Anne-Julie Kerheul, capture Vatican Media

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Message pour la paix : « La culture du soin n’est pas une culture de la dépendance », par Anne-Julie Kerhuel

« Favoriser un environnement inclusif »

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« Il serait erroné d’envisager la culture du soin comme une culture de la dépendance », souligne la Française Anne-Julie Kerhuel, qui travaille à la Seconde section – pour les relations diplomatiques – de la Secrétairerie d’Etat, en présentant le message du pape François pour la 54e Journée mondiale de la paix (1er janvier 2021).

Prendre soin, a ajouté Anne-Julie Kerhuel lors d’une conférence de presse au Vatican, c’est « favoriser un environnement inclusif dans lequel toute personne, homme ou femme, pourra se déployer pleinement et promouvoir elle-même cette culture du soin comme parcours de paix ».

Cela implique avant tout « reconnaître que toute personne doit pouvoir bénéficier de ces droits universels, des droits notamment sociaux, qui découlent de la dignité humaine et ne peuvent être niés à aucun », a-t-elle expliqué en citant la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme.

Le message a été publié ce 17 décembre sur le thème « La culture du soin comme parcours de paix ».

AKM

Présentation d’Anne-Julie Kerhuel

Eminence, Excellences, Monseigneur, Mesdames et Messieurs,

Le message du Pape François pour la Journée mondiale de la Paix nous invite cette année à nous arrêter sur un aspect fondamental de la promotion de la paix, un aspect lié à la vocation de toute personne à vivre et témoigner du « prendre soin », de cette ouverture à l’autre, corollaire de notre interdépendance, sinon de ce sens de la responsabilité qui nous relie les uns aux autres, à notre maison commune et aux générations futures.

En parcourant le message qui nous est adressé, il est beau de relever combien cette culture du prendre soin s’est illustrée au long des siècles, en particulier à travers les différents systèmes d’organisation des premières communautés. La plupart intégraient notamment des espaces de gratuité consacrés au soin des plus faibles ou des plus marginalisés. C’est là une illustration du prendre soin comme caractère essentiel à toute civilisation humaine.

La culture du soin (ou du prendre soin), loin d’être étrangère à la notion de justice, y contribue, dans la mesure où elle nécessite de mettre au centre la personne humaine et la protection de ses droits, qui trouvent leur source et leur fondement dans son inaliénable dignité. Prendre soin implique avant tout de reconnaître que toute personne doit pouvoir bénéficier de ces droits universels, des droits notamment sociaux, qui découlent de la dignité humaine et ne peuvent être niés à aucun. Pensons au droit à l’alimentation, à l’accès aux soins médicaux ou à l’instruction (etc.).

Cette « grammaire » du prendre soin s’est déclinée, entre autre, lors de la reconnaissance et la formulation des droits humains, qui furent inscrits dans la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. Tout en mettant en évidence les droits de la personne humaine, cette Déclaration n’omet pas de souligner également son appartenance à la famille humaine. Se conjuguent ainsi l’idée de justice, inhérente à la garantie des droits de la personne, avec la nécessaire prise en compte de la nature relationnelle et sociale de la personne humaine. La Déclaration Universelle des Droits de l’Homme y fait référence dès son article 1er, en évoquant « l’esprit de fraternité ». Dès lors, il convient moins d’interpréter les droits de la personne de manière individualiste et subjective, que de les envisager en considérant la personne comme un être en relation, protagoniste du vivre-ensemble, et dont l’agir pourra avoir des incidences sur la vie et l’exercice des droits d’autrui.

En insistant sur la culture du soin, le Pape François nous remet devant ce qui constitue un impératif pour toute société humaine engagée sur le chemin de la paix. A l’opposé de la culture du déchet, la culture du soin exige donc de remédier au déni des droits les plus essentiels envers nombre de nos contemporains démunis et marginalisés.

A ce propos, il serait erroné d’envisager la culture du soin comme une culture de la dépendance. Il s’agit plutôt de favoriser un environnement inclusif dans lequel toute personne, homme ou femme, pourra se déployer pleinement et promouvoir elle-même cette culture du soin comme parcours de paix.

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Rédaction

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