La paix, thème du rassemblement des servants de messe à Rome 2018 © Vatican Media

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Dialogue du pape avec les servants d’autel (traduction complète)

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«La recherche de la paix commence par les petites choses»

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« La recherche de la paix commence par les petites choses » et c’est dans le « mélange d’action et de contemplation », que l’ « on reconnaît aussi le dessein de Dieu sur nous », a répondu le pape François aux jeunes servants d’autel qui l’interrogeaient.

Le pape les a aussi encouragés à « être amis, gratuitement, avec ceux qui sont autour de vous ». Au jeune qui lui demandait pourquoi la foi était importante pour lui, il a répondu : « la foi me fait vivre (…), elle aide à saisir le sens de la vie », avant d’indiquer « un programme simple pour marcher sur la voie vers la sainteté : le commandement de l’amour de Dieu et du prochain ».

Le pape François a rencontré les participants au 12ème Pèlerinage international des servants d’autel, de l’Association Coetus internationalis ministrantium (CIM), qui s’est tenu à Rome du 30 juillet au 3 août 2018. Le thème de la rencontre de cette année s’inspirait du verset 14 du psaume 34 : « Recherche la paix et poursuis-la ! »

Le pape est arrivé sur la Place Saint-Pierre en fin d’après-midi. Après un tour de la place en papamobile parmi les jeunes, suivi des salutations de l’évêque de Zrenjanin (Servie, Mgr Lasislav Nemet, président du CIM, le pape a répondu aux question qui lui ont été adressées par cinq servants d’autel venant du Luxembourg, du Portugal, d’Antigua-et-Barbuda, d’Allemagne et de Serbie.

Cet échange a été suivi d’un moment de prière communautaire présidée par le pape François qui a aussi prononcé une brève homélie, dont nous avons publié une traduction ici, lundi 7 août 2018.

Les plus de 60 000 jeunes, garçons et filles, venaient de 18 pays : Italie, Belgique, France, Croatie, Luxembourg, Autriche, Portugal, Roumanie, Russie, Suisse, Serbie, Slovaquie, République tchèque, Ukraine, Hongrie, États-Unis et Caraïbes comme Antigua-et-Barbuda. Ils étaient accompagnés par Mgr Ladislav Nemet.

C’est d’Allemagne que venait le gros des troupes, environ 50 000 servants de messes, accompagnés par le président de la Commission pour les jeunes de la Conférence épiscopale allemande, Mgr Stefan Oster, S.D.B., évêque de Passau, et par de nombreux autres évêques membres de la Conférence épiscopale.

Voici notre traduction du dialogue avec le pape François.

HG

Dialogue du pape François avec les servants d’autel

Chers servants d’autel, bonsoir !

Cela me donne de la joie de vous voir aussi nombreux ici, sur la Place Saint Pierre, décorée des couleurs de vos drapeaux J’ai aussi eu la joie de vous voir vers midi, avec cette chaleur : vous êtes courageux ! Félicitations ! Vous m’avez remis les signes distinctifs de votre pèlerinage : merci de tout cœur ! Je suis pèlerin avec vous, qui venez de tant de pays du monde. Nous sommes unis dans la foi à Jésus-Christ, nous sommes en chemin avec lui qui est notre paix. Je remercie votre président Mgr Nemet pour les salutations qu’il m’a adressées en votre nom. Il m’a demandé de vous encourager, il a demandé : « Ermutigen Sie sie, Heiliger Vater ! » Je dois vous encourager. C’est pourquoi je vous laisse la place et vous posez vos questions.

  1. Du Luxembourg (zone linguistique française)

Saint-Père, en tant que servants d’autel et aussi comme croyants, nous nous donnons la paix par le signe de la paix pendant la Sainte Messe. Comment pouvons-nous contribuer à faire sortir cette paix également hors des murs de nos églises et ainsi être des bâtisseurs de paix dans nos communautés, dans nos pays, dans nos familles et dans le monde ?

Pape François

Merci ! Tu as très bien dit : la paix et la messe vont ensemble. Avant le signe de la paix, nous demandons au Seigneur de donner la paix et l’unité à la communauté de l’Église. La paix est un don de lui qui nous transforme afin que, comme membres de son corps, nous puissions éprouver les mêmes sentiments que Jésus, nous puissions penser comme il pense – les mêmes sentiments que Jésus et penser comme Jésus pense ! – aimer comme il aime. Et cela donne la paix. Et à la fin de la messe, nous sommes invités par la parole : « Allez dans la paix du Christ », c’est-à-dire : emportez la paix avec vous, pour la donner aux autres, la donner avec votre vie, avec le sourire, avec les œuvres de charité.

L’engagement concret pour la paix est la preuve du fait que nous sommes vraiment disciples de Jésus. La recherche de la paix commence par les petites choses. Par exemple, à la maison, après une dispute entre frères et sœurs, est-ce que je me renferme sur moi-même – c’est une question – en faisant l’offensé, ou est-ce que j’essaie de faire un pas vers l’autre ? Est-ce que je sais faire la paix dans les petits gestes ? Suis-je prêt à me demander en toutes situations : « Que ferait Jésus à ma place ? » Si nous faisons cela, et si nous cherchons à le mettre en pratique avec détermination, nous apporterons la paix du Christ dans la vie de tous les jours et nous serons constructeurs et instruments de paix. Merci.

  1. Du Portugal (zone linguistique portugaise)

Saint-Père, nous sommes servants d’autel, nous servons le Seigneur à l’autel et nous le contemplons dans l’Eucharistie. Comment pouvons-nous vivre la contemplation spirituelle à l’exemple de Marie et le service pratique à l’exemple de Marthe concrètement, en cherchant à reconnaître ce que Jésus veut de nous dans notre vie ?

Pape François

En tant que servants d’autel, en effet, vous faites un peu l’expérience de Marthe et Marie. C’est beau si, au-delà de vos tours de service liturgique, vous savez d’un côté vous engager dans la vie paroissiale et de l’autre rester en silence en présence du Seigneur : les deux. Et ainsi, dans ce mélange d’action et de contemplation, on reconnaît aussi le dessein de Dieu sur nous : on voit quels sont les talents et les intérêts que Dieu met dans notre cœur et comment les développer ; mais surtout, on se met humblement devant Dieu, tel que l’on est : comme nous sommes, sans nous maquiller, sans nous déguiser, tels que nous sommes, devant Dieu, avec nos qualités et nos limites, en lui demandant comment pouvoir mieux le servir, lui et notre prochain. Et n’ayez pas peur de demander un bon conseil quand vous vous demandez comment pouvoir servir Dieu et les personnes qui ont besoin d’aide dans le monde. Souvenez-vous que plus vous donnez aux autres, plus vous vous recevrez vous-mêmes en plénitude et vous serez heureux. Merci.

  1. D’Antigua-et-Barbuda (zone linguistique anglaise)

Saint-Père, en étant servants d’autel, cela nous attriste de voir que peu de nos contemporains participent à la messe et à la vie paroissiale. Dans certains pays, l’Église perd rapidement de nombreux jeunes, pour différentes raisons. Comment pouvons-nous, ainsi que nos communautés, rejoindre ces personnes et les faire revenir au Christ et à la famille de l’Église ?

Pape François

Aujourd’hui, en tant que jeunes, vous pouvez être des apôtres qui savent attirer les autres à Jésus. Cela se produit si vous êtes vous-mêmes pleins d’enthousiasme pour lui, pour Jésus, si vous l’avez rencontré, connu personnellement et si vous avez été, vous les premiers, « conquis » par lui. C’est pourquoi je vous dis : cherchez à connaître et à aimer toujours davantage le Seigneur Jésus – je veux le répéter : chercher à connaître et à aimer toujours davantage le Seigneur Jésus – en le rencontrant dans la prière, à la messe, dans la lecture de l’Évangile, dans le visage des petits et des pauvres. Et cherchez à être amis, gratuitement, avec ceux qui sont autour de vous, pour qu’un rayon de la lumière de Jésus puisse arriver jusqu’à eux à travers votre cœur amoureux de lui.

Très chers jeunes, il n’y a pas besoin de beaucoup de paroles, les faits sont plus importants, la proximité, le service, le regard silencieux devant le Saint-Sacrement. Les jeunes – comme tout le monde, d’ailleurs – ont besoin d’amis qui donnent un bon exemple, qui agissent sans demander, sans rien attendre en échange. Et ainsi, vous faites sentir aussi comme est belle la communauté des croyants parce que le Seigneur habite au milieu d’eux, comme il est beau de faire partie de la famille de l’Église. Merci.

  1. D’Allemagne (zone linguistique allemande)

Saint-Père, beaucoup de gens disent qu’ils n’ont pas besoin de Dieu, de la religion et de l’Église dans leur vie. Pourquoi faudrait-il se décider précisément pour la foi catholique ? Qu’est-ce qui est le plus important. Et pourquoi la foi est-elle si importante pour vous ?

Pape François

La foi est essentielle, la foi me fait vivre. Je dirais que la foi est comme l’air que nous respirons. Nous ne pensons pas à chaque respiration que l’air est nécessaire mais quand il manque ou qu’il n’est pas propre, nous nous rendons compte qu’il est important ! La foi nous aide à saisir le sens de la vie : il y a quelqu’un qui nous aime infiniment, et ce quelqu’un est Dieu. Il nous aime infiniment. Nous pouvons reconnaître Dieu comme notre créateur et sauveur ; aimer Dieu et accueillir notre vie comme un don de sa part. Dieu veut entrer dans une relation vitale avec nous ; il veut créer des relations et nous sommes appelés à en faire autant. Nous ne pouvons pas croire en Dieu et penser que nous sommes fils uniques ! Le seul Fils unique de Dieu est Jésus. Unique parce qu’il est Dieu. Mais parmi les hommes, il n’y a pas de fils uniques de Dieu. Réfléchissez à cela ! Nous sommes tous enfants de Dieu. Nous sommes appelés à former la famille de Dieu, à savoir l’Église, la communauté de frères et sœurs dans le Christ – nous sommes « familiers de Dieu », comme le dit saint Paul (Ép 2,19). Et dans cette famille de l’Église, le Seigneur nourrit ses enfants par sa Parole et ses sacrements. Merci.

  1. De Serbie (zone linguistique hongroise)

Saint-Père, notre service de servants d’autel est beau, nous l’aimons beaucoup. Nous voulons servir le Seigneur et notre prochain. Mais faire le bien n’est pas toujours facile, nous ne sommes pas encore saints. Comment pouvons-nous traduire notre service, dans la vie quotidienne, en œuvres concrètes de charité et en un chemin vers la sainteté ?

Pape François

Oui, cela demande un effort de faire toujours le bien et devenir saint… Tu sais, le chemin de la sainteté n’est pas pour les paresseux : il faut un effort. Je vois que vous, les servants d’autel, vous vous engagez sur ce chemin. Le Seigneur Jésus nous a donné un programme simple pour marcher sur la voie vers la sainteté : le commandement de l’amour de Dieu et du prochain. Nous cherchons à être bien enracinés dans l’amitié avec Dieu, reconnaissants pour son amour et désireux de le servir en tout, et ainsi nous ne pouvons pas faire autrement que partager le don de son amour avec les autres. Et pour concrétiser le commandement de l’amour, Jésus nous a indiqué les œuvres de miséricorde. J’aimerais demander ici si vous connaissez tous les œuvres de miséricorde. Je suis sûr que vos évêques vous les ont enseignées.

Mais vous, vous les connaissez bien, quelles sont les œuvres de miséricorde ? Si vous ne les connaissez pas, comment pouvez-vous les faire ? C’est important : les œuvres de miséricorde. Elles sont une voie exigeante mais à la portée de tous. Pour faire une œuvre de miséricorde, il n’est pas nécessaire d’aller à l’université, d’obtenir un diplôme. Tous, nous pouvons tous faire les œuvres de miséricorde. Elles sont à la portée de tout le monde. Il suffit que chacun de nous commence à se demander : « Que puis-je faire, aujourd’hui, pour aller au devant des besoins de mon prochain ? », de ce prochain : de mes frères, de mon papa, de maman, de mes grands-parents, de mes amis, des pauvres, des malades… mais un, un par jour. Que puis-je faire pour aller au devant des besoins de mon prochain ? Et peu importe si c’est un ami ou un inconnu, un compatriote ou un étranger, c’est mon prochain. Croyez-moi, en agissant ainsi, vous pouvez vraiment devenir des saints, des hommes et des femmes qui transforment le monde en vivant l’amour du Christ. C’est vrai, ce n’est pas facile, cela demande un effort. Mais souvenez-vous, je le dis encore une fois : le chemin vers la sainteté n’est pas pour les paresseux.

Merci pour ce dialogue !

© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat

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Hélène Ginabat

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