Famille vincentienne © L'Osservatore Romano

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Famille vincentienne : "Celui qui aime ne reste pas dans son fauteuil"

Le pape encourage à adorer, accueillir, aller

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« Celui qui aime ne reste pas dans son fauteuil à regarder, en attendant l’avènement d’un monde meilleur, mais avec enthousiasme et simplicité il se lève et il va. » C’est l’encouragement du pape François à la Famille vincentienne, à l’occasion des 400 ans de la fondation du charisme de saint Vincent de Paul (1581-1660).
Plus de 10.000 personnes, originaires d’environ 99 pays et des plus de 200 branches de cette famille, consacrés et laïcs, ont rencontré le pape, lors d’une audience place Saint-Pierre, le 14 octobre 2017.
Dans son discours, le pape les a exhortés à « adorer, accueillir, aller ». « Accueillir, a-t-il notamment expliqué, signifie redimensionner son moi, rajuster sa façon de penser, comprendre que la vie n’est pas ma propriété privée et que le temps ne m’appartient pas. C’est un lent détachement de tout ce qui est mien : mon temps, mon repos, mes droits, mes programmes, mon agenda. Celui qui accueille renonce au moi et fait entrer dans sa vie le tu et le nous. »
Voici notre traduction intégrale des paroles du pape lors de cette rencontre qui s’est ouverte par un tour du pape en papamobile, au milieu de la foule. Près du podium, était exposée une relique du saint français, devant laquelle le pape s’est reccueilli.
Discours du pape François
Chers frères et sœurs, bonjour !
Merci pour votre accueil chaleureux, et merci au Supérieur général d’avoir introduit notre rencontre.
Je vous salue et avec vous je remercie le Seigneur pour les 400 ans de votre charisme. Saint Vincent a généré un élan de charité qui dure dans les siècles : un élan qui est sorti de son cœur. C’est pourquoi aujourd’hui nous avons ici sa relique : le cœur de saint Vincent. Aujourd’hui je voudrais vous encourager à continuer ce chemin, en vous proposant trois simples verbes que je crois très importants pour votre esprit vincentien, mais aussi pour la vie chrétienne en général : adorer, accueillir, aller.
Adorer. Les invitations de saint Vincent à cultiver la vie intérieure et à se dédier à la prière qui purifie et ouvre le cœur sont nombreuses. Pour lui, la prière est essentielle. Elle est la boussole de tous les jours, elle est comme un manuel de vie, elle est – écrivait-il – le « grand livre du prédicateur » : c’est seulement en priant que l’on puise en Dieu l’amour à reverser sur le monde ; c’est seulement en priant que l’on touche les cœurs des personnes lorsqu’on annonce l’Evangile (cf. Lettre à A. Durand, 1658). Mais pour saint Vincent, la prière n’est pas seulement un devoir et encore moins un ensemble de formules. La prière, c’est s’arrêter devant Dieu pour rester avec Lui, pour se dédier simplement à Lui. C’est cela la prière la plus pure, celle qui fait de la place au Seigneur et à sa louange, et à rien d’autre : l’adoration.
Une fois découverte, l’adoration devient incontournable, parce qu’elle est pure intimité avec le Seigneur, qui donne paix et joie, et libère des peines de la vie. C’est pourquoi, à quelqu’un qui était sous une pression particulière, saint Vincent conseillait aussi de rester en prière « sans tension, en se jetant en Dieu avec de simples regards, sans chercher à avoir sa présence par des efforts sensibles, mais en s’abandonnant à Lui » (Lettre à G. Pesnelle, 1659).
Voici l’adoration: se mettre devant le Seigneur, avec respect, avec calme et dans le silence, en Lui donnant la première place, en s’abandonnant, confiants. Pour ensuite lui demander que son Esprit vienne en nous et laisser nos affaires aller à Lui. Ainsi, les personnes dans le besoin, les problèmes urgents, les situations pesantes et difficiles rentrent dans l’adoration, tant et si bien que saint Vincent demandait d’« adorer en Dieu », même les raisons que l’on peine à comprendre et à accepter (cf. Lettre a F. Get, 1659). Qui adore, qui fréquente la source vive de l’amour ne peut qu’en rester, pour ainsi dire, “contaminé”. Et il commence à se comporter avec les autres comme le Seigneur le fait avec Lui: il devient plus miséricordieux, plus compréhensif, plus disponible, il dépasse ses rigidités et s’ouvre aux autres.
Et nous parvenons ainsi au deuxième verbe : accueillir. Quand nous entendons ce mot, nous pensons tout de suite à quelque chose à faire. Mais en réalité, accueillir est une disposition plus profonde : elle n’exige pas seulement de faire de la place à quelqu’un, mais d’être des personnes accueillantes, disponibles, habituées à se donner aux autres. Comme Dieu pour nous, ainsi nous pour les autres. Accueillir signifie redimensionner son moi, rajuster sa façon de penser, comprendre que la vie n’est pas ma propriété privée et que le temps ne m’appartient pas. C’est un lent détachement de tout ce qui est mien : mon temps, mon repos, mes droits, mes programmes, mon agenda. Celui qui accueille renonce au moi et fait entrer dans sa vie le tu et le nous.
Le chrétien accueillant est un vrai homme et une vraie femme d’Eglise, parce que l’Eglise est mère et une mère accueille la vie et l’accompagne. Et comme un enfant ressemble à sa mère, en en portant les traits, ainsi le chrétien porte ces traits de l’Eglise. Alors il est un fils vraiment fidèle de l’Eglise qui est accueillante, qui sans se plaindre crée concorde et communion et avec générosité sème la paix, même si elle n’est pas rendue. Saint Vincent nous aide à valoriser cet “ADN” ecclésial de l’accueil, de la disponibilité, de la communion, pour que dans notre vie « amertume, irritation, colère, éclats de voix ou insultes, (soit) éliminé …, ainsi que toute espèce de méchanceté » (Eph 4,31).
Le dernier verbe est aller. L’amour est dynamique, il sort de lui-même. Celui qui aime ne reste pas dans son fauteuil à regarder, en attendant l’avènement d’un monde meilleur, mais avec enthousiasme et simplicité il se lève et il va. Saint Vincent l’a bien dit : « Notre vocation est donc d’aller, non pas dans une paroisse ni seulement dans un diocèse, mais par toute la terre. Et pour quoi faire ? Pour enflammer le cœur des hommes, en faisant ce que fit le Fils de Dieu, Lui qui est venu apporter le feu dans le monde pour l’enflammer de son amour » (Conférence du 30 mai 1659). Cette vocation est toujours valide pour tout le monde. Elle pose à chacun des questions : “Vais-je à la rencontre des autres, comme le veut le Seigneur ? Est-ce que je porte où je vais ce feu de la charité ou je reste enfermé à me réchauffer devant ma cheminée ?”.
Chers frères et sœurs, je vous remercie parce que vous êtes en mouvement sur les routes du monde, comme saint Vincent vous le demanderait encore aujourd’hui. Je vous souhaite de ne pas vous arrêter, mais de continuer à puiser chaque jour dans l’adoration l’amour de Dieu et à le diffuser dans le monde à travers le bon courage de la charité, de la disponibilité, de la concorde. Je vous bénis tous ainsi que les pauvres que vous rencontrez. Et je vous demande, s’il vous plaît, la charité de ne pas oublier de prier pour moi.
Traduction de Zenit, Anne Kurian

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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