Cardinal Koch, 4 décembre 2020, capture Vatican media

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Vadémécum pour les évêques : l’œcuménisme n’est pas une option

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Présentation du card. Kurt Koch

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Parce que « l’engagement œcuménique de l’évêque n’est pas une dimension optionnelle de son ministère, mais un devoir et une obligation », le vadémécum publié par Rome veut être pour celui-ci « un guide » dans ses responsabilités œcuméniques au service de l’unité des chrétiens.

Le card. Kurt Koch, président du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, a expliqué le but de ce vadémécum pour les évêques, lors d’une présentation du document à la presse, ce vendredi 4 décembre 2020.

Le vadémécum, a expliqué le cardinal, développe les « quatre manières dont l’Église catholique interagit avec d’autres communautés chrétiennes » : l’œcuménisme spirituel, le « dialogue de la charité », « le dialogue de la vérité » et le « dialogue de la vie ».

Présentation du card. Kurt Koch

Étymologiquement, « Vadémécum » signifie « viens avec moi ». Le document que nous vous présentons aujourd’hui a été pensé comme un guide, une boussole, ou comme un compagnon de voyage, pour le cheminement œcuménique de l’évêque avec son diocèse. Je voudrais présenter brièvement le but, la préparation et le contenu de ce nouveau document du Conseil pontifical pour la Promotion de l’unité des chrétiens.

But

Le Vadémécum œcuménique est né d’une demande faite par les membres et par les consulteurs du Dicastère au cours de l’assemblée plénière de 2016. Ils ont exprimé le désir d’avoir un document bref qui puisse encourager, aider et guider les évêques catholiques dans leur service de promotion de l’unité des chrétiens à travers leur ministère.

En effet, si le Directoire pour l’application des principes et des normes sur l’œcuménisme de 1993 est le document de référence pour la tâche œcuménique de toute l’Église catholique, il manquait un texte destiné aux évêques pour la réalisation de leurs responsabilités œcuméniques.

L’évêque ne peut pas simplement considérer la promotion de l’unité des chrétiens comme l’une des nombreuses tâches de son ministère, une tâche qui pourrait ou devrait passer après d’autres priorités, apparemment plus importantes. L’engagement œcuménique de l’évêque n’est pas une dimension optionnelle de son ministère, mais un devoir et une obligation.

Préparation

Le processus de préparation du Vadémécum a duré environ trois ans. Une première ébauche a été préparée par les officials du Conseil pontifical avec le conseil d’experts, puis présentée pendant l’assemblée plénière du Dicastère en 2018. Le texte a été ensuite envoyé à de nombreux dicastères de la Curie romaine, que je voudrais ici remercier chaleureusement pour leur précieuse contribution.

Les directives du Vadémécum se basent sur le Décret Unitatis redintegratio du Concile Vatican II, sur l’encyclique Ut unum sint, et sur deux documents du Conseil pontifical : le Directoire œcuménique et La dimension œcuménique dans la formation de ceux qui se consacrent au ministère pastoral. Il ne s’agissait toutefois pas de répéter ces documents, mais plutôt de proposer une brève synthèse, mise à jour et enrichie par des thèmes développés au cours des derniers pontificats, et toujours en adoptant le point de vue de l’évêque : un guide qui puisse inspirer le développement de l’action œcuménique et qui soit facile à consulter.

Le Saint-Père a approuvé le Vadémécum et s’y est référé dans sa Lettre du 24 mai dernier, à l’occasion du 25e anniversaire de l’encyclique Ut unum sint (1995). Rappelant que « le service de l’unité est un aspect essentiel de la mission de l’évêque », le pape François a exprimé le souhait que le Vadémécum serve d’ « encouragement et de guide » à l’exercice des responsabilités œcuméniques des évêques.

Le Conseil pontifical a tenu à préparer la traduction du Vadémécum en différentes langues. Pour le moment, les versions en anglais, italien, français, espagnol, portugais et allemand sont prêtes.

La publication du Vadémécum œcuménique marque non seulement le 25e anniversaire de l’encyclique Ut unum sint, mais également un autre anniversaire important pour l’engagement œcuménique de l’Église catholique : le 60e anniversaire de l’institution du Conseil pontifical pour la Promotion de l’unité des chrétiens, qui a fait suite à l’annonce du Concile Vatican II. Pour célébrer ces deux anniversaires, un Acte académique, transmis en direct streaming de [l’université] Angelicum, aura lieu cet après-midi.

Contenu

En ce qui concerne le contenu, le document s’articule en deux parties. La première partie, intitulée « La promotion de l’œcuménisme dans l’Église catholique », expose ce qui est demandé à l’Église catholique dans l’accomplissement de sa mission œcuménique. En effet, comme l’affirme le Vadémécum, « La recherche de l’unité est avant tout un défi pour les catholiques » (6). Dans cette première partie, le Vadémécum prend donc en considération les structures et les personnes actives dans le domaine œcuménique au niveau diocésain et national, la formation œcuménique et l’usage des médias diocésains.

La seconde partie, intitulée « Les relations de l’Église catholique avec les autres chrétiens », examine quatre manières dont l’Église catholique interagit avec d’autres communautés chrétiennes. La première manière est l’œcuménisme spirituel qui, comme le dit le Concile, est l’ « âme du mouvement œcuménique » (UR $8). Le Vadémécum souligne en particulier l’importance des Saintes Ecritures (20), de l ‘ « œcuménisme des saints » (22) et de la purification de la mémoire (24).

La seconde manière est le dialogue de la charité, qui s’occupe de la promotion d’une « culture de la rencontre » au niveau des contacts et de la collaboration au quotidien, alimentant et approfondissant la relation qui unit déjà les chrétiens en vertu de leur baptême. Comme le dit saint Jean-Paul II dans l’encyclique Ut unum sint : « la reconnaissance de la fraternité […] va bien au-delà d’un acte de courtoisie œcuménique et constitue une affirmation ecclésiologique de base » (UUS 42). Le Vadémécum fait certaines recommandations pratiques à cet égard ; par exemple assister, dans la mesure où c’est possible et opportun, aux liturgies d’ordination ou d’installation des responsables d’autres Églises, inviter les responsables d’autres Églises à des célébrations liturgiques et à d’autres événements importants de l’Église catholique.

La troisième manière est le dialogue de la vérité, qui se réfère à la recherche de la vérité de Dieu que les catholiques entreprennent avec d’autres chrétiens à travers le dialogue théologique. Quelques principes du dialogue en tant qu’échange de dons (27) y sont mentionnés, du dialogue théologique qui « ne cherche pas un dénominateur théologique commun minimum sur lequel parvenir à un compromis, mais qui se base plutôt sur l’approfondissement de la vérité tout entière » (28). Le document mentionne le défi de la réception qui doit impliquer l’Église entière dans l’exercice du sensus fidei (30).

La quatrième manière est le dialogue de la vie. Cette expression désigne les occasions d’échange et de collaboration avec d’autres chrétiens dans trois domaines principaux : la pastorale, le témoignage donné au monde et la culture. En ce qui concerne l’œcuménisme pastoral, le Vadémécum aborde des thèmes comme la collaboration dans le domaine de la mission et de la catéchèse (34), les mariages mixtes (35), la communicatio in sacris (36). Dans le domaine de l’œcuménisme pratique, le Vadémécum traite de la collaboration dans le service du monde (38) et du dialogue interreligieux en tant que défi œcuménique (39). Enfin, le document traite de l’œcuménisme culturel, en particulier à travers des projets communs dans les domaines académique, scientifique et artistique (41).

Le Vadémécum ne rappelle pas seulement les principes de l’engagement œcuménique de l’évêque mais, à la fin de chaque section, il rapporte une liste de « recommandations pratiques », qui résument en termes simples et directs les tâches et les initiatives que l’évêque peut promouvoir au niveau local et régional. Enfin, une annexe offre une brève description des partenaires de l’Église catholique dans les dialogues internationaux bilatéraux et multilatéraux et des principaux fruits déjà recueillis.

Le pape François redit souvent que l’unité se fait en marchant ; si nous marchons ensemble avec le Christ, il réalisera l’unité lui-même. « L’unité ne viendra pas comme un miracle à la fin : l’unité vient en chemin, c’est l’Esprit-Saint qui la fait en chemin » (Basilique Saint Paul-hors-les-Murs, 25 janvier 2014). Puisse ce Vadémécum être une aide sur le chemin des évêques et de toute l’Église catholique vers la pleine communion pour laquelle le Seigneur a prié. Merci.

© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat

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Hélène Ginabat

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