« Le pardon est ce qui nous fait grandir… Le pardon est un libérateur. Quand vous pardonnez, vous devenez libre et celui à qui vous pardonnez devient aussi libre. »
C’est ainsi que Isaac Chokki Abilogun, père de famille du Burkina Faso, en Afrique de l’Ouest, résume son expérience en témoignant devant le pape François au cours de la veillée de la Rencontre mondiale des familles, au Croke Park Stadium de Dublin (Irlande), le 25 août 2018.
Dire pardon « c’est difficile », ajoute Ghislain Chokki, 37 ans, fils d’Isaac. « J’ai fui mes parents parce que j’avais trop peur de dire pardon, explique-t-il. J’espère que notre histoire donnera à beaucoup le courage de demander pardon dans leur famille… Ce n’est pas facile. Mais ce chemin est meilleur que l’amertume et la peur. »
Voici notre traduction du témoignage de la famille du Burkina Faso.
MD
Saint-Père, je m’appelle Ghislain Chokki. Voici ma mère, Félicité, et mon père, Isaac. Nous venons du Burkina Faso, en Afrique de l’Ouest. Nous sommes ici aujourd’hui pour vous parler de la puissance de la miséricorde et du pardon dans la famille. Nous vous invitons à regarder cette courte vidéo sur notre histoire.
Isaac Chokki : Je m’appelle Isaac Chokki Abilogun. J’ai travaillé pour une compagnie d’aviation puis, au bout d’un certain nombre d’années, j’ai créé ma propre agence de voyages. Au lieu de vendre l’entreprise, nous avons décidé d’en confier la direction à mon fils aîné, Ghislain. L’entreprise a fait faillite. L’inquiétant, quand il a fait faillite, c’est qu’il ne l’a dit ni à moi ni à sa mère et qu’il a quitté l’entreprise. Il est parti et nous ne savions pas où il était parti.
Félicité Chokki : Cela a été une période très difficile pour moi, comme mère. Ne pas savoir où était notre fils, dans quel pays, dans quelle ville ; ma vie n’était que pleurs et prière ; je ne savais plus quoi faire.
Isaac Chokki : Notre famille était brisée. L’unité, la cohésion et l’harmonie sont très importantes dans une famille et c’est pour cette raison en particulier que nous sommes allés le chercher.
Ghislain Chokki : J’aime beaucoup ma famille, mais je les ai blessés… sans le vouloir… ce n’est pas ce que je voulais… Mon père, je l’aime beaucoup. Mon père, ma mère, je les aime beaucoup et ils m’avaient fait confiance et c’est donc compréhensible que j’aie eu un peu peur de les voir.
Isaac Chokki : Lorsque nous l’avons vu, nous étions à l’aise et le pardon est donc venu naturellement. Le pardon est ce qui nous fait grandir. Plus encore, il y a un plus grand plaisir à pardonner qu’à rester amer. Le pardon est un libérateur. Quand vous pardonnez, vous devenez libre et celui à qui vous pardonnez devient aussi libre.
Félicité Chokki : Peu importe la gravité de l’offense, le pardon intervient. C’est très important dans notre vie à chacun et à tous, dans la vie de toutes les familles.
Ghislain : Saint-Père, vous dites souvent que les trois mots les plus importants dans la famille sont « s’il te plaît », « puis-je » et « pardon ». Je sais que c’est difficile de dire pardon. J’ai fui mes parents parce que j’avais trop peur de dire pardon. J’espère que notre histoire donnera à beaucoup le courage de demander pardon dans leur famille. Je prie pour que de nombreuses familles apprennent aussi à pardonner. Ce n’est pas facile. Mais ce chemin est meilleur que l’amertume et la peur. Merci d’avoir écouté notre histoire.
© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat
Famille du Burkina, Festival des familles, Dublin, Irlande © Vatican Media
Dublin 2018 : "la puissance de la miséricorde et du pardon dans la famille"
Témoignage d’une famille du Burkina Faso