Point d'exclamation © Graphisme Martha

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L’Osservatore Romano : à la défense du point d’exclamation

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Et les limites du point d’interrogation

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Dans L’Osservatore Romano du 10 juillet 2020, le directeur du quotidien du Saint-Siège part à la défense du point d’exclamation, non sans une pointe d’humour.

En première page, Andrea Monda rebondit sur la charge d’une consœur journaliste contre le point d’exclamation, qu’elle souhaiterait « supprimer de son clavier ». Il dit être parvenu à deux conclusions opposées : « bien dit, chère collègue ! (oups) » s’amuse-t-il d’abord.

En effet, « un peu de sobriété ne nous ferait pas mal ». Il plaide pour une façon de s’exprimer plus « calme », « moins rhétorique », car « l’exclamation sait bien ce qu’est la propagande ! (oups à nouveau) » – sic. Les publicités, couronnées de ces points d’exclamations, « ne veulent-elles pas nous convaincre, nous manipuler, nous rendre tous des consommateurs » ? fait-il observer.

Le point d’interrogation, selon Andrea Monda, est plus sain : « Une vie faite de questions est beaucoup plus vraie, plus honnête et plus saine, parce qu’elle conduit au doute… et donc au dialogue. »

Mais, en revanche, « si nous vivions seulement de questions, quelle vie aurions-nous ? S’il n’y avait aucune découverte ? » Au fond, analyse-t-il, « l’exclamation naît de l’étonnement, de l’émerveillement, de la joie d’une découverte… mais peut-on vivre sans cette explosion ?… au moins une fois de temps en temps ».

Si le point d’interrogation est « recherché, alambiqué, un peu baroque », poursuit le directeur, le point d’exclamation est « simple, simplet, banal, arrogant dans son ignorance qui évite toute complexité qui au contraire est le véritable caractère de l’existence ». Le point d’interrogation rappelle l’homo curvatus dont parle saint Augustin : « L’homme qui regarde lui-même, son nombril, l’homme qui n’est pas simple. »

L’homme simple est le contraire de l’homme affecté par le narcissisme, tandis que la vraie simplicité est marqué par le fait d’être soi-même « en restant tendu vers l’autre ». Une chose est d’être tendu, une autre est d’être rigide, le point d’exclamation est tendu, en tension, tandis que l’interrogation peut perdre son impulsion et se rigidifier dans un labyrinthe incrusté de non-sens, sans plus aucune direction.

A coups de points d’exclamation, « l’on risque… (d’)affronter la vie comme une guerre où l’on doit savoir crier plus fort pour s’affirmer, pour vaincre », concède Andrea Monda. Mais il est aussi « le signe de la surprise et donc de la joie ». Finalement, l’expansion d’un point d’exclamation peut être « lumineuse et accueillante » comme l’amour.

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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