles de réconfort et d’encouragement » du Pape pour les Libanais

Message spécial à l’occasion de Noël (texte complet)

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Le pape François manifeste sa compassion pour les souffrances qu’endurent les Libanais et il leur adresse un message spécial, pour Noël: des « paroles de réconfort et d’encouragement » diffusées par le Saint-Siège en arabe, en français, en italien, en espagnol et en anglais.

Il interpelle aussi les responsables politiques et religieux et la communauté internationale. Surtout, le pape redit son désir de venir dès que possible au Liban.

Le message est en date de ce jeudi 24 décembre 2020 et il est adressé au cardinal Béchara Boutros Raï, patriarche d’Antioche des Maronites, et en même temps « au peuple libanais », « sans distinction de communauté ni d’appartenance religieuse ».

C’est un geste tout à fait inédit que fait le pape François et qui traduit sa sollicitude pour les Libanais du monde entier qu’il appelle avec affection « Chers fils et filles du Liban » et qu’il invite à entrer « dans la logique de Dieu ».

Le pape exprime sa participation à la « douleur » des Libanais et il ajoute cette expression si forte: « Je sens au fond de l’âme la gravité de ce que vous êtes en train de perdre. »

Il pense spécialement aux jeunes: « Je pense aux nombreux jeunes à qui toute espérance d’un avenir meilleur est enlevée. »

Pourtant, l’espérance du pape François dans la force intérieure des Libanais est sans faille: « Le cèdre est symbole du juste qui, enraciné dans le Seigneur, transmet beauté et bien être et qui, même dans la vieillesse, s’élève et produit des fruits abondants. »

Le pape exhorte à la confiance en Dieu: « Soyez confiants en sa présence, en sa fidélité ». Méditant sur le cèdre, il leur fait entrevoir que leurs ressources humaines et spirituelles les aideront à surmonter la crise, dans la solidarité: « Comme le cèdre, puisez aux profondeurs de vos racines du vivre ensemble pour redevenir un peuple solidaire. »

« Comme le cèdre », répète le pape François: « Comme le cèdre qui résiste dans la tempête, puissiez-vous tirer profit des contingences du moment présent pour redécouvrir votre identité, celle qui consiste à porter au monde entier le parfum du respect, de la cohabitation et du pluralisme, celle d’un peuple qui n’abandonne pas ses maisons ni son héritage ; l’identité d’un peuple qui n’abandonne pas le rêve de ceux qui ont cru en l’avenir d’un pays beau et prospère. »

Le pape interpelle les responsables en citant le patriarche Elias Hoyek (1843-1931) et la communauté internationale.

Il invite à se tourner ver l’étoile de Noël « pour entrer dans la logique de Dieu, afin de ne pas perdre la route et ne pas perdre l’espérance ».

Voici la traduction officielle en français du message de Noël pour les Libanais.

AB

Audience Générale du 2 Septembre 2020 © Vatican Media

Audience Générale du 2 Septembre 2020 © Vatican Media

Message du pape François

À Sa Béatitude
le Cardinal Béchara Boutros Raï,
Patriarche d’Antioche des Maronites,
Président de l’Assemblée des Patriarches et des Évêques Catholiques au Liban

À votre Béatitude et, à travers vous, à tous les Libanais sans distinction de communauté ni d’appartenance religieuse, je voudrais adresser quelques paroles de réconfort et d’encouragement à l’occasion de la célébration de la Nativité de Notre Seigneur Jésus Christ, Prince de la Paix.

Chers fils et filles du Liban,
ma douleur est grande de voir la souffrance et l’angoisse étouffer l’esprit d’entreprise et le dynamisme du Pays des Cèdres. Plus encore, il est douloureux de se voir voler toutes les plus chères espérances de vivre en paix et de continuer à être, pour l’histoire et pour le monde, un message de liberté et un témoignage de bien vivre ensemble ; et, moi qui, de tout cœur, prends part tant de vos joies que de vos peines, je sens au fond de l’âme la gravité de ce que vous êtes en train de perdre, surtout quand je pense aux nombreux jeunes à qui toute espérance d’un avenir meilleur est enlevée.

Mais en ce jour de Noël « le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière » (Is 9, 1), la lumière qui atténue les craintes et qui suscite en chacun l’espérance en la certitude que la Providence n’abandonnera jamais le Liban et saura transformer en bien même ce chagrin.

Le Liban est nommé très souvent dans les Saintes Écritures, mais brille par-dessus tout l’image que nous offre le psalmiste : « Le juste grandira comme un palmier, il poussera comme un cèdre du Liban » (Ps 91, 13).

La majesté du cèdre dans la Bible est symbole de vigueur, de stabilité, de protection. Le cèdre est symbole du juste qui, enraciné dans le Seigneur, transmet beauté et bien être et qui, même dans la vieillesse, s’élève et produit des fruits abondants.

En ces jours, l’Emmanuel, le Dieu-avec-nous, se fait notre prochain, il marche à nos côtés. Soyez confiants en sa présence, en sa fidélité.

Comme le cèdre, puisez aux profondeurs de vos racines du vivre ensemble pour redevenir un peuple solidaire ; comme le cèdre qui résiste dans la tempête, puissiez-vous tirer profit des contingences du moment présent pour redécouvrir votre identité, celle qui consiste à porter au monde entier le parfum du respect, de la cohabitation et du pluralisme, celle d’un peuple qui n’abandonne pas ses maisons ni son héritage ; l’identité d’un peuple qui n’abandonne pas le rêve de ceux qui ont cru en l’avenir d’un pays beau et prospère.

Dans cette perspective, j’en appelle aux responsables politiques et aux guides religieux en empruntant un passage de la lettre pastorale du Patriarche Elias Hoyek : « Vous, les monarques, vous les responsables, vous les juges de la terre, vous les députés qui vivez au dépens du peuple […] vous êtes tous obligés, à titre officiel, de poursuivre vos efforts avec ardeur au service de l’intérêt public. Votre temps n’est pas pour vous, votre travail n’est pas pour vous mais pour l’État et pour la patrie que vous représentez ».

Enfin, l’affection envers le cher peuple libanais que je compte visiter dès que possible, unie à la sollicitude constante qui a animé l’action de mes prédécesseurs et du Siège Apostolique, me pousse à m’adresser une fois encore à la Communauté internationale. Aidons le Liban à rester en dehors des conflits et des tensions régionales. Aidons-le à sortir de la grave crise et à se reprendre.

Chers fils et filles, dans l’obscurité de la nuit, levez le regard, que l’étoile de Bethléem vous serve de guide et d’encouragement pour entrer dans la logique de Dieu, afin de ne pas perdre la route et ne pas perdre l’espérance.

Du Vatican, le 24 décembre 2020.

FRANÇOIS

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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