Le journaliste chrétien doit être « un porte-parole d’espérance et porteur de confiance en l’avenir » : c’est l’encouragement du pape François à l’équipe de rédaction de l’hebdomadaire belge flamand Tertio, qu’il a reçue ce 18 septembre 2020, au Vatican. Il a recommandé de chercher « une vision positive des personnes et des faits, tout en rejetant les préjugés ».
En décembre 2016, le pape avait accordé une interview sur le thème de la synodalité, à ce magazine néerlandophone chrétien, qui fête cette année ses 20 ans. « Le journaliste chrétien est invité à porter un témoignage nouveau dans le monde de la communication sans voiler la vérité, ni manipuler l’information », a-t-il déclaré à l’audience de ce matin.
Il s’est félicité de l’existence de ces médias « spécialisés dans l’information de qualité sur la vie de l’Eglise dans le monde, et contribuant à une formation des consciences ». Le pape a aussi invité à « faire entendre la voix de l’Eglise et celle d’intellectuels chrétiens dans un paysage médiatique de plus en plus sécularisé afin de l’enrichir avec des réflexions constructives ».
Le nom Tertio, se réfère à la Lettre Apostolique de Jean-Paul II Tertio millennio adveniente, écrite à l’approche du grand Jubilé de l’an 2000.
Discours du pape François
Cher frères et sœurs, bienvenus !
Je suis heureux de vous rencontrer, collaborateurs de l’hebdomadaire chrétien Tertio qui célèbre le vingtième anniversaire de son existence. Je vous souhaite un pèlerinage profitable à Rome et je vous félicite pour tout ce que vous faites dans le domaine de l’information et de la communication. Je remercie Monseigneur Smet et Monsieur Van Lierde pour leurs mots d’introduction.
Dans les sociétés où nous vivons, l’information fait partie intégrante de notre quotidien. Lorsqu’elle est de qualité, elle nous permet de mieux comprendre les problèmes et les défis auxquels le monde est appelé à faire face, tout en inspirant les comportements individuels, familiaux et sociaux. Aussi, l’existence de médias chrétiens spécialisés dans l’information de qualité sur la vie de l’Eglise dans le monde, et contribuant à une formation des consciences est-elle de grande importance. D’ailleurs, le nom même de votre hebdomadaire, Tertio, se réfère à la Lettre Apostolique du saint Pape Jean-Paul II Tertio millennio adveniente, à l’approche du grand Jubilé de l’an 2000, pour préparer les cœurs à l’accueil du Christ et de son message libérateur. Cette référence est donc non seulement un appel à l’espérance mais elle vise aussi à faire entendre la voix de l’Eglise et celle d’intellectuels chrétiens dans un paysage médiatique de plus en plus sécularisé afin de l’enrichir avec des réflexions constructives. En cherchant une vision positive des personnes et des faits, tout en rejetant les préjugés, il s’agit de favoriser une culture de la rencontre grâce à laquelle il est possible d’appréhender la réalité en toute confiance. Considérable aussi est la contribution de bons médias chrétiens à forger un nouveau style de vie des communautés chrétiennes, dégagé de toute forme d’a-priori et d’exclusion. En effet, nous le savons, «les médisances ferment le cœur à la communauté, empêchent l’unité de l’Eglise. Le grand bavard c’est le diable, qui parle toujours mal des autres, car c’est le menteur qui cherche à désunir l’Eglise, à éloigner les frères et à ne pas faire communauté» (Angélus, 6 septembre 2020).
La communication est une mission importante pour l’Église. Les chrétiens engagés dans ce domaine sont appelés à mettre en œuvre de manière très concrète l’appel du Seigneur à aller dans le monde et à proclamer l’Evangile (cf. Mc 16, 15). Par sa haute conscience professionnelle, le journaliste chrétien est invité à porter un témoignage nouveau dans le monde de la communication sans voiler la vérité, ni manipuler l’information. En effet, «dans la confusion des voix et des messages qui nous entourent, nous avons besoin d’un récit humain, qui parle de nous et de la beauté qui nous habite. Un récit qui sache regarder le monde et les événements avec tendresse ; qui raconte que nous faisons partie d’un tissu vivant ; qui révèle l’entrelacement des fils par lesquels nous sommes rattachés les uns aux autres» (Message pour la 54ème Journée des Communications Sociales, 24 janvier 2020). Vous êtes des acteurs de ce récit.
Le professionnel chrétien de l’information doit donc être un porte-parole d’espérance et porteur de confiance en l’avenir. Car c’est seulement lorsque l’avenir est assumé en tant que réalité positive et possible que le présent devient aussi vivable.
Ces réflexions peuvent encore nous aider particulièrement aujourd’hui à cultiver l’espérance dans la situation de pandémie que traverse le monde. Vous êtes semeurs de cet espoir en un lendemain meilleur. Dans le contexte de cette crise, il est important que les moyens de communication sociale contribuent à faire en sorte que les personnes ne demeurent pas enfermées dans leur solitude et puissent recevoir une parole de réconfort.
Chers amis, je vous renouvelle mes encouragements dans vos efforts et je rends grâce à Dieu pour votre témoignage durant ces 20 années qui ont permis à votre hebdomadaire de se forger une réputation. Comme l’a souligné saint Jean-Paul II, sachez que «l’Eglise se tourne vers vous, qui œuvrez dans le domaine de la culture et de la communication, avec confiance et attente, car […] vous êtes appelés à lire et à interpréter les temps présents et à identifier les voies pour une communication de l’Evangile selon le langage et la sensibilité de l’homme contemporain» (Discours aux participants au Congrès des agents de la communication et de la culture promu par la conférence épiscopale italienne, 9 novembre 2002).
Je confie à la protection de la Vierge Marie votre travail au service de la rencontre entre les personnes et les sociétés. Qu’elle tourne son regard vers chacun et chacune d’entre vous et qu’elle vous aide à être de fidèles disciples de son Fils dans votre profession.
Je bénis tous les collaborateurs de Tertio, leurs familles, ainsi que les lecteurs du journal, et je vous demande, s’il vous plaît, de ne pas oublier de prier pour moi. Merci.
© Librairie éditrice du Vatican