Card. Achille Silvestrini

Card. Achille Silvestrini, © Wikimedia Commons

Le cardinal Parolin rend hommage au cardinal Silvestrini

« Un interprète sage et efficace » de l’Ostpolitik du Vatican

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Le cardinal Parolin a rendu hommage, en ce premier anniversaire de sa disparition, au cardinal Achille Silvestrini (1923-2019) le qualifiant d’« interprète sage et efficace des motivations et des lignes de l’Ostpolitik du Vatican » qui concernait les relations du Saint-Siège avec les pays communistes de l’Europe de l’Est et, particulièrement, avec l’Union soviétique.

Le secrétaire d’État est intervenu à la Conférence pour les 45 ans des Accords d’Helsinki intitulée « Le cardinal Silvestrini et l’Ostpolitik du Vatican », le 14 septembre 2020, à l’ambassade d’Italie près le Saint-Siège, à Rome, en présence du président du Conseil italien, Giuseppe Conte, indique L’Osservatore Romano.

Les bases de l’Ostpolitik du Vatican, a expliqué le cardinal Parolin, avaient été posées par saint Paul VI, dans l’encyclique Ecclesiam suam en 1967 : le pape espérait « voir ces régimes ouvrir un jour avec l’Église un dialogue positif ». « C’est la clé, commentait alors le cardinal Silvestrini, de l’Ostpolitik de Paul VI. Cette ‘espérance contre toute espérance’ détermina l’action du pape qui ne renonça à aucune possible tentative, même pour un succès limité et lorsque celle-ci s’avérait infructueuse. »

Le secrétaire d’État a fait observer que « plus d’une fois » les cardinaux Agostino Casaroli (1914-1998, secrétaire d’État du Vatican de 1979 à 1990) et Silvestrini « ont affronté des difficultés et des incompréhensions au sein de l’Église catholique » à propos de l’Ostpolitik, parce que certains n’y voyaient qu’une « illusion », une « politique non clairvoyante par rapport à un géant politique et militaire qui ne comprenait que le langage de la force ».

Le cardinal Silvestrini s’opposait à cette interprétation, a expliqué le cardinal Parolin, car il se référait à Paul VI, pour qui « sur le plan des principes, le Saint-Siège ‘est compétent à un titre particulier’ ». Par conséquent, affirmait encore le pape Paul VI, c’était « un bien de forcer les adversaires à reconnaître des droits, même si ceux-ci, comme dans le cas du bloc soviétique, devaient ensuite être dénigrés dans la pratique parce que quand le droit est reconnu, même si par la suite il n’est pas observé, il a une force en soi ».

C’est un « martyre de la patience », a poursuivi le secrétaire d’État, qui a conduit l’Église à saisir la moindre occasion d’ouverture, envoyant les cardinaux Casaroli et Silvestrini dans certains pays de l’Europe de l’Est – Hongrie, Tchécoslovaquie, Pologne – et qui a abouti à la perspective de la Conférence d’Helsinki, dans un pays neutre. Le Saint-Siège soutenait cet espoir et « allait de l’avant avec bonne volonté et confiance, mais sans hâte ».

La présence du Saint-Siège – en tant que membre de plein droit – à Helsinki était « un signe concret de sa conception de la paix entre les nations en tant que valeur morale plus encore qu’une question politique, et une occasion pour revendiquer la liberté religieuse comme une des libertés fondamentales de toute personne », a souligné le cardinal Parolin.

À Helsinki et à Genève, le cardinal Silvestrini menait « avec ténacité, habilité, courage et constance » des négociations compliquées avec les délégations des États du Pacte de Varsovie, à prédominance soviétique. Il a été aussi le chef de la délégation du Saint-Siège à la Conférence de l’ONU sur l’usage de l’énergie atomique de 1971 et à la Conférence sur le Traité de non-prolifération des armes atomiques en 1975.

Reprenant une « expression chère au pape François », le secrétaire d’État a conclu en soulignant que la Conférence d’Helsinki avait été, « depuis ses prémices jusqu’à ses conséquences à long terme, un de ces moments de l’histoire où les protagonistes se préoccupèrent davantage d’initier des processus que d’occuper des espaces ». Elle a montré que, « quand le dialogue est sincère et animé d’une bonne volonté, il constitue réellement ‘l’arme’ la plus puissante pour édifier une paix qui ne soit pas simple absence de conflits, mais avant tout affirmation de la dignité transcendante de tout être humain ».

Avec une traduction d’Hélène Ginabat

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Marina Droujinina

Journalisme (Moscou & Bruxelles). Théologie (Bruxelles, IET).

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