La « figure » et le « message » du pape Jean-Paul Ier « sont extraordinairement actuels », souligne le cardinal secrétaire d’État Pietro Parolin, dans un article sur la « naissance de la Fondation vaticane Jean-Paul Ier » publié dans L’Osservatore Romano en italien daté du 29 avril 2020.
« Son magistère est actuel, affirme le cardinal. Proximité, humilité, simplicité, insistance sur la miséricorde de Dieu, amour du prochain et solidarité en sont les traits saillants. »
Le secrétaire d’État se réjouit de l’institution par le pape François – le 17 février dernier – de la Fondation vaticane Jean-Paul Ier, car cela permettra de « rendre à sa mémoire un juste tribut afin que sa valeur historique puisse être pleinement restituée », et non seulement de « protéger tout le patrimoine des écrits et de l’œuvre de Jean-Paul Ier », mais aussi de « stimuler l’étude systématique et la diffusion de sa pensée et de sa spiritualité ».
Voici notre traduction de l’italien de l’article du cardinal Parolin.
MD
Naissance de la Fondation vaticane Jean-Paul Ier
L’actualité du pape Luciani
Afin de répondre à la proposition de lancer un organisme destiné à approfondir la figure, la pensée et les enseignements de Jean-Paul Ier (26 août 1978 – 28 septembre 1978), le Saint-Père François a constitué la fondation vaticane Jean-Paul Ier le 17 février dernier.
Le pape Jean-Paul Ier a été et demeure un point de référence dans l’histoire de l’Église universelle, dont l’importance – comme l’avait fait observer saint Jean-Paul II – est inversement proportionnelle à la durée de son très bref mandat : « magis ostentus quam datus ».
L’histoire d’Albino Luciani est celle d’un pasteur proche des gens, centré sur l’essentiel de la foi et avec une extraordinaire sensibilité sociale. Son magistère est actuel. Proximité, humilité, simplicité, insistance sur la miséricorde de Dieu, amour du prochain et solidarité en sont les traits saillants.
C’est un évêque qui a vécu l’expérience du Concile œcuménique Vatican II, l’a appliqué et, dans son bref pontificat, a fait progresser l’Église sur les voies maîtresses indiquées par celui-ci : le retour aux sources de l’Évangile et un esprit missionnaire renouvelé, la collégialité épiscopale, le service dans la pauvreté ecclésiale, la recherche de l’unité des chrétiens, le dialogue interreligieux, le dialogue avec le monde contemporain et le dialogue international, menés avec persévérance et détermination, en faveur de la justice et de la paix.
Je pense, par exemple, à ses audiences générales et à son insistance sur la pauvreté ecclésiale, sur la fraternité universelle et sur l’amour concret des pauvres : il voulait insérer parmi les préceptes traditionnels de l’Église un commandement sur les œuvres de solidarité et l’avait proposé aux évêques italiens.
Je pense à son appel, à l’Angelus du 10 septembre 78, en faveur de la paix au Moyen-Orient, avec son invitation à la prière adressée aux présidents de religions différentes. Un appel qu’il avait déjà exprimé dans son allocution devant le Corps diplomatique le 31 août, dans laquelle, s’affranchissant des présomptions de protagonisme géopolitique, il définissait la nature et la particularité de l’action diplomatique du Saint-Siège à partir d’un regard de foi. Recevant ensuite les cent autres représentants des missions internationales présents à l’inauguration de son pontificat, il avait souligné combien « notre cœur est ouvert à tous les peuples, à toutes les cultures et à toutes les races », pour affirmer ensuite : « Certes, nous n’avons pas de solutions miracles pour les grands problèmes mondiaux, mais nous pouvons toutefois donner quelque chose de très précieux : un esprit qui aide à résoudre ces problèmes et qui les situe dans leur dimension essentielle, celle de l’ouverture aux valeurs de la charité universelle pour que l’Église, humble messagère de l’Évangile auprès de tous les peuples de la terre, puisse contribuer à créer un climat de justice, de fraternité, de solidarité et d’espérance sans lesquels le monde ne peut vivre ». Et ainsi, dans le sillage de la Constitution conciliaire Gaudium et spes, comme dans de nombreux messages de saint Paul VI, il s’est orienté sur la voie de la grande diplomatie qui a donné beaucoup de fruits à l’Église en se nourrissant de la charité.
Avec sa mort subite, cette histoire de l’Église ainsi penchée pour servir le monde ne s’est pas interrompue. La perspective marquée par son bref pontificat n’a pas été une parenthèse. Bien que le gouvernement de l’Église de Jean-Paul II n’ait pas pu se déployer dans l’histoire, il a toutefois concouru – explevit tempora multa – à renforcer le dessein d’une Église proche de la souffrance des gens et de sa soif de charité. À travers la cause de canonisation de Jean-Paul Ier, aujourd’hui a été réalisée l’acquisition des sources, initiant un travail de recherche et d’élaboration important d’un point de vue historique et historiographique. Il est donc maintenant possible de rendre à sa mémoire un juste tribut afin que sa valeur historique puisse être pleinement restituée dans les contingences historiques traversées, avec la rigueur analytique qui lui est due, et ouvrir de nouvelles perspectives d’étude de son œuvre.
À cet égard, la constitution d’une nouvelle Fondation ad hoc peut consciencieusement s’adonner à la tâche non seulement de protéger tout le patrimoine des écrits et de l’œuvre de Jean-Paul Ier, mais aussi stimuler l’étude systématique et la diffusion de sa pensée et de sa spiritualité. Ce qui est d’autant plus justifié si l’on considère combien sa figure et son message sont extraordinairement actuels.
© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat