Mur de livres @ kerttu from Pixabay

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La valeur thérapeutique du récit dans L’Osservatore Romano

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De la Bible aux romans du 21e siècle

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« La valeur thérapeutique du récit, de la Bible aux romans du 21e siècle » : c’est le titre d’une réflexion publiée dans L’Osservatore Romano du 17 juillet 2020, signée de Piero Pisarra.

« Raconte, souviens-toi. C’est le double commandement qui parcourt toute la Bible », écrit-il en introduction, s’inspirant du thème du message du pape François pour la 54e Journée mondiale des communications sociales (24 mai).

La Bible est faite de récits, entremêlés d’histoires, avec des « incipit éclatants », écrit-il (tels «Mon père était un araméen errant», Deutéronome 26, 5) ainsi que des « coups de théâtres, des péripéties, des révélations » : « C’est le grand répertoire des passions, dans lequel nous trouvons les noyaux… de notre littérature », l’épique, les guerres, les drames passionnels, les vengeances… même le mouvement « me too » est en prémisse dans l’histoire de Suzanne, estime l’auteur (Daniel 13, 1-64).

Pourquoi aujourd’hui partir en défense du récit ? Car aujourd’hui, répond Piero Pisarra, « nos récits se sont gâtés, nos histoires se sont asséchées, nos chants se sont éteints sur nos lèvres ». Les utopies du siècle dernier se sont écroulées, mais d’autres murs se sont élevés : « d’autres illusions propagées au nom d’un “mal” revendiqué comme réalisme et perdu pour la vertu ».

Dans cette atmosphère, poursuit-il, « s’insinuent les falsificateurs d’histoires, les bonimenteurs, les maîtres de fake news… on dirait une histoire d’aujourd’hui mais c’est une histoire de toujours ».

« Complotisme, triomphe de l’irrationnel et construction de l’ennemi minent l’éthique du récit, alimentent des histoires parallèles », jusqu’à être « l’anti-histoire, l’anti-logos ». Ainsi il existe « la parole qui soigne et le discours qui trompe, qui blesse ; un récit qui captive et qui exalte le plaisir de l’écoute et de la lecture et le récit qui nous conduit vers le bas », à cause de sa « banalité » ou de « l’inconsistance des personnages ».

L’anti-logos « menace le récit et l’art même de la narration », insiste-t-il. Si « nous ne sommes pas les premiers ni les derniers à … assister au retour de pulsions primitives, de logiques tribales, sur la scène publique, à la destruction de la nature, à la diffusion de nouveaux virus », cependant « cette fois la puissance de destruction accumulée dans les arsenaux de guerre, le désastre écologique, les inégalités toujours plus stridentes, menacent la survie de la planète et la possibilité d’une histoire commune, d’un récit partagé ».

« Les histoires sont un bien fragile, à protéger, ajoute Piero Pisarra. Leur art exige de la patience, de l’écoute, la capacité de leur donner le souffle, le rythme de la vie. » Il est demandé à chaque génération d’inventer ses récits, de résister aux principes du silence qui voudrait contrôler ou assécher la mer des histoires. Pour l’Eglise aussi, un chantier immense s’ouvre : raconter l’histoire dans la langue de notre temps. »

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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