Notre Dame de Guadalupe 2020, roses offertes par une jeune fille, capture @ Vatican Media

Notre Dame de Guadalupe 2020, roses offertes par une jeune fille, capture @ Vatican Media

Notre Dame de Guadalupe: une incitation au « vol » (traduction complète)

Print Friendly, PDF & Email

« Abondance, bénédiction et don »: trois réalités rappelées par cette fête

Share this Entry
Print Friendly, PDF & Email

« Abondance, bénédiction et don »: trois réalités rappelées par la fête de Notre Dame de Guadalupe, fait observer le pape François. En Dieu, il y a cette « impossibilité de se donner autrement qu’en abondance ».

Le pape François a en effet présidé la messe pour la fête de Notre Dame de Guadalupe, ce samedi 12 décembre 2020, à 11h, à l’autel de la Chaire de Saint Pierre, mais avec des restrictions sanitaires : pas de foule, pas de procession avec les drapeaux des différents pays du continent américain.

L’un des deux concélébrants était le cardinal canadien Marc Ouellet, préfet de la Congrégation pour les évêques et président de la Commission pontificale pour l’Amérique latine.

Dieu « ne dose pas », mais donne en surabondance, a souligné le pape dans son homélie improvisée en espagnol.

Il a conclu en incitant au « vol »: « Qu’en contemplant l’image de notre mère aujourd’hui, nous «volions» à Dieu un peu de ce style qu’il a: la générosité, l’abondance, le bénir, ne jamais maudire, et transformer notre vie en un don, un don pour tous. Qu’il en soit ainsi. »

La messe a été célébrée en espagnol, les chants et la prière d’intercession ont été prononcées en espagnol et en portugais.

Pendant la communion, une jeune fille s’est avancée jusqu’au tableau de la Vierge de Guadalupe et elle a déposé un bouquet de roses jaunes à ses pieds.

Notre Dame de Guadalupe 2020, roses offertes par une jeune fille, capture @ Vatican Media

Notre Dame de Guadalupe 2020, roses offertes par une jeune fille, capture @ Vatican Media

L’apparition de la Vierge Marie sur la colline de Tepeyac (Mexique) remonte à 1531. L’image de la Vierge s’est imprimée sur la tilma de laine de Juan Diego, avec des caractéristiques symboliques qui ne renvoient pas seulement à la femme de l’Apocalypse (ch. 12) mais aux cultures du continent américain: les cheveux déliés d’une vierge, la ceinture d’une femme enceinte, les rayons du soleil (signe aztèque le la divinité) plus brillants à la hauteur de l’enfant attendu, les 46 étoiles du manteau bleu, comme les constellations visibles en 1531 au Mexique, la lune sous ses pieds – « Mexique » signifie « au centre de la lune » -, la fleur (le symbole aztèque « nahui ollin ») sur la robe dorée représentant la présence de Dieu, l’ange sous l’image de la Vierge Marie, qui représenterait le lien entre le ciel et la terre, les deux mains, une blanche, une brune et le visage métisse, représentant les peuples du continent (autochtones et européens), unies en prière, et surtout les yeux dans lesquels se sont imprimées les images des personnages présents, dont Juan Diego: des miniatures indétectables sans les technologies modernes.

La tilma de laine s’est conservée au cours des siècles, elle semble imputrescible, les taches éventuelles disparaissent, on pourrait dire à l’image de l’Immaculée sur laquelle le péché n’a pas d’emprise.

La célébration s’est achevée par le traditionnel chant à la « Guadalupana » dont les yeux se sont posés sur la colline du Tepeyac. Le pape François avait encensé l’effigie de la Vierge au début de la messe et il est allé toucher dévotement le tableau pendant le chant accompagné de guitares.

Notre Dame de Guadalupe 2020, musiciens, messe © Vatican Media

Notre Dame de Guadalupe 2020, musiciens, messe © Vatican Media

Cette année, par mesure de sécurité sanitaire, le sanctuaire mexicain est resté fermé: le pape a de ce fait étendu l’indulgence plénière au  monde entier.

AB

Homélie du pape François

Dans la liturgie d’aujourd’hui, il y a principalement trois mots, trois idées: abondance, bénédiction et don. Et, en regardant l’image de la Vierge de Guadalupe, nous avons aussi en quelque sorte le reflet de ces trois réalités: l’abondance, la bénédiction et le don.

L’abondance parce que Dieu s’offre toujours en abondance; il donne toujours en abondance. Il ne connaît pas le dosage. Il se laisse «doser» par sa patience. C’est nous qui connaissons, du fait de notre nature même, de nos limites, la nécessité de quotas confortables. Mais Lui, il se donne en abondance, totalement. Et là où est Dieu, il y a abondance.

En pendant au mystère de Noël, la liturgie de l’Avent prend chez le prophète Isaïe une grande partie de cette idée d’abondance. Dieu se donne tout entier, tel qu’il est, totalement. La générosité peut être – cela me plaît de le penser – une «limite» que Dieu a, au moins une: l’impossibilité de se donner autrement qu’en abondance.

Le deuxième mot est la bénédiction. La rencontre de Marie avec Elizabeth est une bénédiction, une bénédiction. Bénir, c’est «dire du bien». Et Dieu, dès la première page de la Genèse, nous a habitués à son style de dire du bien. Le deuxième mot qu’il prononce, selon le récit biblique, est: «Et c’était bon», et «c’est bien», «c’était très bon». Le style de Dieu est toujours de dire du bien, c’est pourquoi la malédiction sera le style du diable, de l’ennemi. Le style de la mesquinerie, de l’incapacité à se donner totalement, de «dire du mal». Dieu dit toujours du bien. Et il le dit avec plaisir, il le dit en se donnant. Bien. Il se donne en abondance, en disant du bien, en bénissant.

Le troisième mot, le don. Et cette abondance, ce dire du bien, c’est un cadeau, c’est un don. Un don qui nous est donné dans celui qui est «toute grâce», qui est tout Lui, qui est toute divinité, dans «le béni». Un don qui nous est donné en celle qui est « pleine de grâce », la « bénie ». Le béni par nature et la bénie par grâce. Ce sont deux références que l’Écriture marque. A elle, on dit « tu es bénie entre les femmes », « pleine de grâce ». Jésus est le « béni », celui qui apportera la bénédiction.

Et en regardant l’image de notre Mère attendant le béni, la pleine de grâce attend le béni, nous comprenons un peu cela de l’abondance, du dire du bien, du « bien-dire ». Nous comprenons cela du don, le don de Dieu nous a été présenté dans l’abondance de son Fils par nature, dans l’abondance de sa Mère par grâce. Le don de Dieu nous a été présenté comme une bénédiction, dans le béni par nature et dans la bénie par la grâce. Voilà le don que Dieu nous fait et qu’il a toujours voulu souligner, réveiller sans cesse tout au long de la révélation.

« Tu es bénie entre toutes les femmes parce que tu nous a apporté le béni. » « Je suis la Mère de Dieu pour qui on vit, celui qui donne la vie, le béni. »

Et qu’en contemplant l’image de notre mère aujourd’hui, nous «volions» à Dieu un peu de ce style qu’il a: la générosité, l’abondance, le bénir, ne jamais maudire, et transformer notre vie en un don, un don pour tous. Qu’il en soit ainsi.

(c) Traduction de l’espagnol de Zenit, Anita Bourdin

Share this Entry

Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

FAIRE UN DON

Si cet article vous a plu, vous pouvez soutenir ZENIT grâce à un don ponctuel