Messe du 2 novembre 2020 © Vatican Media

Messe du 2 novembre 2020 © Vatican Media

Messe pour les défunts : la lumière au moment où l’on est « au plus bas »

Homélie du pape François (Traduction intégrale)

Share this Entry

Le pape François a invité à s’accrocher à la corde de l’espérance, ancrée dans l’au-delà, spécialement dans les moments où l’on est « au plus bas », en célébrant la messe pour les fidèles défunts, ce 2 novembre 2020.

Depuis l’église du cimetière teutonique au Vatican – entouré d’une poignée de personnes à distance de sécurité – il a encouragé à répéter la phrase de Job (“Je sais, moi, que mon rédempteur est vivant et je le verrai”), « dans les moments de joie et dans les mauvais moments ».

En 2013, 2014 et 2016, le pape avait commémoré les défunts au cimetière romain du Verano. En 2016, il s’était rendu à celui de Prima Porta, puis en 2017 au cimetière américain de Nettuno, où étaient enterrés les soldats étatsuniens durant la seconde guerre mondiale. En 2018, ce fut le cimetière Laurentino et en 2019 les catacombes de Priscille.

Après la célébration, il s’est rendu dans les grottes de la basilique Saint-Pierre, pour prier sur les tombes de ses prédécesseurs. Voici notre traduction de l’homélie qu’il a prononcée durant la messe.

Homélie du pape François

Job vaincu, ou plutôt fini dans son existence, par la maladie, avec la peau déchirée, presque sur le point de mourir, presque décharné, Job a une certitude et l’exprime : « Mais je sais, moi, que mon rédempteur est vivant, que, le dernier, il se lèvera sur la poussière !» (Jb 19,25). Au moment où Job est au plus bas, bas, bas, il y a cette étreinte de lumière et de chaleur qui le rassure : Je verrai le Rédempteur. Avec ces yeux je le verrai. « Je le verrai, moi en personne, et si mes yeux le regardent, il ne sera plus un étranger. » (Jb 19,27).

Cette certitude, au moment presque final de la vie, c’est l’espérance chrétienne. Une espérance qui est un don : nous ne pouvons pas l’avoir. C’est un don que nous devons demander : “Seigneur, donne-moi l’espérance”. Il y a tant de mauvaises choses qui nous conduisent à désespérer, à croire que tout sera une défaite finale, qui après la mort il n’y aura rien… Et la voix de Job revient, revient : « Je sais, moi, que mon rédempteur est vivant, que, le dernier, il se lèvera sur la poussière! […] Je le verrai, moi en personne », avec ces yeux.

«L’espérance ne déçoit pas » (Rm 5,5), nous a dit Paul. L’espérance nous attire et donne un sens à notre vie. Je ne vois pas l’au-delà, mais l’espérance est le don de Dieu qui nous attire vers la vie, vers la joie éternelle. L’espérance est une ancre que nous avons de l’autre côté, et nous, agrippés à la corde, nous nous soutenons (cf. Hb 6,18-20). “Je sais, moi, que mon rédempteur est vivant et je le verrai”. Répéter cela dans les moments de joie et dans les mauvais moments, dans les moments de mort, comme on dit.

Cette certitude est un don de Dieu, parce que nous ne pourrions jamais avoir l’espérance par nos propres forces. Nous devons la demander. L’espérance est un don gratuit que nous ne méritons jamais : elle est donnée, offerte. C’est une grâce.

Et puis, le Seigneur confirme cela, cette espérance qui ne déçoit pas : « Tous ceux que me donne le Père viendront jusqu’à moi » (Jn 6,37). C’est la finalité de l’espérance : aller jusqu’à Jésus. Et « celui qui vient à moi, je ne vais pas le jeter dehors. Car je suis descendu du ciel pour faire non pas ma volonté, mais la volonté de Celui qui m’a envoyé. » (Jn 6,37-38). Le Seigneur nous reçoit là où il y a l’ancre. La vie dans l’espérance c’est vivre ainsi : agrippés, la corde à la main, fort, sachant que l’ancre est là-bas. Et cette ancre ne déçoit pas, elle ne déçoit pas.

Aujourd’hui, en pensant à tant de nos frères et sœurs qui s’en sont allés, cela nous fera du bien de regarder les cimetières et de regarder vers le haut. Et de répéter, comme Job : “Je sais que mon Rédempteur est vivant, je le verrai, moi en personne, mes yeux le contempleront, pas un autre”. C’est la force que nous donne l’espérance, ce don gratuit qu’est la vertu de l’espérance. Que le Seigneur nous la donne à tous.

Traduction de Zenit, Anne Kurian-Montabone

Share this Entry

Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

FAIRE UN DON

Si cet article vous a plu, vous pouvez soutenir ZENIT grâce à un don ponctuel