Mgr Follo, 28 juin 2020 © Anita Sanchez

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« Le pain béni et partagé augmente », explique Mgr Francesco Follo

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Commentaire des lectures de la messe du 2 août 2020

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« Le pain béni et partagé augmente », explique Mgr Francesco Follo dans ce commentaire des lectures de la messe de dimanche prochain, 2 août 2020 (18ème Dimanche du Temps Ordinaire – année A).

« L’évangile de ce dimanche montre la compassion attentionnée du Christ envers l’humanité en nous présentant le miracle de la multiplication des pains. Pour être précis, dans évangile aujourd’hui le Christ ne parle pas de multiplication, mais de division pour partager », explique Mgr Follo.

L’Observateur permanent du Saint-Siège à Paris (France), à l’UNESCO, rappelle que saint Ignace de Loyola « choisit de vivre en « recherchant Dieu dans toutes les choses, en l’aimant dans toutes les créatures » ».

Et il propose comme lectures patristiques des passages de la Catena Aurea de saint Thomas d’Aquin.

AB

Le pain béni et partagé augmente

1) Cinq pains bénis rassasiassent cinq mille personnes.

L’évangile de ce dimanche montre la compassion attentionnée du Christ envers l’humanité en nous présentant le miracle de la multiplication des pains. Pour être précis, dans évangile aujourd’hui le Christ ne parle pas de multiplication, mais de division pour partager. Les deux opérations donnent deux résultats différents. Nous, êtres humains, nous multiplions, nous ajoutons du pain au pain mais rassasions mesurablement. Le Fils de Dieu rompt le pain et le fait partager et satisfait au-delà de toute mesure. Étrangement ou, mieux, miraculeusement, à travers la division (partage), il y a une augmentation qui satisfait si abondamment qu’il reste tant de morceaux de pain pour remplir douze paniers.

Jésus fait ce geste de charité envers une multitude de personnes qui l’ont suivi pour l’écouter et être guéri de diverses maladies (cf. Mt 14,14). Ce geste exprimé par ces verbes : bénir, rompre et donner, est un geste que Jésus fait, que Dieu fait avec nous, mais c’est aussi un geste que toutes et tous, même les plus pauvres de cette terre, peuvent accomplir. Même les plus pauvres peuvent bénir, briser le peu, le très peu qu’ils ont, ils peuvent distribuer, ils peuvent donner.

Jésus fait ces gestes de charité envers une multitude de personnes qui l’ont suivi pour l’écouter et pour être guéries de diverses maladies (Mt 14,14).

Avant de contempler la scène évangélique d’aujourd’hui, identifions-nous avec les disciples de Jésus, heureux de marcher avec Lui, qui avance sur les routes de Galilée en portant l’Evangile et en effectuant les œuvres du Règne, œuvres de miséricorde accomplies par un Roi proche de son peuple. Aujourd’hui, Jésus montre sa royauté divine en éliminant un des obstacles qui emprisonne l’homme : la faim. Et, car l’abondance est un des signes du Royaume des Cieux, il multiplie les 5 pains jusqu’à en avoir 12 paniers pleins de pain en plus, même si 5 mille personnes en avaient mangé.

Pour mieux comprendre cette multiplication des pains et des poissons, il faut garder à l’esprit un fait auquel, souvent, nous ne faisons pas attention. Le fait que la parabole du semeur de la Parole (Mt 13,1-23) et la multiplication des pains et des poissons appartiennent à un même contexte : Christ « administre » un double pain : celui « fait » d’esprit : la Parole, et celui du corps, fait de grain.

Et maintenant contemplons la scène évangélique d’aujourd’hui : nous sommes à la fin d’une journée passée avec une multitude de personnes qui se nourrissent de la parole du Christ pour soigner leur corps et nourrir leur esprit. Les disciples suggèrent donc à Jésus de dire à la foule d’aller chercher des aliments pour nourrir le corps.

Le conseil des amis du Messie naît d’un bon sens humain et de l’attention aux besoins des personnes. Le Seigneur ne conteste pas la suggestion des disciples mais leur donne un ordre humainement étrange : « Donnez-leur vous-même à manger » (Mt 14,16).

Le bon sens humain pousse les disciples à faire remarquer à Jésus qu’ils n’ont rien d’autre que « cinq pains et deux poissons ». Alors le Rédempteur fait un geste qui fait penser au sacrement de l’Eucharistie : « Levant les yeux au ciel, il prononça la bénédiction ; il rompit les pains, il les donna aux disciples, et les disciples les donnèrent à la foule » (Mt 14, 19). Le miracle consiste dans le partage fraternel de peu de pains, qui, confiés à la puissance de Dieu, non seulement suffisent pour tous mais il en reste jusqu’à remplir douze paniers. Le Seigneur sollicite les disciples afin qu’eux-mêmes, ils distribuent le pain pour la foule : c’est de cette façon qu’il les instruit et les prépare à la mission apostolique : ils devront porter à tout le monde la nourriture de la Parole de Vie, du Pain de Vie éternelle et terrienne.

En ce geste prodigieux, l’incarnation de Dieu et l’œuvre de la rédemption s’entrelacent.  En fait, Jésus descend de la barque pour rencontrer les hommes (Mt 14,14). Le Seigneur nous offre ici un exemple éloquent de sa compassion envers les personnes. Cela nous fait penser à tant de frères et sœurs qui souffrent, quotidiennement, des dramatiques conséquences de la famine aggravées par la guerre et par le manque d’institutions solides et fiables. Le Christ est attentif aux besoins matériels, mais il veut donner plus parce que l’homme est toujours « affamé de plus, a besoin quelque chose de plus » (Benoît XVI, Jésus de Nazareth, Milan 2007, 311). Dans le pain du Christ, l’amour de Dieu est présent ; dans notre rencontre avec Lui, « nous nous nourrissons du Dieu vivant même, nous mangeons vraiment le ‘pain du ciel’ » (Ibid.).

« Dans l’Eucharistie, Jésus fait de nous des témoins de la compassion de Dieu pour chaque frère et sœur. Autour de mystère eucharistique naît, ainsi, la charité envers le prochain » (Exhort. Ap. post-syn. Sacramentum caritatis, 88). Aussi Saint-Ignace de Loyola, fondateur de la Compagnie de Jésus nous le témoigne. Ignace choisit, en effet, de vivre en « recherchant Dieu dans toutes les choses, en l’aimant dans toutes les créatures » (cf. Constitutions de la Compagnie de Jésus, III, 1, 26).

Confions notre prière à la Vierge Marie, afin qu’elle ouvre notre cœur à la compassion envers le prochain et au partage fraternel. Demandons à notre Mère Céleste d’être toujours de vrais pauvres d’esprit afin de retrouver la saveur du pain.

2) Pain du ciel qui à Eucharistie devient le pain des hommes

(don Primo Mazzolari).

            « L’Hostie, comme la croix, sont des bras et des cœurs qui se rencontrent. Lorsque j’élève le pain, j’exalte la charité de Dieu et la fatigue de l’homme : je porte dans le cœur du Seigneur les œuvres de mon peuple travailleur. L’homme s’est rencontré avec Toi dans le pain, avant même que tu le fasses devenir pour nous Pain de vie » (Don Primo Mazzolari).

Nous aussi demandons ce que nous devons faire pour avoir vraie vie. Jésus nous répond : croyez en moi. La foi est la chose fondamentale. Il ne s’agit pas de suivre un projet, une idée, mais de rencontrer Jésus comme une personne vivante, de se laisser impliquer totalement par lui et par son évangile. Donc, Jésus invite à ne pas s’arrêter à l’horizon humain et à s’ouvrir à l’horizon de Dieu, à l’horizon de la foi. Il exige une seule œuvre : accueillir le plan de Dieu, de croire à « celui qu’Il a envoyé ». Moïse avait donné la manne à Israël, le pain du ciel, avec lequel Dieu avait nourri son peuple dans le désert. Jésus ne donne pas quelque chose, il donne lui-même : c’est Lui « le pain vrai, descendu du ciel », Lui la parole vivante du Père. C’est dans la rencontre avec Lui que nous rencontrons le Dieu vivant.

Nous avons alors envie de demander : « Que devons-nous faire pour que le miracle du pain continue ? ».

N’oublions pas que Jésus, vrai pain de vie qui satisfait notre faim de sens, de vérité, ne peut pas être gagné avec le travail humain ; il vient vers nous comme Don de l’amour de Dieu, comme œuvre de Dieu à demander et à accueillir.

Pendant la semaine, les journées sont chargées d’occupations et de problèmes, mais le dimanche, jour du Seigneur, jour de repos et de détente, le Seigneur nous invite à ne pas oublier que s’il est nécessaire de se préoccuper du pain matériel et de reprendre des forces, il est encore plus fondamental de faire grandir notre rapport avec lui, de renforcer notre foi en celui qui est « le Pain de Vie », qui remplit notre désir de vérité et d’amour.

Il ne nous reste qu’à prier la Vierge Marie pour que ce désir saint d’une bonne vie devienne en nous prière et travail.

3) La virginité et Eucharistie : l’Amour passionné.

Une très belle manière et spirituellement efficace de multiplier le pain est celui des vierges consacrées dans le monde.

En se donnant complètement à Dieu, elles deviennent des hosties[1] pour le monde avec lequel elles veulent partager le Christ, Pain de vie donné en abondance.

Immergées dans un monde souvent agité et distrait, occupées par des charges pesantes et pas toujours agréables, les vierges consacrées sont appelées à témoigner avec joie aux hommes et aux femmes de notre temps, dans des situations diverses, que le Seigneur est l’amour capable de combler le cœur de l’être humain. Elles témoignent que la croix, à tenir chaque jour sur soi pour suivre le Christ, n’est pas autant faite de souffrances et de contradictions de la vie que de l’amour passionné du Christ, amour vécu comme don de soi au Rédempteur et comme compassion et partage avec les frères et sœurs de l’humanité.

De cette façon, ces femmes réalisent la prière que l’Evêque leur fait le jour de leur consécration : « Qu’elles brûlent de charité et n’aiment rien en dehors de que Toi…. Qu’elles te craignent avec amour et, par amour, qu’elles te servent » (Rite de consécration des vierges, n 64) dans la prière et dans les œuvres de miséricorde.

A ce regard, dans l’Instruction Ecclesiae Sponsae Imago (8 juin 2028), la Congrégation pour les Institutes de Vie consacrée et le Sociétés de Vie Apostolique affirme : « Au centre de leur existence, elles mettent l’Eucharistie, sacrement de l’Alliance sponsale d’où jaillit la grâce de leur consécration. Appelées à vivre l’intimité avec le Seigneur, l’identification et la conformation à Lui, elles reçoivent le Pain de vie de la table de la Parole de Dieu et du Corps du Christ, dans la participation, si possible quotidienne, à la célébration eucharistique. Elles manifestent l’amour de l’Église Epouse pour l’Eucharistie également dans la prière d’adoration du Corps eucharistique du Seigneur et y puisent la charité active envers les membres de son Corps mystique.

Lectures patristiques

Catena Aurea[2] (Chaîne d’or) sur Mt 14,15-21

Chrysostome (hom. 50). Ce qui montre la foi de ce peuple, c’est que malgré la faim qu’il éprouve, il persévère avec le Sauveur jusqu’au soir. « Le soir étant venu, ses disciples s’approchèrent de lui et lui dirent : Ce lieu-ci est désert ». Notre-Seigneur, qui a le dessein de donner à manger à cette multitude, attend cependant qu’il en soit prié. C’est ainsi que jamais Il ne s’empresse de faire des miracles, mais qu’il attend toujours qu’on lui en fasse la demande. Mais pourquoi donc n’en est-il pas un seul dans toute cette multitude pour s’approcher de lui ? C’est par un profond sentiment de respect, et le désir ardent d’être toujours avec lui leur fait oublier le besoin de la faim.

Les disciples eux-mêmes ne viennent pas lui dire : Donnez-leur à manger, car leurs dispositions étaient encore trop imparfaites ; mais ils lui représentent que le lieu est désert. Ce que les Juifs avaient regardé comme un miracle impossible dans le désert, lorsqu’ils disaient : « Est-ce qu’il pourra nous dresser une table dans le désert ?» (Ps 77,19) c’est ce que Jésus se propose de faire. Il conduit ce peuple dans le désert, afin que ce miracle ne laisse aucune place au doute et que personne ne puisse penser que c’est un des bourgs voisins qui a fourni le pain qu’il distribue à ce peuple. Ce lieu est désert, il est vrai, mais celui qui nourrit tout ce qui respire le remplit de sa présence, et quoique l’heure soit passée, comme le font remarquer les Apôtres, celui qui parle ici n’est pas soumis aux heures dont se composent nos journées.

Bien que pour préparer ses disciples à ce miracle il eût commencé par guérir un grand nombre de malades, ils étaient encore si imparfaits qu’ils ne pouvaient soupçonner le miracle qu’il devait opérer en multipliant les pains, et c’est pour cela qu’ils lui disent : « Renvoyez le peuple », etc. Remarquez la sagesse du divin Maître : il ne leur dit pas immédiatement : « Je les nourrirai », car ils ne l’auraient pas cru facilement, mais il leur répond : « Il n’est pas nécessaire qu’ils s’en aillent, donnez-leur vous-mêmes à manger ». – St Jérôme. Il les presse ainsi de distribuer du pain à la multitude, pour que la grandeur du miracle devînt plus éclatante par l’aveu qu’ils feraient eux-mêmes qu’ils n’avaient pas de pain à lui donner.

S. Augustin, De l’accord des Evang., 2, 46. On peut être embarrassé pour concilier la narration de saint Jean, d’après laquelle Notre-Seigneur, à la vue de toute cette multitude, demande à Philippe comment on pourrait donner à manger à tout ce peuple (Jn 6), avec ce que raconte ici saint Matthieu, que les disciples prièrent Notre-Seigneur de renvoyer le peuple pour qu’il pût acheter des aliments dans les villages voisins. Pour résoudre cette difficulté, il suffit de dire que c’est après ces paroles que le Seigneur, ayant vu cette grande multitude, adresse à Philippe les paroles que saint Jean rapporte et qu’ont omises saint Matthieu et les autres évangélistes. Et en général, disons qu’un évangéliste peut raconter ce qu’un autre a passé sous silence, sans qu’on doive se laisser arrêter par de semblables difficultés.

S. Jean Chrysostome (hom. 50). Cette réponse du Sauveur ne suffit pas pour donner aux disciples de plus hautes idées ; ils continuent de lui parler comme s’il n’était qu’un homme : « Et ils lui répondirent : Nous n’avons ici que cinq pains », etc. Cependant les disciples nous donnent ici une preuve de leur sagesse dans le peu de souci qu’ils prennent de la nourriture. Ils étaient douze et n’avaient que cinq pains et deux poissons. Ils méprisaient les besoins du corps, et ils étaient tout entiers aux choses spirituelles. Mais comme leurs pensées se tramaient encore sur la terre, le Sauveur les amène insensiblement au miracle qu’il veut opérer : « Et il leur dit : Apportez-moi ces pains ».

Pourquoi donc n’a-t-il pas tiré du néant ces pains avec lesquels il doit nourrir la foule ? C’est pour fermer la bouche à Marcion et aux Manichéens, qui soutiennent que les créatures sont complètement étrangères à Dieu, et pour montrer par ses œuvres que toutes les choses visibles sont sorties de sa main et ont été créées par lui. C’est ainsi qu’il prouve quel est celui qui produisit les fruits et qui a dit au commencement : « Que la terre produise les plantes verdoyantes » (Gn 1,11).

Le miracle qu’il va faire n’est pas moins grand, car il ne faut pas une moindre puissance pour nourrir une grande multitude avec cinq pains et quelques poissons que pour faire sortir les fruits de la terre, et du sein des eaux les reptiles et les animaux qui ont la vie et le mouvement, double création qui le proclame le Seigneur de la terre et de la mer. L’exemple des disciples nous apprend que le peu même que nous possédons nous devons aimer à le verser dans le sein des pauvres. En effet, aussitôt que le Seigneur leur ordonne d’apporter leurs cinq pains, ils obéissent sans songer à répondre : « Comment pourrons-nous apaiser notre faim ?»

« Et après avoir commandé au peuple de s’asseoir sur l’herbe, il prit les cinq pains et, levant les yeux au ciel, il les bénit », etc. Pourquoi lever les yeux au ciel et bénir ces pains ? C’était pour déclarer qu’il venait du Père et qu’il était son égal. Il prouvait qu’il était égal à son Père en agissant en tout avec puissance, et il montrait qu’il venait du Père en lui rapportant tout ce qu’il faisait et en l’invoquant avant toutes ses œuvres. C’est comme preuve de cette double vérité que tantôt il opérait ses miracles avec puissance, tantôt il priait avant de les faire. Il faut de plus remarquer que pour les miracles moins importants il lève les yeux vers le ciel, et que pour les plus éclatants, il agit avec une puissance absolue.

Ainsi, lorsqu’il ressuscite les morts, quand il met un frein à la fureur des flots, quand il juge les pensées secrètes des cœurs, quand il ouvre les yeux de l’aveugle-né, œuvres qui ne peuvent avoir que Dieu pour auteur, nous ne le voyons pas recourir à la prière; mais lorsqu’il multiplie les pains (miracle inférieur à ceux qui précèdent), il lève les yeux au ciel pour vous apprendre que même dans les prodiges moins importants il n’agit point par une puissance différente de celle de son Père. Il nous apprend en même temps à ne jamais prendre nos repas avant d’avoir rendu grâces à Celui qui nous donne la nourriture.

Notre-Seigneur veut en outre opérer un miracle avec ces cinq pains pour amener ses disciples à croire en lui, car ils étaient encore bien faibles dans la foi. C’est pourquoi il lève les yeux vers le ciel. Car s’ils avaient déjà été témoins d’un grand nombre de miracles, ils n’en avaient pas encore vu de semblable.

S. Jérôme. Le Sauveur rompt le pain, et le pain se multiplie. Si ces pains étaient restés entiers et qu’ils n’eussent pas été partagés par morceaux, ni multipliés en si grande quantité, jamais ils n’auraient pu rassasier une si grande multitude. Or, remarquons que c’est par l’intermédiaire des Apôtres que le peuple reçoit du Seigneur cette nourriture. « Et il les donne à ses disciples ».

S. Chrysostome (hom. 50).  Il veut en cela non seulement leur faire honneur, mais rendre impossible et l’incrédulité, et l’oubli à l’égard d’un miracle auquel leurs mains elles-mêmes rendaient témoignage. Il permet que la multitude éprouve d’abord le besoin de la faim, que les disciples s’approchent de lui, l’interrogent et lui remettent les pains entre les mains pour multiplier les preuves de ce miracle et les circonstances qui devaient en conserver le souvenir. En ne donnant aux peuples que des pains et des poissons, et en les leur distribuant d’une manière égale, il leur enseigne l’humilité, la tempérance et la charité qui devait leur faire regarder toutes les choses comme communes entre eux. Le lieu même où il les nourrit, l’herbe sur laquelle il les fait asseoir, contiennent un enseignement, car il ne veut pas seulement apaiser leur faim, mais aussi nourrir leur âme.

Or, les pains et les poissons se multipliaient entre les mains des disciples, comme l’indique la suite du récit : « Et tous en mangèrent », etc. Le miracle ne s’arrêta pas là et la multiplication s’étendit au-delà du nécessaire, de manière qu’après avoir multiplié les pains entiers, il permit qu’il restât une grande quantité de morceaux. Le Seigneur veut prouver ainsi que ce sont vraiment les restes des pains qu’il a multipliés, convaincre les absents de la vérité du miracle et montrer à tous que ce n’est pas un prodige imaginaire : « Et ils emportèrent douze paniers pleins des morceaux qui étaient restés ».

S. Jérôme. Chacun des apôtres remplit son panier avec les restes des pains multipliés miraculeusement par le Sauveur, et ces restes prouvent que ce sont de vrais pains qu’il a multipliés.

S. Jean Chrysostome (hom. 50). Il voulut qu’il restât douze corbeilles pleines, afin que Judas pût aussi porter la sienne. Il fait aussi emporter ces restes par ses disciples, et non par la foule, dont les dispositions étaient moins parfaites. –

S. Jérôme Le nombre de ceux qui furent rassasiés était de cinq mille et correspondait aux cinq pains qui furent distribués : « Or, le nombre de ceux qui mangèrent était de cinq mille hommes ».

S. Chrysostome (hom. 50). Un trait à la louange de ce peuple, c’est que les femmes comme les hommes suivaient Jésus-Christ quand le miracle fut opéré.

S. Hilaire. Les pains ne se multiplient pas en d’autres pains entiers, mais aux premiers morceaux en succèdent d’autres, et le pain se multiplie soit dans l’endroit qui sert de table, soit dans les mains de ceux qui s’en nourrissent.

 

NOTES

[1] Hostie est une parole qui vient du latin et qui signifie “victime”. Normalement avec la parole “hostie” on entendait l’offrande d’animaux domestiques (par ex.: brebis agneau), sacrifiés aux dieux comme offrande de paix pour éloigner leur rage et les rendre propices, avant de marche contre l’ennemi. Avec la parole “victima” (victime) on entendait un sacrifice pour remercier pour une victoire et on utilisait des animaux plus gros (bœuf, taureau. Dans le christianisme la parole “hostia” (hostie) indique le pain consacré pendant le Messe. Naturellement l’Hostie par excellence est le Christ, et, par analogie, qui se conforme à lui.

[2] La Catena Aurea (Chaîne d’or) est le commentaire de Saint Thomas d’Aquin aux quatre Evangiles. Elle consiste dans l’analyse du texte évangélique verset par verset, en utilisant surtout le citations les plus belles et profondes des Auteurs chrétiens grecques et latins des premiers siècles. Elle est une  mine inépuisable d’efficaces interprétations de l’Evangile.

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Mgr Francesco Follo

Mgr Francesco Follo est ordonné prêtre le 28 juin 1970 puis nommé vicaire de San Marco Evangelista à Casirate d’Adda de 1970 à 1976. Il obtient un doctorat en Philosophie à l’Université pontificale grégorienne en 1984. De 1976 à 1984, il travaille comme journaliste au magazine Letture du Centre San Fedele de la Compagnie de Jésus (jésuites) à Milan. Il devient membre de l’Ordre des journalistes en 1978. En 1982, il occupera le poste de directeur-adjoint de l’hebdomadaire La Vita Cattolica. De 1978 à 1983, il est professeur d’Anthropologie culturelle et de Philosophie à l’Université catholique du Sacré Cœur et à l’Institut Supérieur des Assistant Educateurs à Milan. Entre 1984 à 2002, il travaille au sein de la Secrétairerie d’Etat du Saint-Siège, au Vatican. Pendant cette période il sera professeur d’Histoire de la Philosophie grecque à l’Université pontificale Regina Apostolorum à Rome (1988-1989). En 2002, Mgr Francesco Follo est nommé Observateur permanent du Saint Siège auprès de l’UNESCO et de l’Union Latine et Délégué auprès de l’ICOMOS (Conseil international des Monuments et des Sites). Depuis 2004, Mgr Francesco Follo est également membre du Comité scientifique du magazine Oasis (magazine spécialisé dans le dialogue interculturel et interreligieux). Mgr Francesco Follo est Prélat d’Honneur de Sa Sainteté depuis le 27 mai 2000.

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