« Une société véritablement démocratique devrait garantir la participation des minorités nationales à la vie politique, économique, sociale, culturelle et religieuse », rappelle Mgr Urbanczyk. Il déplore « des formes manifestes ou indirectes d’oppression ou de marginalisation » de certaines de ces communautés qui « ne jouissent pas pleinement de leurs libertés et droits fondamentaux ». Elles peuvent également, souligne-t-il, être « affectées négativement » par la crise du coronavirus, « notamment par le manque d’accès aux systèmes de santé ou le manque d’informations dans leur propre langue.
Mgr Janusz S. Urbanczyk, représentant permanent du Saint-Siège auprès de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), a participé à la première réunion supplémentaire sur la dimension humaine consacrée à la « lutte contre toutes les formes d’intolérance et de discrimination », à Vienne, le 26 mai 2020. Il est intervenu à la Session III sur le thème : « De l’alerte précoce à l’action précoce : Prévention de la discrimination, de l’escalade des tensions ou des conflits ».
Les minorités nationales ont « des droits et des devoirs spécifiques, a affirmé le porte-parole du Saint-Siège : le droit de « préserver et de développer leur propre culture, y compris leur langue » ainsi que celui de « professer et de pratiquer leur religion, y compris la liberté de culte en tant que communauté ». Elles ont, a-t-il précisé, « le devoir de travailler, comme tous les citoyens, pour le bien commun de l’État » ainsi que « de promouvoir la liberté et la dignité de chacun de ses membres », respectant « leurs décisions, même si celles-ci diffèrent de leur héritage ».
Voici notre traduction du discours de Mgr Urbanczyk.
HG
Discours de Mgr Janusz S. Urbanczyk
Monsieur le Modérateur,
Œuvrer pour une société de tolérance et de diversité religieuse, culturelle et nationale signifie reconnaître la valeur du « multiculturalisme et de la nécessaire complémentarité des cultures. Cela conduit à son tour à une collaboration et un respect mutuels entre les différentes composantes de la société civile » (1), parmi lesquelles on trouve les minorités nationales.
Ces communautés sont issues de différents milieux ethniques, culturels, linguistiques et religieux. Il existe des groupes capables de préserver et d’affirmer leur propre identité et bien intégrés dans les sociétés auxquelles ils appartiennent. Certains parviennent même à exercer une grande influence sur la vie politique, économique, sociale et culturelle de leur pays. Alors que d’autres communautés n’exercent aucune influence et ne jouissent pas pleinement de leurs libertés et droits fondamentaux, se trouvant dans des situations de souffrance et de détresse. Cela peut conduire à une résignation passive, à des troubles ou même à une rébellion. Cependant, ni la marginalisation ni la violence ne représentent la voie appropriée pour créer les conditions d’une paix, d’une justice et d’une stabilité véritables.
Dans ce contexte, ma délégation souhaite attirer l’attention sur deux principes qu’il convient de garder à l’esprit. Le premier est la dignité inhérente à toute personne humaine, quelle que soit son origine ethnique, culturelle ou nationale, ou sa croyance religieuse. Le second est l’unité fondamentale de la race humaine en vertu de laquelle toutes les communautés nationales jouissent de la même dignité inhérente. En fait, une société véritablement démocratique devrait garantir la participation des minorités nationales à la vie politique, économique, sociale, culturelle et religieuse.
Les minorités nationales ont des droits et des devoirs spécifiques, le plus évident étant le droit à l’existence. Malheureusement, ce droit peut être ignoré ou refusé de nombreuses façons, par des formes manifestes ou indirectes d’oppression ou de marginalisation. Elles ont également le droit de préserver et de développer leur propre culture, y compris leur langue. À cet égard, l’éducation, par la transmission parentale de la langue et de l’identité culturelle, joue un rôle essentiel. En outre, elles devraient être libres de professer et de pratiquer leur religion, y compris la liberté de culte en tant que communauté.
D’autre part, pendant l’actuelle pandémie du covid-19, la protection et la promotion des droits des minorités nationales restent des facteurs essentiels pour la démocratie, la paix, la justice et la stabilité au sein des États participants et entre eux.
En fait, la crise liée au covid-19 a mis à rude épreuve plusieurs institutions, notamment celles du secteur de la santé. Les droits et les libertés fondamentales ont été limités ou ont fait l’objet de dérogations dans tout l’espace de l’OSCE. Malheureusement, dans certains cas, les minorités nationales ont été affectées négativement par ces mesures, notamment par le manque d’accès aux systèmes de santé ou le manque d’informations dans leur propre langue.
Enfin, il est important de noter que les membres de ces communautés ont également des devoirs envers la société et l’État dans lequel ils vivent. En premier lieu, ils ont le devoir de travailler, comme tous les citoyens, pour le bien commun de l’État. En second lieu, un groupe minoritaire a le devoir de promouvoir la liberté et la dignité de chacun de ses membres, et aussi de respecter leurs décisions, même si celles-ci diffèrent de leur héritage. Tout cela est inscrit dans les paroles du pape François : « Comme tous les citoyens, vous pouvez contribuer au bien-être et au progrès de la société, en respectant les lois, en remplissant vos devoirs et en vous intégrant également par l’émancipation de chaque nouvelle génération » (2).
Merci, Monsieur le Modérateur.
(1) Pape François, Rencontre avec les Autorités et le Corps diplomatique, Baku, 2 octobre 2016.
(2) Pape François, Discours au pèlerinage des gens du voyage, octobre 2015.
© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat