Card. Pietro Parolin © capture de Zenit / Vatican News

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L’Église «est proche de tous ceux qui souffrent», affirme le card. Parolin

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Interview d’Andrea Tornielli

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« L’Église veille sur tout le monde. Elle est proche de tous ceux qui souffrent et qui sont dans le besoin », affirme le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’État du Vatican.

Dans une interview accordée le 2 avril 2020 à Andrea Tornielli, directeur de la direction éditoriale du Dicastère pour la communication, le cardinal invite à « prier » et à « s’engager, tous ensemble, pour que la solidarité internationale ne fasse jamais défaut » : « Malgré l’urgence, malgré la peur, il est temps de ne pas se refermer sur nous-mêmes », déclare-t-il.

La proximité de l’Église

Depuis le début de l’épidémie, explique le cardinal, le Saint-Siège, « à travers ses dicastères », maintient « le contact avec les Églises particulières, en essayant d’aider, dans la mesure du possible, les populations particulièrement touchées par la propagation du coronavirus, indépendamment de leur appartenance religieuse ou nationale, comme il l’a toujours fait ».

Il rappelle que le pape François « lui-même a voulu exprimer sa proximité et sa solidarité avec la population chinoise, en envoyant un don à l’organisation caritative Jinde Charities et au diocèse de Hong Kong, et plus tard également à l’Iran, à l’Italie et à l’Espagne ».

Les églises sont presque partout ouvertes, dit le cardinal Parolin : « Il y a la présence de Jésus Eucharistie, les prêtres continuent à prier et à célébrer la Sainte Messe pour les fidèles qui ne peuvent pas y assister. Il est agréable de penser que la porte de la maison de Dieu reste ouverte. »

Aux fidèles qui souffrent de ne pas pouvoir recevoir les sacrements, le cardinal dit qu’il « partage leur peine », mais qu’il voudrait « rappeler, par exemple, la possibilité d’une communion spirituelle ».

Il parle aussi d’un « autre aspect » qui « doit être mis en évidence et renforcé » : « Prier avec la Parole de Dieu. Lire, contempler, accueillir la Parole qui vient. » Le cardinal Parolin invite à remplir ses journées de la Parole de Dieu : « Dieu a rempli de sa Parole le vide qui nous effraie en ces heures. En Jésus, Dieu s’est communiqué, Parole pleine et définitive. Nous ne devons pas simplement remplir le temps, mais nous remplir de la Parole. »

Même en restant à la maison chacun peut se préparer à Pâques, affirme-t-il : « La famille est une Église domestique, nous pouvons prier et nous préparer à Pâques en suivant les liturgies et les prières à la télévision. »

Le pape François, explique le secrétaire d’État, « cherche tous les moyens possibles pour être proche des gens » en ce moment difficile. « Pour lui, le contact avec les gens a toujours été fondamental et, même si c’est d’une manière nouvelle et sans précédent, il entend le maintenir. »

Le cardinal précise que la diffusion quotidienne en direct de la messe à Sainte-Marthe « en est un signe concret ». Le pape prie aussi constamment « pour les victimes, leurs familles, le personnel de santé, les bénévoles, les prêtres, les travailleurs, les familles ».

« Nous abandonner de plus en plus à Dieu »

Le cardinal rappelle que « la foi chrétienne est l’irruption de Dieu dans l’histoire humaine » : « Le regard de la foi, en ces temps difficiles, nous aide à nous abandonner de plus en plus à Dieu, à frapper à sa porte avec notre prière incessante pour qu’il raccourcisse ce temps d’épreuve. Cela nous aide à voir le bien qui nous entoure et dont beaucoup de gens sont témoins. »

Il mentionne « la créativité pastorale » de nombreux évêques, prêtres, religieux et religieuses, laïcs. « Ils sont la « voix » de l’Évangile », affirme le cardinal Parolin.

L’Église, poursuit-il, « vit immergée dans la réalité de son peuple, cherche et trouve mille façons, en utilisant tous les moyens possibles, de faire en sorte que les gens ne soient pas seuls, qu’ils puissent prier, recevoir une parole de réconfort ».

Il invite à chercher encore des moyens pour aider les gens à se sentir membres d’une seule communauté : « Il serait bon que toutes les églises, au même moment, par exemple à midi, sonnent leurs cloches pendant une minute ; et que ce son soit leur appel à prier ensemble, même si elles sont physiquement éloignées… »

Drame de la solitude

La solitude est « une des conséquences de l’épidémie qui, dans un certain sens, me bouleverse », avoue le cardinal Parolin. « Lorsque malheureusement la présence du prêtre au lit de ceux qui sont sur le point de mourir n’est pas possible, tout baptisé peut prier et apporter du réconfort, en vertu du sacerdoce commun reçu avec le sacrement du baptême », affirme le secrétaire d’État.

Le rôle des médecins et du personnel de la santé devient important en ces jours de la pandémie : « D’une certaine manière, même les mains des médecins, des infirmières, des travailleurs de la santé, qui chaque jour consolent, guérissent ou accompagnent ces malades dans leur dernier moment de vie, deviennent les mains et les paroles de nous tous, de l’Église, de la famille qui bénit, salue, pardonne et console. C’est la caresse de Dieu qui guérit et donne la vie, même l’éternelle. »

« Ne pas oublier ceux qui sont les plus éloignés »

Le cardinal Parolin se dit préoccupé par la situation des pays « moins développés, où les établissements de santé ne seront pas en mesure d’assurer les soins nécessaires et adéquats à la population en cas de propagation plus importante du Covid-19 ».  Par vocation, rappelle-t-il, « le Saint-Siège cherche à avoir le monde entier comme horizon, il cherche à ne pas oublier ceux qui sont les plus éloignés, ceux qui souffrent le plus, ceux qui luttent peut-être pour être éclairés par les projecteurs des médias internationaux ».

Et « ce n’est pas seulement une préoccupation liée à l’urgence pandémique actuelle, affirme le cardinal : combien de guerres, combien d’épidémies, combien de famines flétrissent tant de nos frères et sœurs ! »

Le secrétaire d’État invite encore à « se sentir plus unis » et à « faire grandir l’esprit de solidarité et de partage entre tous les pays, entre tous les peuples, entre tous les hommes et toutes les femmes de notre monde ».

Les sept malades vont bien

En ce qui concerne les célébrations de la semaine Sainte, le Vatican étudie « des voies différentes que celles traditionnelles », explique le cardinal : « Il ne sera en effet pas possible d’accueillir les pèlerins comme cela a toujours été le cas. Dans le plein respect des règles de précaution pour éviter la contagion, nous essaierons de célébrer les grands rites du Triduum pascal afin d’accompagner tous ceux qui ne pourront malheureusement pas se rendre dans les églises. »

En s’arrêtant sur la situation sanitaire des employés du Saint-Siège, le cardinal rappelle qu’« à l’heure actuelle, il y a sept cas de positivité au Covid-19 ». Il s’agit d’un cas d’une personne qui est passée, au début de mars, par les services de santé du Vatican « pour des examens médicaux en vue d’un emploi à la Curie » ainsi que de six autres personnes qui « se sont ajoutées ces dernières semaines ». « Tous ont passé la phase critique et s’améliorent à présent, rassure le cardinal Parolin. Évidemment, comme en Italie et dans tous les pays du monde, nous suivons la situation jour après jour, heure après heure, grâce à l’engagement de nos médecins et de nos infirmières. »

« Nous ne sommes pas les maîtres absolus »

La pandémie que « nous vivons », explique le cardinal, « aura forcément des conséquences importantes sur nos vies »

La crise actuelle a révélé une grande fragilité de la personne humaine : « Nous nous rendons compte que nous ne sommes pas des créateurs, mais que nous sommes de pauvres créatures, qui existent parce que quelqu’un leur donne vie à chaque instant. Nous ne sommes pas les maîtres absolus. »

Face à « l’ennemi mystérieux et invisible », poursuit le cardinal, « nous nous retrouvons petits, dans l’insécurité, sans défense, ayant besoin d’aide ».

Les gens, conclut le cardinal Parolin, sont « également confrontés à l’essentiel, à ce qui compte vraiment »: « On nous offre la possibilité de redécouvrir la valeur de la famille, de l’amitié, des relations interpersonnelles, des relations que nous négligeons habituellement, de la solidarité, de la générosité, du partage, de la proximité dans le concret des petites choses. Nous avons besoin les uns des autres et nous avons besoin que les communautés et les sociétés nous aident à prendre soin les uns des autres. »

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Marina Droujinina

Journalisme (Moscou & Bruxelles). Théologie (Bruxelles, IET).

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