« La Vierge affligée, qui, le cœur transpercé, a pleuré la mort de Jésus, compatit maintenant à la souffrance des pauvres crucifiés et des créatures de ce monde saccagées par le pouvoir humain. »
C’est le tweet du pape François publié ce 15 septembre 2020, pour la fête de Notre Dame des douleurs. Un tweet que le pape conclut par le hashtag #TempsDeLaCréation, célébré du 1er septembre au 4 octobre dans le sillage de la Journée de prière pour la sauvegarde de l’environnement.
La fête de Notre Dame des Douleurs a été instituée par le pape Pie VII en souvenir des souffrances infligées par Napoléon Ier à l’Eglise, même si la dévotion populaire était née bien auparavant, grâce en particulier à l’apostolat des Servites de Marie et des Passionistes.
Dans un entretien à Radio Vatican en 2004, le théologien spécialiste en mariologie, Stefano De Fiores, expliquait : « Le peuple s’identifie à Marie et trouve en elle l’expression de sa douleur. Une douleur qui est salvifique, et non désespérée. Une douleur qui, en dépit de la dureté de cette souffrance, est traversée par la foi en la résurrection. Parce que Marie précède les autres dans la foi. Ayant entendu que Jésus devait ressusciter après trois jours, elle a conservé cette foi dans son cœur et elle l’a maintenue dans toute l’Eglise, le Samedi saint ».
A propos de l’expression de saint Bernard qui parle de « martyre en esprit » de la Vierge Marie, le père De Fiores précisait : « C’est un martyre parce que la parole de Siméon à Marie est très claire : Jésus est un signe de contradiction. Il y aura une opposition contre lui. Et toi-même, dit-il à Marie, tu auras l’âme transpercée par une épée. En d’autres termes, Marie est du côté de Jésus, souffre avec lui, et donc, sans aucun doute, Marie a participé en esprit – avec un martyre de type spirituel – aux souffrances de Jésus, qui a eu, par la crucifixion, un martyre non seulement spirituel mais physique. Mais il faut aussi dire une chose : la vie de Marie n’a pas toujours été un martyre, parce qu’elle a aussi eu des moments de joie, des moments de contemplation ».
Le p. De Fiores ajoutait : » Etrangement, l’Evangile de Jean ne nous dit pas que Marie souffrait au pied de la Croix, si bien que saint Ambroise dit : « Stantem lego, flentem non lego » – « je lis qu’elle se tient sous la Croix, mais je ne lis pas qu’elle pleure ». C’était certes l’heure où devait se manifester dans son summum cette opposition envers Jésus, et la prophétie de l’épée dans le cœur de Marie : la souffrance a donc été réelle. Ceci dit, j’ajoute que nous ne devons pas céder au « dolorisme » : le dolorisme n’est pas chrétien. Le christianisme consiste en ce qu’a fait Jésus auquel sa Mère s’est unie : il a transformé la douleur la plus cruelle, la plus ignominieuse, en espace de salut. Cette douleur salvifique dont le Saint-Père a si souvent parlé et dont Marie est une vivante icône. Voilà l’Evangile de la souffrance : la joyeuse nouvelle que même la solitude, même les moments les plus terribles que la psyché humaine puisse traverser peuvent être transformés en actes de foi, d’espérance et d’amour ».