La « plus grande préoccupation » du pape en ce temps de pandémie

Entretien avec la presse anglophone (1)

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Comment le pape François vit-il la crise causée par la pandémie du Covid-19 ? Il répond au journaliste britannique Austen Ivereigh dans un entretien publié sur The Tablet (Londres) et Commonweal (New York) ce 8 avril 2020, évoquant notamment sa « plus grande préoccupation ».

En temps de confinement, « la Curie cherche à travailler, à vivre normalement, organisant des rotation afin qu’il n’y ait pas trop de personnes ensemble », explique-t-il. Par exemple à Sainte-Marthe, deux services sont fixés pour les repas, et chacun est en télé-travail. « Nous sommes tous au travail, personne ne reste oisif ».

« Je prie plus », confie le pape qui ajoute qu’il se confesse le mardi : « Et je pense aux personnes. Je me préoccupe de cela : les personnes. Penser aux personnes… me soustrait à l’égoïsme. »

« Je pense à mes responsabilités actuelles et à l’après qui viendra, poursuit-il. Dans cet après, quel sera mon service comme évêque de Rome, comme chef de l’Eglise ? Cet après a déjà commencé à se montrer tragique, douloureux, c’est pourquoi il faut y penser dès à présent. A travers le dicastère pour le développement humain intégral, une commission a été organisée pour travailler sur cela ; elle se réunit avec moi. »

« Ma plus grande préoccupation, affirme le pape… c’est comment accompagner le peuple de Dieu et être plus proche de lui. C’est la signification de la messe de 7h du matin en direct streaming, suivie par beaucoup de monde qui se sentent accompagnés ; ainsi que certaines de mes interventions et le rite du 27 mars place Saint-Pierre. Et d’un travail de présence plutôt intense, à travers l’aumônerie apostolique, pour accompagner les situations de faim et de maladie. Je vis ce moment avec beaucoup d’incertitudes. C’est un moment qui a besoin de beaucoup d’inventivité, de créativité. »

Évoquant «I promessi sposi» (Les fiancés), roman d’Alessandro Manzoni se déroulant au temps de la peste de Milan en 1630, le pape souligne que « le peuple de Dieu a besoin que son pasteur soit très proche » : « La créativité du chrétien doit se manifester en ouvrant de nouveaux horizons, en ouvrant des fenêtres, en ouvrant une transcendance… il n’est pas facile de rester enfermé chez soi… Préparez-vous à des temps meilleurs… Prenez soin de vous pour le futur qui va arriver. »

Pour « prendre soin du maintenant« , il préconise la « créativité » : « Une créativité simple, qui invente quelque chose tous les jours », sans « fuir », sans « chercher des évasions aliénantes ». Le pape rend hommage « aux saints de la porte à côté », les « héros » actuels : « Médecins, volontaires, religieuses, prêtres, soignants… combien de médecins et d’infirmiers sont morts … en servant. » « suivre leurs traces ».

Il s’inquiète également de ceux qui sont appauvris par la crise et des personnes âgées isolées dans « la solitude et la distance » : « Je demande aux personnes de se charger des personnes âgées et des jeunes… et des personnes dépouillées. »

Le pape François cite alors un vers de Virgile, lorsque Énée, vaincu à Troie, n’avait plus que deux alternatives : « soit rester là à pleurer et mettre fin à sa vie, soit faire ce qu’il avait dans le cœur, aller plus loin, dans les montagnes, pour s’éloigner de la guerre. C’est un vers magnifique : Cessi, et sublato montem genitore petivi. Je me résignai, et soulevant mon père j’allai vers les monts. C’est ce que nous devons tous faire aujourd’hui : prendre les racines de nos traditions et grimper sur les monts ».

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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