« Nous sommes chrétiens parce que nous avons été élus ». C’est ce qu’a affirmé le pape François dans son homélie à la messe de ce jeudi 2 avril 2020, dans la chapelle de la Maison Sainte-Marthe. « Chacun de nous est élu, personne ne choisit d’être chrétien parmi toutes les possibilités que le “marché“ religieux lui offre », a insisté le pape.
Le pape François a commenté plus particulièrement la première lecture, tirée du Livre de la Genèse, lorsque Dieu fait alliance avec Abraham. Après « l’élection » et la « promesse » d’une descendance, « il y a un pas en plus », a fait observer le pape, c’est « l’alliance ». Ainsi, a-t-il expliqué, « l’élection, la promesse et l’alliance sont les trois dimensions de la vie de foi, les trois dimensions de la vie chrétienne ».
« Tu es chrétien si tu dis oui à l’élection que Dieu a faite sur toi, si tu vas derrière les promesses que le Seigneur t’a faites et si tu vis une alliance avec le Seigneur : c’est cela, la vie chrétienne », a résumé le pape, souhaitant à chacun d’avancer « conscient d’être élu, joyeux d’aller vers une promesse et fidèle dans l’accomplissement de l’alliance ».
Voici notre traduction de l’homélie du pape François.
HG
Homélie du pape François
Le Seigneur s’est toujours souvenu de son alliance. Nous l’avons répété dans le psaume responsorial. Le Seigneur n’oublie pas, il n’oublie jamais. Si, il oublie seulement dans un cas, quand il pardonne les péchés. Après avoir pardonné, il perd la mémoire, il ne se souvient pas des péchés. Dans les autres cas, Dieu n’oublie pas. Sa fidélité est mémoire. Sa fidélité à l’égard de son peuple. Sa fidélité à l’égard d’Abraham est la mémoire des promesses qu’il avait faites.
Dieu a élu Abraham pour tracer un chemin. Abraham est un élu, c’était un élu. Dieu l’a élu.
Ensuite, dans cette élection, il lui a promis une hérédité et aujourd’hui, dans le passage du livre de la Genèse, il y a un pas en plus. Quant à toi, mon alliance est avec toi. L’alliance. Une alliance qui lui fait voir sa fécondité à l’infini : tu deviendras le père d’une multitude de nations. L’élection, la promesse et l’alliance sont les trois dimensions de la vie de foi, les trois dimensions de la vie chrétienne. Chacun de nous est élu, personne ne choisit d’être chrétien parmi toutes les possibilités que le « marché » religieux lui offre, chacun est élu. Nous sommes chrétiens parce que nous avons été élus. Dans cette élection, il y a une promesse, il y a une promesse d’espérance, le signe en est la fécondité : « Abraham, tu seras père d’une multitude de nations et… tu seras fécond dans la foi. Ta foi fleurira en œuvres, en œuvres bonnes, en œuvres de fécondité aussi, une foi féconde. Mais tu dois – le troisième pas – observer l’alliance avec moi ».
Et l’alliance est fidélité, être fidèle. Nous avons tous été élus, le Seigneur nous a fait une promesse, maintenant il nous demande une alliance. Une alliance de fidélité. Jésus dit qu’Abraham a exulté de joie en pensant, en voyant son jour, le jour de la grande fécondité, ce fils – Jésus était fils d’Abraham – qui est venu refaire la création, ce qui est plus difficile que de la faire, dit la liturgie – il est venu faire la rédemption de nos péchés, nous libérer. Le chrétien est chrétien non pas pour pouvoir faire voir la foi du baptême : la foi du baptême est une charte. Tu es chrétien si tu dis oui à l’élection que Dieu a faite sur toi, si tu vas derrière les promesses que le Seigneur t’a faites et si tu vis une alliance avec le Seigneur : c’est cela, la vie chrétienne. Les péchés sur ce chemin sont toujours contre ces trois dimensions : ne pas accepter l’élection et « élire » nous-mêmes de nombreuses idoles, tant de choses qui ne sont pas de Dieu ; ne pas accepter l’espérance dans la promesse, aller, regarder de loin les promesses, y compris souvent, comme le dit la Lettre aux Hébreux, en les saluant de loin et faire que nos promesses soient aujourd’hui avec les petites idoles que nous faisons ; et oublier l’alliance, vivre sans alliance, comme si nous étions sans alliance. La fécondité est la joie, cette joie d’Abraham qui vit le jour de Jésus et qui était rempli de joie. C’est là la révélation que nous donne aujourd’hui la Parole de Dieu sur notre existence chrétienne. Qu’elle soit comme celle de notre père : conscient d’être élu, joyeux d’aller vers une promesse et fidèle dans l’accomplissement de l’alliance.
© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat
