Rencontre avec les travailleurs à Madagascar © Vatican Media

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Madagascar: message pour l’anniversaire de la visite du pape François (texte complet)

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« Laissons-nous toucher par les appels du Saint-Père et donnons de l’importance à ses messages »

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« Nous remercions le Pape François pour l’amour de prédilection qu’il a manifesté envers notre Patrie en effectuant cette visite apostolique qui restera gravée dans l’histoire de notre pays », écrit , au nom du Bureau permanent de la Conférence épiscopale de Madagascar le cardinal Désiré TSARAHAZANA, archevêque de Toamasina, et résident de la Conférence épiscopale, dans un message en date du 5 septembre 2020, pur marquer le premier anniversaire de la visite du pape François. Il a été adressé à Zenit ce dimanche 13 septembre.

« Si nous voulions vraiment que notre pays se développe, insiste le cardinal malgache, laissons-nous toucher par les appels du Saint-Père et donnons de l’importance à ses messages. »

AB

MESSAGE DU BUREAU PERMANENT DE LA CONFÉRENCE ÉPISCOPALE DE MADAGASCAR,

À L’OCCASION DU PREMIER ANNIVERSAIRE DE LA VISITE APOSTOLIQUE DU PAPE FRANÇOIS   À MADAGASCAR

Chers compatriotes,

Chers fidèles du Christ,

Que la paix soit avec vous!

Nous arrivons aujourd’hui au seuil du premier anniversaire de la Visite Apostolique du Pape François dans notre patrie, qui a eu lieu du 6 au 10 septembre 2019. Un grand moment où nous avons pu manifester notre solidarité et notre communion au point de rehausser très haut les valeurs malgaches et d’honorer notre pays aux yeux du monde entier. Un moment précieux où nous avons reçu la grâce et la bénédiction divine à travers le Successeur de Pierre.

Le souvenir de tout ce que nous avons vécu au moment de la Visite du “Semeur de Paix et d’Espérance” résonne encore dans nos cœurs, surtout les douces paroles et messages qu’il nous a laissés et que nous avons à méditer et à vivre pendant les années successives. Toutes les catégories des personnes dans notre pays ont eu leurs parts dans ces messages du Pape.

Devant la foule des fidèles qui participe à l’Eucharistie à Soamandrakizay, le Pape rappelle les exigences de la « Sequela Christi », qui sont à la base de la vie chrétienne. Le plus important de ces exigences c’est de « créer des espaces pour que Dieu soit le centre et l’axe de notre vie »[1]. Pour le chrétien, la rencontre personnelle avec Jésus doit engendrer une grande joie entrainant au changement radical de la vie et faisant devenir un homme nouveau qui ne s’enferme plus sur soi-même mais capable de s’ouvrir aux autres, qui ne soit plus limité par les liens familiaux ni par les origines raciales mais qui est capable de construire la fraternité universelle. Le chrétien est invité à ajuster ses priorités afin de les rendre conformes aux valeurs évangéliques. Il est contraire à l’Évangile la tendance à utiliser de l’appartenance au Christ au profit des intérêts personnels ou l’instrumentalisation du « nom de Dieu ou la religion pour justifier des actes de violence, de ségrégation et même d’homicide, d’exil, de terrorisme et de marginalisation »[2].

Le disciple du Christ, dit le Pape, est appelé à être missionnaire ; il n’a donc pas à se reposer ni à rester les bras ouverts mais devra s’engager et travailler pour changer la vie du monde, surtout face aux situations déplorables que vit la grande partie de l’humanité et qui ne fait point partie du plan de Dieu.

À Soamandrakizay, le Pape s’est particulièrement adressé aux jeunes et les a exhortés à ne pas rester immobiles mais à se mettre en mouvement, à travailler et s’engager à la recherche du « bonheur pour lequel nous avons été créés et que le monde ne pourra pas nous enlever »[3]. Ne vous laissez pas donc égarés par la séduction de ce monde qui préconise un apparent bonheur, facile et immédiat mais qui ne nous laisse finalement qu’à mi-chemin et ne nous cause que de l’amertume. Jésus, l’ami fidèle et sûr, a confiance en vous, les jeunes et vous envoie comme disciples missionnaires pour partager la joie et l’espérance à vos contemporains. Ne vous découragez pas et ne vous restez pas les bras ouverts face à la difficulté de la vie présente mais soyez prêts à vaincre les puissances du mal et à construire ensemble un avenir meilleur basé sur l’enseignement de l’Évangile. Disciple missionnaire qui ne marche jamais seul mais toujours en compagnie de Jésus et des autres et qui ne se sépare pas de l’Église.

Il était encourageant d’entendre le Pape François répéter dans son discours aux autorités étatiques, au corps diplomatique et aux membres de la société civile à Iavoloha, que Madagascar est une belle île.  Elle est une terre bénie de Dieu à cause de la richesse naturelle inestimable qui s’y trouve, à cause des louables caractères des ses habitants et de la sagesse et valeurs traditionnelles basées sur le « fihavanana », le respect de l’« aina » (vie) et la valorisation du « fanahy » qui fait de l’homme un homme.

En face de ces atouts que possède notre patrie, il est pourtant regrettable de voir que le peuple malgache est enfoncé dans une misère profonde à cause de l’égoïsme, de la mauvaise gouvernance et de la corruption qui règne partout et qui touche presque tous les secteurs de la vie. Le Pape a rappelé que « la fonction et la responsabilité politique constituent un défi permanent pour ceux qui ont la mission de servir et de protéger leurs concitoyens, en particulier les plus fragiles, et de favoriser les conditions d’un développement digne et juste, impliquant tous les acteurs de la société civile »[4]. Par ailleurs, le Pape a souligné que l’environnement et ces richesses naturelles de Madagascar se trouvent actuellement menacés à cause des exploitations insensées par les hommes pour des intérêts particuliers et par les gens pauvres en quête d’une survie provisoire.

Le Pape en appelle donc à la solidarité de tous pour protéger l’environnement en cherchant la manière juste d’exploiter ces richesses naturelles au profit de tous et une solution harmonieuse aux crises sociales qui contraignent les petits peuples à détruire inconsciemment l’environnement. La crise sociale et la crise environnementale sont toujours liées entre elles, dit le Pape. Et « nous ne pouvons pas parler de développement intégral sans prêter attention et sans prendre soin de notre Maison commune »[5].

C’est justement par cet effort de préserver la Maison commune que nous avons commencé notre exhortation à vivre les enseignements laissés du Pape dans notre message du mois de novembre 2019. Au début de cette année, il y a eu bel et bien un effort d’ensemble très encouragent de reboisement sous la conduite des responsables étatiques, où l’on a vu la participation massive des citoyens mais malheureusement cela a été interrompu par l’irruption de la pandémie Covid-19 dans le pays. Il faut cependant remarquer que ces efforts de planter beaucoup d’arbres resteront vains si on ne trouve pas de solution adéquate pour éradiquer les fléaux du feu de brousse.

La corruption qui s’enracine presque dans tous les secteurs de la vie de notre pays est l’un des maux qui ruinent la vie de la société et constitue un obstacle au vrai développement. Le Pape a particulièrement souligné dans son allocution à Iavoloha, qu’il nous faut ardemment lutter pour arracher cette corruption jusqu’à ses racines. Je vous encourage, dit le Pape, « à lutter avec force et détermination contre toutes les formes endémiques de corruption et de spéculation qui augmentent la disparité sociale, et à affronter les situations de grande précarité et d’exclusion qui produisent toujours des conditions de pauvreté inhumaine »[6].

Alors que nous parlons de la vie de la société, nous profitons de remarquer ces derniers temps, l’insécurité a ressurgi de façon bestiale dans les grandes villes aussi bien qu’en brousse. Nous en appelons donc aux responsables à chercher des stratégies efficaces pour restaurer la sécurité car le peuple vit quotidiennement dans la peur. Nous en appelons à la conscience de chacun pour respecter la vie et les biens des autres.

La recrudescence de l’insécurité est fortement liée à la corruption, à l’égoïsme et à extrême la pauvreté dans laquelle le peuple s’engouffre. Cela exige à tous et à chacun une profonde conversion et changement radical de mentalité.

 

Chers frères et sœurs,

Si nous voulions vraiment que notre pays se développe, laissons-nous toucher par les appels du Saint-Père et donnons de l’importance à ses messages.

Le Pape nous suggère d’exploiter nos valeurs traditionnelles malgaches du fait qu’elles pourraient constituer un levier pour redresser la vie politique et sociale. Nous ne nous lassons donc pas de vous exhorter à faire taire les querelles politiques, les attaques réciproques et tout ce qui nous divisent. Faisons preuve de solidarité, rehaussons “le fihavanana” et donnons-nous les mains afin qu’ensemble nous puissions faire progresser notre pays. Redonnons de l’importance au “fanahy” qui nous rend des humains et le respect de l’ “aina”, sans nous piller entre nous et sans nous entretuer car nous sommes tous des mêmes malgaches et des mêmes fils de Dieu. Prenons comme une fierté commune le progrès de notre pays.

Dans son entretien avec les Evêques de Madagascar à Andohalo[7] et son discours aux prêtres et aux consacrés à Amparibe[8], le Pape nous exhorte et nous encourage à montrer le visage d’une Eglise vivante et dynamique qui cherche toujours à être une présence du Seigneur et à la manifester dans sa vie. À être une Eglise missionnaire et ouverte, proche du peuple, au milieu du peuple sans jamais se séparer pas du peuple. Une Eglise qui, animée par la foi, l’espérance et la charité, se dresse  comme témoin de la joie de l’Evangile par la prière de louange et la lutte contre le mal sans se laisser vaincre par la séduction de la mondanité. Eglise pauvre qui manifeste l’amour et porte l’espérance aux pauvres et à ceux qui sont délaissés par la société.

Le Pape a désigné la communauté d’Akamasoa comme un exemple vivant de cette Église pauvre vivifiée par la foi, l’espérance et la charité. « Akamasoa est l’expression de la présence de Dieu au milieu de son peuple pauvre »[9]. Akamasoa témoigne clairement que la pauvreté n’est pas une fatalité ; on peut bien la vaincre si, animée par la foi, on a la volonté de se relever.

Nous renouvelons ici « la volonté et la disponibilité de l’Église catholique à Madagascar de contribuer, …, à l’avènement d’une véritable fraternité qui valorise toujours le fihavanana, en favorisant le développement humain intégral, … »[10], dans un dialogue permanent avec toutes les catégories de personnes.

Nous rendons grâce à Dieu Trinité en ce premier anniversaire de la Visite apostolique du Pape François chez nous et nous implorons toujours sa bénédiction et sa bienveillance pour nous accompagner et nous protéger surtout en ce moment difficile où nous luttons encore contre la pandémie du Covid-19.

Nous remercions le Pape François pour l’amour de prédilection qu’il a manifesté envers notre Patrie en effectuant cette visite apostolique qui restera gravée dans l’histoire de notre pays. On voit concrètement qu’il est un Pape proche du peuple, surtout les pauvres et les plus petits et il a montré ainsi qu’il réalise dans sa vie ce qu’il enseigne. Encore une fois, on voit clairement qu’il est toujours très proche de l’humanité entière tout au long de ce moment d’épreuve que le monde traverse aujourd’hui. Nous prions Dieu de le maintenir toujours en bonne santé pour qu’il puisse accomplir sa charge de guider l’Église universelle.

Pour marquer donc ce premier anniversaire, nous vous invitons à consacrer un moment de prière pour le Pape François et pour notre patrie le dimanche 6 septembre et le mardi 8 septembre selon la possibilité dans chaque Église.

Que Dieu aide, protège et bénisse toujours notre patrie! Que la Sainte Vierge Marie notre Mère prie pour nous et nous protège!

Fait aujourd’hui, 5 septembre 2020.

 

Au nom du Bureau Permanent de la Conférence Épiscopale de Madagascar

 

Son Éminence le Cardinal Désiré TSARAHAZANA,

Archevêque de Toamasina,

Président de la Conférence Épiscopale de Madagascar

 

NOTES

[1] Pape François, Homélie lors de la Messe au domaine diocésain de Soamandrakizay (Antananarivo), dimanche 8 septembre 2019

[2] Ibid.

[3] Pape François, Discours lors de la veillée avec les jeunes, domaine diocésain de Soamandrakizay (Antananarivo), 7 septembre 2019.

[4] Pape François, Discours aux Autorités, à la Société civile et au Corps diplomatique de Madagascar, Ceremony building (Antananarivo), 7 septembre 2019

[5] Ibid.

[6] Ibid.

[7] Pape François, Discours lors de la rencontre avec les Évêques de Madagascar, Cathédrale d’Andohalo (Antananarivo), 7 septembre 2019.

[8] Pape François, Discours lors de la rencontre avec les prêtres, les religieuses, les religieux, les personnes consacrées et les séminaristes, Collège Saint Michel (Antananarivo), 8 septembre 2019.

[9] Pape François, Discours lors de la rencontre avec la Communauté d’Akamasoa, Cité de l’Amitié, Akamasoa, dimanche 8 septembre 2019

[10] Pape François, Discours aux Autorités, à la Société civile et au Corps diplomatique de Madagascar, Ceremony building (Antananarivo), 7 septembre 2019

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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